New-York, ONU, publié le 27 août 2007 – La Communauté Internationale Bahá’íe a obtenu une copie d’une lettre confidentielle de 2006 du Ministère iranien de la science, de la recherche et de la technologie donnant instruction aux universités iraniennes de renvoyer tout étudiant qui se révèlerait être bahá’í.
Cette lettre décrédibilise totalement les récentes déclarations d’officiels iraniens affirmant que les étudiants bahá’ís d’Iran ne font l’objet d’aucune discrimination. Propos tenus alors même que la moitié des étudiants bahá’ís inscrits l’automne dernier à l’Université, ont été progressivement renvoyés tout au long de l’année universitaire 2006-2007.
Pour Bani Dugal, la principale représentante de la Communauté Internationale Bahá’íe auprès des Nations-Unies : « Ce nouveau document affirme, sans ambiguïté, que les étudiants qui s’avèrent être bahá’ís devraient être exclus des universités dès que leur conviction religieuse est découverte. Cela prouve sans équivoque que, malgré leurs discours officiels, les autorités iraniennes ont toujours l’intention d’empêcher tout développement de la communauté bahá’íe iranienne. »
« A travers cette lettre, corroborée par d’autres documents et rapports récents, transparaît le double jeu auquel se livre l’Iran, prétendant ne pas violer le droit universellement reconnu à l’éducation, alors que dans les faits, le Gouvernement continue à mettre en oeuvre son plan secret visant, à long-terme, à priver de formation universitaire les étudiants bahá’ís. »
Elle ajoute : « Ce dernier développement, ainsi que les nouvelles régulières de harcèlement physique et économique dirigé contre des bahá’ís de tous âges et de toutes les régions du pays, devraient servir à rappeler à toute personne sensible à la problématique des droits de l’homme, qu’en Iran 300 000 membres de la communauté bahá’íe sont toujours gravement menacés. »
Et elle conclut : « Outre les bahá’ís, d’autres étudiants exclus en application de directives prises sur la base de motifs inacceptables, des femmes dont les droits sont violés par des lois discriminatoires, et d’autres victimes d’injustices dans ce pays, ont besoin de soutien international ».
La lettre de 2006 émane du Bureau central de sécurité du Ministère de la science, de la recherche et de la technologie et a été adressée par son directeur général, Asghar Zarei, à 81 universités dans le pays. Estampillée de la marque « Confidentiel » la date exacte de cette lettre est indéchiffrable bien que son contenu soit lisible (voir le document 1).
Cette lettre, signée par Monsieur Zarei stipule que : « Si l’identité d’individus bahá’ís est découverte au moment de leur inscription ou pendant leurs études, ceux-ci doivent être renvoyés de l’université ». Le Ministère de la science, de la recherche et de la technologie contrôle toutes les universités publiques.
Cette instruction contredit totalement les déclarations publiques et privées d’officiels iraniens durant les dernières années. Ceux-ci présentaient le système éducatif comme ouvert aux bahá’ís et exempt de toute pratique discriminatoire.
Début mars, par exemple, des journaux relayaient un communiqué de presse de l’agence Reuters relatant l’exclusion de 70 étudiants bahá’ís des universités iraniennes depuis l’automne 2006.
Dans ce communiqué, un porte-parole anonyme de la mission iranienne auprès des Nations-Unies était cité répliquant : « En Iran, nul n’est exclu des études du fait de sa religion. »
Depuis lors, le nombre d’étudiants exclus est passé à 128, sur les environ 200 inscrits l’automne dernier après plus de 25 ans d’exclusion des étudiants bahá’ís des universités iraniennes.
La lettre de 2006 contient par ailleurs une référence claire au Mémorandum secret Golpaygani de 1991 au sujet des bahá’ís, qui fut révélé au public en 1993 par un officiel des Nations-Unies (Document 5).
Ce Mémorandum de 1991 établit un plan global visant à « bloquer » le développement de la communauté bahá’íe iranienne. Il affirme notamment que les bahá’ís doivent se voir refuser « toute position d’influence » et que tout « emploi doit être refusé à des personnes s’identifiant comme bahá’íes. »
Il est également précisé dans ce document que les bahá’ís « doivent être exclus de l’université, soit pendant la procédure d’inscription, soit au cours de leurs études, dès lors qu’il s’avère qu’ils sont bahá’ís. »
Signé par Hujjatu’l Islam Seyyed Mohammad Golpaygani, secrétaire du Conseil Suprême Culturel Révolutionnaire, le mémorandum a été approuvé par l’Ayatollah Ali Khamenei, le Guide suprême de la République Islamique d’Iran. Il reflète par conséquent la politique du Gouvernement iranien.
« Nombre d’Iraniens ont témoigné leur sympathie et apporté leur soutien à la cause des bahá’ís. Toutefois, ils sont impuissants face à la politique officielle d’oppression des bahá’ís » explique Madame Dugal.
La Communauté Internationale Bahá’íe estime que tant que le Gouvernement iranien n’aura pas abrogé ce document pernicieux, l’espoir de toute justice pour les bahá’ís d’Iran est très mince.
Vous trouverez ci-dessous des documents complémentaires en original persan et en traduction anglaise :
• Une seconde lettre du Ministère aux responsables de l’université Payame Noor, datée du 17 mars 2007, qui donne instruction d' »empêcher l’inscription des candidats bahá’ís » (Document 2)
• Une lettre du 18 mai 2007 d’un service de l’université Guilan au directeur des études, demandant l’expulsion immédiate d’un étudiant bahá’í (Document 4)
• Une lettre du 27 mai 2007, de ce même service à l’étudiant bahá’í en question, lui notifiant son expulsion conformément au mémorandum Golpaygani de 1991 (Document 3)