Bruxelles, Belgique, publié le 5 juillet 2011– Lors d’une réunion extraordinaire du Parlement européen, une des avocates des sept responsables bahá’ís iraniens emprisonnés a réclamé, lors d’une plaidoirie passionnée, que justice soit faite.
Mahnaz Parakand a expliqué à l’assemblée que l’attente du peuple d’Iran «est de ne pas être abandonné à lui-même par les gouvernements et les organisations internationales dont la politique de base est le respect de l’humanité et des droits de l’homme».
Toute la population iranienne est «détenue, sous diverses formes d’oppressions et de souffrances, dans une vaste prison appelée la République islamique d’Iran, et est emprisonnée, torturée et exécutée suite à un certain nombre d’allégations», a-t-elle expliqué.
La réunion, qui s’est tenue le 28 juin dans une salle de conférence du Parlement européen, était la première apparition publique de Mme Parakand depuis qu’elle avait dû fuir son pays natal après avoir appris qu’elle allait être arrêtée pour avoir, entre autres cas, soutenu les sept responsables bahá’ís et Nasrin Sotoudeh – elle-même avocate, condamnée à 11 ans de prison pour avoir représenté des militants des droits de l’homme.
Les membres du Parlement européen – rejoints par le personnel de la Commission européenne et du Service européen des affaires extérieures – ont écouté le témoignage détaillé de Mme Parakand concernant le cas des sept bahá’ís et la persécution de plus en plus intense à laquelle leurs coreligionnaires sont confrontés.
«La douleur et la souffrance endurées par les bahá’ís s’ajoutent aux cruautés dont souffre tout le peuple d’Iran», a-t-elle précisé.
Exprimant sa gratitude de pouvoir «parler librement, sans aucune restriction et sans le sentiment d’insécurité et de peur d’être emprisonnée ou torturée», Mme Parakand a confirmé qu’elle se sentait honorée d’être « la voix des martyrs exécutés simplement pour leur croyance» et «de parler à haute voix au nom de ceux qui ont passé un certain nombre d’années en prison et ont été torturés uniquement pour avoir fait entendre leur opinion… »
Elle a ajouté qu’elle parlait aussi au nom de « ceux à qui sont refusés des emplois à des postes gouvernementaux et de ceux qui sont privés d’études supérieures ; de ceux dont les maisons ont été détruites et dont même les cimetières ont été dévastés uniquement à cause de leur croyance ; des personnes qui sont constamment harcelés alors qu’ils mènent des affaires privées, parce qu’ils ont une religion autre que celle des dirigeants du pays».
Faisant allusion aux récentes attaques des autorités iraniennes contre l’Institut bahá’í d’éducation supérieure – une initiative communautaire offrant une éducation supérieure aux jeunes bahá’ís exclus des universités – Mme Parakand a ajouté qu’elle représentait «les personnes qui sont privées d’accès à tout type d’institutions pour l’éducation de leurs enfants, qui sont empêchées d’étudier dans les écoles et les universités publiques.»
«Si de telles institutions existent, elles sont fermées et leurs dirigeants arrêtés et emprisonnés.»
«Je veux parler de ces enfants qui ne sont pas libres d’exprimer leurs croyances, sinon ils sont expulsés de l’école ; je veux parler de ceux qui n’ont pas la liberté de choisir leurs propres amis et dont l’amitié avec des personnes qui ne sont pas bahá’íes est considérée comme étant un enseignement de la foi bahá’íe, les menant à la prison et à la torture.»
Un catalogue d’injustices
Mme Parakand est membre du Centre de défense des droits de l’homme, fondé par la lauréate du prix Nobel, Shirin Ebadi, qui a pris en charge la défense des sept responsables bahá’ís. Lors de la réunion du 28 juin, Mme Parakand a pu fournir le premier compte rendu détaillé de ce qui s’est passé, l’année dernière, derrière les portes closes pendant le procès des sept responsables bahá’ís, exposant une longue liste d’injustices et les manquements à la légalité des décisions de la Cour de justice iranienne.
Il s’agit notamment des arrestations clandestines en 2008 des sept bahá’ís, sans assignation à comparaître, leur détention initiale en cellules d’isolement, sans contact avec leurs familles ; les interrogatoires individuels et leur emprisonnement illégal pendant plus de deux ans sans accès à un conseil légal ; leur procès basé sur des accusations fabriquées de toutes pièces ; et la procédure d’appel qui en a suivi et qui a vu leurs peines de 20 ans réduites à 10 ans, puis rétablies.
«L’acte d’accusation émis à l’encontre de nos clients… consistait plutôt en une déclaration politique qu’en un document légal, a rappelé Mme Parakand. Il s’agissait d’un document de 50 pages… rempli d’accusations et d’humiliations lancées contre la communauté bahá’íe iranienne, particulièrement contre nos clients. Il était rédigé sans fournir aucune preuve des accusations.»
«Un seul acte d’accusation a été établi à l’encontre de l’ensemble des sept responsables… contrairement à toute norme légale, sans spécifier le type d’infraction dont chacun d’eux était accusé.»
Les participants à la rencontre ont été informés du fait qu’avant le procès, durant la détention illégale d’une année et demie, ni Mme Parakand ni ses collègues n’ont été autorisés à rencontrer leurs clients.
«Pendant un mois, nous avons méticuleusement étudié le dossier de plus de 2 000 pages et nous avons examiné en détail chaque page, essayant de découvrir comment et pour quelle raison, quel document, quelle preuve ou quel témoignage, la liberté de sept personnes leur a été retirée de cette manière. Heureusement, nous n’avons pu trouver aucun document ou aucune raison légale prouvant que l’une quelconque de ces accusations émises à l’encontre de nos clients était vraie. »
« Nous avions espéré qu’ils seraient disculpés, car il n’y avait aucune raison pour qu’ils soient condamnés. »
Après avoir pris connaissance du dossier, les avocats ont été autorisés à rencontrer les prisonniers une seule fois. «Cette unique entrevue a été organisée de telle manière que les autorités pénitentiaires la surveillaient et les femmes présentes enregistraient clandestinement notre conversation… Cette façon d’agir violait le droit des clients à décrire librement leurs conditions d’emprisonnement», a expliqué Mme Parakand.
Rappelant le procès, Mme Parakand a évoqué les nombreuses violations des procédures légales et la présence des agents du ministère des Renseignements, destinée à intimider les défenseurs.
«Une des conditions d’un jugement équitable est l’impartialité du juge qui préside, a ajouté Mme Parakand, alors que, dans ce cas, le juge qui présidait… a utilisé le même langage et les mêmes phrases exposés dans l’acte d’accusation tels que « secte perverse bahá’iste ». Ceci démontre clairement son manque d’impartialité et un procès inique basé sur la seule croyance religieuse. »
«Au cours du procès, le juge a souvent interrompu les déclarations des défenseurs sous le prétexte que leurs arguments étaient estimés être de « l’enseignement du bahá’isme ».
«L’injustice infligée à nos clients… reflète l’oppression imposée à tous les bahá’ís vivant en Iran», a ajouté Mme Parakand.
Appel à poursuivre les actions
Mme Parakand a conclu en pressant les gouvernements et les organisations d’exiger de l’Iran la modification de ses lois intérieures discriminatoires contre les minorités intellectuelles et religieuses et de contraindre tous ces pays qui violent les droits de l’homme à respecter précisément la Déclaration universelle des droits de l’homme et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Elle a également appelé l’Union européenne à envoyer un représentant en Iran afin de mener des recherches quant à la situation des sept responsables bahá’ís, «pour améliorer leur situation actuelle illégale et pour prendre les mesures nécessaires pour leur libération immédiate».
La présence de Mme Parakand au Parlement européen est due à l’invitation de Barbara Lochbihler, députée allemande du Parlement et présidente de la délégation parlementaire aux relations avec l’Iran. Mme Lochbihler a assuré Mme Parakand que la situation des droits de l’homme en Iran n’est pas oubliée.
En plus des sept responsables, quelque 90 bahá’ís sont actuellement emprisonnés en Iran, notamment neuf membres du personnel et des enseignants de l’Institut bahá’í d’enseignement supérieur, toujours détenus après les descentes, menées le mois dernier, dans 39 maisons appartenant à des bahá’ís.
Dossier spécial – Le procès des sept responsables bahá’ís
Le Baha’i World News Service a publié un dossier spécial qui comprend des articles et des informations générales concernant les sept responsables bahá’ís iraniens – leur vie, leur emprisonnement, leur procès et leur condamnation, ainsi que les allégations portées contre eux. Il présente également d’autres sources d’informations au sujet de la persécution de la communauté bahá’íe iranienne.
•Ce dossier spécial peut être consulté surhttp://news.bahai.org/human-rights/iran/yaran-special-report/
•Pour des informations en français, vous pouvez consulter sur ce site officiel des bahá’ís de France le dossier Iran.
•La page International Reaction de Bahá’í World News Service est régulièrement mise à jour avec les réactions de gouvernements, d’organisations non-gouvernementales et de personnalités éminentes aux mesures prises contre les bahá’ís d’Iran.
•La page Media Reports présente un résumé de la couverture médiatique mondiale.