New York, publié le 24 octobre 2008 – Un inspecteur iranien, qui a examiné les arrestations (en 2006) d’un groupe de jeunes bahá’ís de Shiraz en Iran, a déposé un rapport confidentiel daté de juin 2008. Ce rapport confirme ce que les bahá’ís n’avaient fait que répéter, à savoir que leurs activités avaient une nature strictement humanitaire sans avoir été accompagnées d’un enseignement “illégal” de la foi bahá’íe.
Le rapport, signé par un “inspecteur et conseiller juridique” nommé Rustami, a été publié le 23 octobre par les “Défenseurs des droits de l’Homme d’Iran”. Il était adressé à “l’estimé représentant du Chef suprême de la province” en précisant qu’il avait été rédigé à sa demande.
Trois des 54 bahá’ís arrêtés avaient plus tard été condamnés à des peines de quatre ans d’emprisonnement ; ils sont toujours incarcérés à Shiraz.
Le rapport indique que non seulement la religion n’avait jamais été mentionnée au cours des activités que ces jeunes organisaient, mais que les jeunes bénéficiaires lui avaient signalé qu’ils souhaitaient poursuivre l’expérience. Ils disaient : “Nous… avons vraiment appris beaucoup de ce groupe et nous aimerions bien qu’il revienne s’occuper de nous”, propos que l’inspecteur a consignés dans son rapport.
Une porte-parole bahá’íe a déclaré que le rapport mettait en évidence l’injustice commise envers les bahá’ís.
“C’est une injustice manifeste que les jeunes bahá’ís de Shiraz continuent à rester en prison alors qu’une enquête interne prouve à suffisance leur innocence malgré la définition tordue de ce qui constitue un crime en Iran”, a déclaré Bani Dugal, représentante principale de la Communauté internationale bahá’íe auprès des Nations unies. “Les mensonges du gouvernement sont indéfendables, a-t-elle ajouté”.
Les arrestations de mai 2006 avaient attiré l’attention des médias internationaux et entraîné l’expression de la préoccupation de nombreux gouvernements.
Le groupe constitué de 54 jeunes bahá’ís et de certains de leurs amis musulmans s’était engagé en 2004 dans une série de projets humanitaires visant à promouvoir l’alphabétisation et les valeurs morales chez des jeunes de milieux défavorisés de Shiraz et de ses environs, ce qui se faisait en général lors de petites classes organisées le vendredi matin dans des quartiers pauvres.
Des membres de ce groupe avaient été ramassés le 19 mai 2006 par des agents du gouvernement. Tandis que leurs collègues musulmans et un des bahá’ís se voyaient relâchés sur le champ, 53 bahá’ís furent alors détenus pendant des périodes allant de quelques jours à plus d’un mois.
Ensuite, à la mi-2007, ils furent condamnés sur base de chefs d’accusation fallacieux qui découlaient apparemment d’accusations les prétendant engagés dans un “enseignement indirect” de la foi bahá’íe, chose considérée comme illégale en Iran malgré les lois internationales qui garantissent la liberté de religion.
Plus tard, en janvier 2008, un porte-parole du gouvernement, qui parlait à des journalistes de l’emprisonnement de trois personnes du groupe, a déclaré qu’ils avaient été engagés dans une “propagande” antigouvernementale.
Le rapport confidentiel, daté du 16 juin 2008 et adressé au représentant du Chef suprême dans la province (de Fars) et à l’Imam Jum’ih de Shiraz, indique cependant que toutes les personnes interviewées pour les besoin de l’enquête avaient déclaré qu’il n’avait été en aucune façon fait mention de la foi bahá’íe pendant les cours, ce qui contredit les affirmations du gouvernement.
L’enquêteur déclare par exemple qu’il a interviewé des jeunes de l’endroit ayant participé aux classes dirigées par des bahá’ís ainsi qu’un colonel de police en retraite et que tous avaient affirmé que les cours étaient de nature strictement éducative.
Le rapport précise encore, citant le colonel de police en retraite nommé Jeddi, que “Dès le début de leurs activités, … ces gens ont organisé des cours charitables et humanitaires de façon hebdomadaire pour aider des préados et des jeunes. Leurs activités comportaient écriture, dessin, enseignement de l’hygiène et des valeurs morales ; il n’y était pas question de sujets religieux ou politiques. Il n’y a jamais été fait mention du bahaïsme et aucun communiqué à ce sujet n’a été transmis”.
L’inspecteur Rustami rapporte aussi qu’il a interviewé huit jeunes parmi ceux qui ont participé aux cours. “Ils ont déclaré que leur groupe avait été engagé dans des activités comme l’enseignement des valeurs morales, le dessin, la calligraphie, le savoir-vivre et qu’aucune discussion n’avait eu lieu sur des sujets politiques, ou en opposition avec des normes religieuses, juridiques ou culturelles”.
Les trois bahá’ís emprisonnés sont Haleh Rouhi, Raha Sabet et Sasan Taqva. En janvier dernier, Amnesty International a lancé une action urgente à leur propos sous-entendant qu’ils étaient des prisonniers d’opinion, détenus uniquement en raison de leurs convictions religieuses.
Madame Dugal a déclaré que cela a toujours été à tort qu’on avait procédé aux arrestations et à l’emprisonnement de bahá’ís car, en tout état de cause, la loi internationale protège le droit d’enseigner sa religion.
“Cependant, dans ce cas précis, aucun ‘enseignement’ n’a été dispensé, a-t-elle précisé, les bahá’ís et leurs collègues musulmans participaient seulement à une action humanitaire en faveur d’enfants et de jeunes de milieu pauvre de leur région via des classes gratuites d’alphabétisation, d’hygiène et de formation aux bonnes valeurs morales.
A cause de cette action, trois bahá’ís sont détenus, ce qui, à la lumière de ce nouveau rapport, est devenu une affaire démontrant une cruauté inadmissible. Une des personnes emprisonnées a même dû rester pendant un certain temps sans traitement médical approprié pour une blessure à la jambe consécutive à un accident de la circulation.
A présent que ce rapport est tombé dans le domaine public, nous espérons que le gouvernement iranien libèrera les trois personnes en les innocentant, tout comme les 50 autres d’ailleurs.
De plus, a encore déclaré Madame Dugal, on pourrait s’attendre à ce que le gouvernement iranien cesse sa campagne en cours qui vise à ternir le nom des bahá’ís iraniens par des accusations du même acabit, forgées de toutes pièces, et de rendre la liberté à d’autres personnes poursuivies pour des faits similaires, telles les sept dirigeants bahá’ís actuellement incarcérés à la prison d’Évin”.
Pour accéder au site web des Défenseurs des droits de l’homme d’Iran (Human Rights Activists of Iran), qui comporte le document original en persan, cliquer sur le lien : http://hrairan.org/Archive_87/1135.html.
Pour plus d’informations : http://www.bahai.fr/iran