NEW YORK, publié le 30 janvier 2012 – La stratégie systématique du gouvernement iranien pour conduire les bahá’ís à la ruine économique ne montre aucun signe de ralentissement.
Selon des rapports reçus par la Communauté internationale bahá’íe , une nouvelle campagne a commencé à Kerman, la principale ville du sud-est de l’Iran.
« Nous avons appris que le l’Office de contrôle des lieux publics refuse le renouvellement des licences aux entreprises appartenant à des bahá’ís de la ville, révoquant même certaines déjà existantes », a déclaré Bani Dugal, la représentante principale de la Communauté internationale bahá’íe aux Nations unies.
« Des professions très diverses sont ciblées, depuis les boutiques de vente et de réparation d’ordinateurs jusqu’aux agents immobiliers. Les bahá’ís impliqués dans la vente d’alliages de fer, d’acier ou d’or perdent leurs licences, de même que les commerces appartenant aux bahá’ís liés aux produits alimentaires, à la santé, aux produits cosmétiques et aux services qui y sont associés, comme les opticiens », a-t-elle ajouté.
Les bahá’ís à Kerman ont également été informés qu’ils ne sont pas autorisés à posséder un nombre important de magasins dans la même rue.
« Les autorités sont même allées jusqu’à révoquer les licences d’associés de bahá’ís, qui ne sont pas eux-mêmes membres de la foi bahá’íe », a précisé Mme Dugal.
Depuis la révolution islamique de 1979, plusieurs milliers de bahá’ís ont perdu leurs emplois ou leurs moyens d’existence. En 1993, l’ONU a divulgué un mémorandum du gouvernement iranien, approuvé par le chef suprême du pays, qui définit explicitement une stratégie pour « enrayer » le « développement de la communauté bahá’íe iranienne ».
« En plus d’empêcher les jeunes bahá’ís d’accéder à l’enseignement supérieur, a ajouté Mme Dugal, il est clair que les autorités continuent de mettre à exécution cette politique avec toute une série d’autres actions. »
« Nous avons reçu les récits d’au moins 60 incidents, au cours des cinq dernières années, visant à freiner les perspectives économiques des bahá’ís », a-t-elle signalé.
Parmi quelques exemples récents :
• Du 2 au 12 janvier 2012, plus de 70 % des entreprises appartenant à des bahá’ís à Sari et à Ghaemshahr (province de Mazandaran), et un certain nombre à Gorgan et à Gonbad (province de Golestan), ont été fouillées afin de trouver un quelconque prétexte pour menacer ou arrêter les bahá’ís. Les autorités ont même fouillé les maisons des bahá’ís qui travaillent chez eux, dans certains cas après avoir fermé leurs magasins depuis plus de deux ans.
• En juillet 2011, le propriétaire bahá’í d’une boutique à Abadan a reçu un avis du syndicat des détaillants et fabricants de bijoux, de montres et de lunettes, lui demandant de rendre sa licence professionnelle et de liquider ses actifs sous 24 heures.
• En juin 2011, un magasin d’optique a été fermé sous le prétexte de transférer la licence dans un nouvel emplacement. Le chef de l’Office de contrôle des lieux publics a indiqué que l’ordre de fermer la boutique avait été émis par les autorités supérieures. Le magasin avait déjà été fermé par les autorités en décembre 2008, ainsi que quatre autres magasins détenus par des bahá’ís à Nazarabad. Mais après une bataille juridique, le propriétaire avait réussi à rouvrir son magasin dans un nouvel emplacement, pour qu’il soit, en fin de compte, fermé à nouveau.
• Fin 2010, à Rafsanjan en Iran, après une vague d’incendies criminels visant une douzaine d’entreprises appartenant à des bahá’ís, une vingtaine de particuliers et d’entreprises ont reçu une lettre d’avertissement exigeant des bahá’ís qu’ils signent un engagement de « s’abstenir de nouer des contacts ou des amitiés avec des musulmans » et d’« employer ou d’embaucher des stagiaires musulmans ».
• Début 2009, dans la ville de Semnan, l’association des syndicats a voté un arrêté stipulant qu’aucun bahá’í ne devrait recevoir de licence commerciale. Suite à quoi, peu après, un certain nombre d’entreprises et de commerces appartenant aux bahá’ís de la ville ont été mis sous scellés ou fermés.
• Dans un exemple d’une autre sorte de pression économique, peu avant d’être renvoyé de son travail, un bahá’í d’Ispahan a demandé à l’organisme de sécurité sociale que lui soit versée la somme qui avait été prélevée de son salaire pour sa retraite. On lui a notifié que sa demande n’avait pas été prise en considération car elle était « non-recevable », étant donné que la raison de la perte de son emploi était son appartenance à « la secte déviante Bahaiste ». La notification précisait que lui et 14 autres personnes avaient été licenciés en raison du caractère illégal de leur embauche à l’origine, et que leurs revendications n’avaient, par conséquent, aucune valeur.
« Le droit international est très clair sur le droit des individus à être libres de travailler et de gagner leur vie, sans discrimination », a indiqué Mme Dugal.
« Le mois dernier, la communauté internationale a voté de manière écrasante à l’ONU pour condamner l’Iran pour ses violations persistantes et récurrentes des droits de l’homme. Assurément, il est temps que l’Iran se rende compte qu’il ne peut pas se permettre plus longtemps d’opprimer ses citoyens en pensant que personne ne s’en apercevra. »