Femmes bahá’íes attaquées en Iran : les autorités multiplient les arrestations et les citations à comparaître

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Selon une nouvelle déclaration de la Communauté internationale bahá'íe (BIC) publiée aujourd'hui, le gouvernement iranien utilise de nouvelles tactiques renforcées et brutales pour persécuter sa minorité religieuse bahá'íe.

PARIS, le 7 mai 2024 – En Iran, ces dernières semaines, la multiplication des attaques contre les femmes bahá’íes s’est traduite par la convocation devant les tribunaux de dizaines de femmes qui risquent des condamnations pénales sans fondement et des années de prison, les séparant de leurs familles et les exposant à la cruauté et à la violence du système judiciaire iranien. Soixante-cinq des 85 bahá’ís convoqués au tribunal ou en prison depuis le début du mois de mars, soit plus des trois quarts, sont des femmes.

Depuis l’an dernier, suite au soulèvement de 2022 en faveur des droits des femmes en Iran, la communauté bahá’íe a connu une augmentation des attaques contre les femmes. Elles représentent actuellement les deux tiers des prisonniers bahá’ís. Un nombre important de bahá’ís, dont des femmes, ont été arrêtés dans les mois qui ont suivi les manifestations, certains étant détenus sans procédure régulière et sans que l’on sache où ils se trouvent.

Dans le contexte plus large du ciblage des femmes en Iran et des défis posés par l’égalité des sexes, cette augmentation spectaculaire des persécutions contre les femmes bahá’íes est une escalade alarmante qui touche un groupe de personnes confrontées à une persécution multiple : en tant que femmes et en tant que bahá’íes, membres de la plus grande minorité religieuse non musulmane d’Iran, systématiquement persécutée depuis la révolution islamique de 1979.

« Les récentes attaques contre les femmes bahá’íes prouvent qu’en tant que femme en Iran, notre histoire est la même, que l’on soit bahá’íe, musulmane, chrétienne, juive, zoroastrienne, de n’importe quelle religion ou sans religion du tout, déclare Simin Fahandej, la représentante de la Communauté internationale bahá’íe (BIC) auprès des Nations unies à Genève. Le gouvernement iranien vous met en prison, vous expulse de l’université, vous licencie et vous persécute pour avoir défendu votre aspiration à vivre pleinement en tant qu’êtres humains égaux, travaillant ensemble et côte à côte avec d’autres pour rendre votre pays meilleur pour tous, indépendamment de votre sexe, de votre origine et de votre religion. »

Cette augmentation des persécutions reflète la tendance plus large de l’escalade des attaques contre les bahá’ís. L’analyse de la BIC pour la période 2021-2023 montre que, depuis 2021, la persécution globale des bahá’ís en Iran a augmenté d’environ 50 % chaque année.

Cette persécution comprend des arrestations, des procès, des peines de prison et des citations à comparaître, des perquisitions, des confiscations de biens, la destruction de cimetières et le refus d’inhumations, des fermetures d’entreprises et le refus de l’accès à l’éducation.

Ces derniers mois, les attaques contre les femmes bahá’íes se sont multipliées. En octobre 2023, dix femmes d’Isfahan, âgées pour la plupart d’une vingtaine ou d’une trentaine d’années, ont été arrêtées. Le même mois, 26 bahá’ís, dont 16 femmes, ont été condamnés à un total de 126 ans de prison, ce qui montre que les femmes de la communauté bahá’íe continuent d’être prises pour cible.

Un mois plus tard, en novembre 2023, six autres femmes bahá’íes d’Ispahan ont été détenues pendant un mois dans le quartier de quarantaine de la prison de Dolat Abad. Les retards délibérés dans les soins médicaux, l’accès limité à l’eau chaude et le refus d’information sur les raisons de leur arrestation ou sur les charges retenues contre elles mettent en évidence l’escalade alarmante des nouvelles tactiques sévères du gouvernement iranien contre la communauté bahá’íe.

Les agents du ministère du Renseignement se sont également engagés dans une campagne orchestrée de coercition et d’intimidation des voisins de certaines de ces bahá’íes afin de les forcer à déposer plainte contre les femmes bahá’íes détenues.

« Le gouvernement iranien a beau se dépenser pour créer des divisions entre ses citoyens en augmentant les persécutions, les discours de haine et en ciblant les femmes. Tous ses efforts sont voués à l’échec. Car il ne peut repousser le vent de l’histoire. Début juin, dans l’Atelier Gustave à Paris, nous invitons la population de la capitale à apprécier des peintures et autres œuvres picturales de divers artistes sur le thème Notre histoire est une, campagne lancée en souvenir de l’exécution de 10 femmes bahá’íes il y a 40 ans et en l’honneur de toutes les femmes qui continuent à payer de leur personne pour la cause de l’égalité des sexes », indique la porte-parole des bahá’ís de France, Hamdam Nadafi. La répression actuelle des femmes iraniennes tout comme le tragique destin des dix femmes bahá’íes de Chiraz sont la démonstration que le profond désir humain de justice, d’unité et d’égalité est irrépressible. Les autorités iraniennes ne peuvent que retarder la réalisation de ces aspirations.

Au début de cette année, la BIC a soumis un rapport à la Mission internationale indépendante d’établissement des faits des Nations unies, chargée d’enquêter sur les violations des droits de l’homme en Iran depuis septembre 2022, dans lequel elle détaille l’impact de ces événements sur la communauté bahá’íe en Iran, en particulier sur les femmes bahá’íes.

Le mois dernier, Human Rights Watch a publié un rapport historique qui a fait la une des journaux pour avoir établi, pour la première fois, que le traitement des bahá’ís par le gouvernement iranien constituait un « crime de persécution contre l’humanité ». Le rapport recommande également que la mission d’enquête des Nations unies concentre une partie de ses investigations en cours sur « l’augmentation du nombre de femmes bahá’íes prises pour cible. »

« Ce récit collectif de lutte et de résilience des femmes bahá’íes et de toutes les femmes iraniennes leur permet de s’unir, de montrer que les efforts pour les diviser échoueront toujours et que lorsqu’un groupe est touché par l’injustice, aucun autre groupe n’est épargné, déclare Mme Fahandej. Le fait que les femmes bahá’íes soient de plus en plus prises pour cible, alors qu’elles sont doublement mises à l’épreuve en tant que femmes et en tant que membres d’un groupe minoritaire, exige une attention et une action mondiales, une solidarité avec les bahá’ís et toutes les femmes iraniennes, qui revendiquent leur droit à vivre dans la dignité et l’égalité dans leur propre pays. Nous appelons la communauté internationale, les gouvernements et les médias à demander au gouvernement iranien de cesser immédiatement sa persécution insensée des bahá’ís, et en particulier des femmes, qui sont devenues la cible privilégiée de cette discrimination, et de respecter le principe universel des droits de l’homme pour tous ses citoyens. »

 

CONTACT PRESSE :
Bureau des affaires extérieures des bahá’ís de France
baebf@bahai.fr

Hamdam Nadafi, Directrice
01 45 00 69 58 / 06 59 73 27 17

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