San Clemente, Californie, États-Unis, publié le 20 juin 2011. Jusqu’à ses derniers instants, les pensées de Valiollah Toosky étaient tournées vers l’Iran, vers ses étudiants et collègues de l’Institut bahá’í d’enseignement supérieur (IBES).
Sa sœur se souvient en particulier que, le dernier jour de sa vie, il avait téléphoné en Iran depuis les États-Unis où il résidait pour un traitement médical. Ce qui lui importait le plus était l’arrestation de ses collègues du corps professoral.
« À midi précis, le tout dernier appel téléphonique qu’il a passé était à destination de ses amis d’Iran, a précisé Bahereh Smith. Sa seule préoccupation était de savoir comment ils pourraient continuer à enseigner à l’IBES. Ce fut sa dernière inquiétude. »
Quelques heures plus tard, M. Toosky, âgé de 55 ans est décédé, après 6 mois de lutte contre un cancer du cerveau.
Il était connu et très aimé pour son dévouement à ses élèves ainsi qu’à l’IBES. Il a été le co-fondateur de cet institut, mis en place en tant qu’initiative communautaire informelle pour fournir un enseignement aux jeunes bahá’ís, officiellement privés d’accès à l’enseignement supérieur. Au moment de sa mort, M. Toosky était un membre de la coordination des départements du génie civil et de l’architecture de l’Institut.
Il n’a donc pas été surprenant de voir plus de 350 personnes rassemblées lors de ses funérailles qui ont eu lieu le week-end dernier au centre bahá’í de San Clemente, pour célébrer la vie d’un homme humble, pour qui le service aux autres était la première priorité.
« Il pensait que l’enseignement est important, a précisé Taraz, le frère de M. Toosky. C’était un bon architecte et une personne de savoir et il a eu l’occasion de rendre ce genre de service ; il était bon dans ce domaine. »
« Il faisait tout ce qu’on lui demandait. Il conduisait, il nettoyait, il enseignait. Sa maison était ouverte pour les cours. Il offrait le repas aux étudiants. Il était ce genre de personne. Il n’affirmait jamais : “Je donne seulement des cours.” Il faisait tout. »
La famille de M. Toosky a reçu des messages de condoléances provenant du monde entier.
À l’annonce de son décès, l’Architects Centre de l’université de Téhéran a qualifié M. Toosky de «cher collègue » et «de personne chèrement aimée».
La Maison universelle de justice, l’institution suprême de la communauté mondiale bahá’íe, a rappelé ses « nombreuses années d’exemplarité et de service constant … face à l’impitoyable oppression… »
Ses efforts, « afin d’éduquer la jeunesse bahá’íe ont laissé un héritage riche et durable pour les générations futures », a écrit la Maison universelle de justice, le 10 juin.
M. Toosky est mort le 31 mai, juste quelques jours après que les autorités iraniennes ont fait des descentes dans plus de 30 domiciles de bahá’ís associés à l’IBES. Douze membres du personnel et de l’équipe pédagogique sont toujours en prison, ce qui porte à près de 100 le nombre total de bahá’ís iraniens derrière les barreaux.
Le ministère de la Science et de la Technologie d’Iran a désormais déclaré illégales toutes les activités de l’IBES, dans une démarche qui tente de légitimer sa persécution des bahá’ís.
Une «source de courage»
« L’expérience de M. Toosky et de sa famille reflète de plusieurs façons les différentes méthodes de persécution auxquelles les 300 000 bahá’ís d’Iran ont été soumis depuis la révolution islamique de 1979 », a affirmé Farhad Sabetan, un porte-parole de la Communauté internationale bahá’íe.
Le beau-père de M. Toosky était le secrétaire de l’Assemblée locale bahá’íe à Téhéran avant d’être enlevé et assassiné en 1980.
Suite à une précédente attaque de l’IBES par le gouvernement iranien en 1998, M. Toosky a été arrêté et interrogé en prison pendant quelques jours.
L’entrée dans l’enseignement supérieur a été interdite à ses trois fils à cause de leurs croyances. L’aîné a réussi l’examen d’entrée avec une note très élevée, mais il n’a jamais été autorisé à suivre les cours ; les deux autres ont aussi passé leurs examens, mais ils ont été néanmoins rejetés du fait de dossiers « incomplets », une tactique courante utilisée par les autorités iraniennes pour bloquer les étudiants bahá’ís.
La sœur de M. Toosky est la femme de Behrouz Tavakkoli, un des sept responsables bahá’ís emprisonnés purgeant actuellement une peine de 20 ans d’emprisonnement basée sur de fausses accusations.
« Bien qu’il ait enduré beaucoup d’épreuves, M. Toosky était une source extraordinaire de courage et de réconfort pour les autres, en particulier pour les prisonniers bahá’ís et les familles des bahá’ís exécutés par les autorités iraniennes », a précisé Farhad Sabetan.
« Il avait un amour immense pour sa terre natale et se languissait d’y retourner pour aider la jeunesse bahá’íe dans son éducation. C’était l’aspect de sa vie qu’il chérissait le plus. »
Dans un hommage à M. Toosky en provenance d’Iran, afin d’être lu à son enterrement, un de ses étudiants a écrit : « Peut être que s’il avait émigré en Occident, il aurait eu un poste prestigieux dans une des universités là-bas et il aurait eu une vie confortable. Peut-être que s’il n’était pas resté ici pour être sujet aux outrages physiques et psychologiques, il aurait été en parfaite santé et serait avec sa famille maintenant.
« Peut-être que s’il ne s’était pas proposé pour faire un grand nombre de tâches stressantes, il n’aurait pas perdu sa santé si rapidement. Il y a un grand nombre d’autres « peut-être » ; cependant, je suis sûr que s’il était parti, il n’aurait pas eu l’occasion de prendre part à un certain nombre de grands services… »
Un autre hommage lu aux funérailles disait : « Vous avez quitté ce monde trop tôt ; si rapidement que nous n’avons pas eu l’occasion de vous remercier de tout ce que vous avez fait pour nous dans cette vie terrestre. Vous nous avez si bien formés que, si nous recevons votre assistance permanente, chacun de nous pourrait avoir la capacité de devenir un autre architecte comme vous, M. Toosky. »
Réactions internationales et communiqués des médias
•La page International Reaction de Bahá’í World News Service est régulièrement mise à jour avec les réactions de gouvernements, d’organisations non-gouvernementales et de personnalités éminentes aux mesures prises contre les bahá’ís d’Iran.
•La page Media Reports présente un résumé de la couverture médiatique mondiale.
•Pour des informations en français, vous pouvez consulter sur ce site officiel des bahá’ís de France le dossier Iran.