INDORE, publié le 14 avril 2015 – Environ 90 universitaires, des praticiens du développement et des étudiants se sont réunis le 7 avril pour un séminaire à Indore, pour explorer l’orientation de la planification et des politiques de développement en Inde.
Organisé par la Baha’i Chair for Studies in Development (Chaire bahá’íe pour les études dans le développement) à l’université Devi Ahilya d’Indore, le séminaire, intitulé Applying Spiritual Principles and Scientific Methods to Development Practice (Appliquer des principes spirituels et des méthodes scientifiques à la pratique du développement), a réuni d’éminents penseurs pour explorer la manière dont le développement social et économique dans le pays peut être abordé de manière holistique et ses avantages étendus de façon équitable à toutes les couches de la société.
En préparation au séminaire, les experts ont étudié un document préparé par l’Institute for Studies in Global Prosperity (Institut d’études sur la prospérité mondiale) sur les expériences d’une organisation de développement en Inde, Seva Mandir, qui était la modératrice des débats tout au long de cette journée. Intitulé May Knowledge Grow in our Hearts: Applying Spiritual Principles to Development Practice (La connaissance peut-elle se développer dans nos cœurs : appliquer des principes spirituels à la pratique du développement), le document décrit les efforts de Seva Mandir pour appliquer des principes spirituels et des méthodes scientifiques afin de provoquer une transformation sociale.
Le séminaire a débuté par une cérémonie d’allumage d’une lampe, un acte symbolique signifiant la dissipation des ténèbres de l’ignorance et de la tristesse. Le vice-chancelier de l’université, M. Singh, qui a prononcé le discours inaugural, a donné le ton pour les discussions à suivre en mettant en évidence la nécessité de réorienter les plans et les politiques de développement en les fondant sur une conception non-fragmentée de l’être humain.
Dans le débat qui a suivi, M. Shravan Garg, un journaliste renommé, a noté que l’Inde avait besoin de rassembler les systèmes de connaissance de la science et de la religion afin de forger une voie de développement qui éviterait les dangers du matérialisme et de la consommation à outrance d’une part et du fondamentalisme religieux d’autre part.
Ranjana Sehgal, professeur à l’Indore School of Social Work (École du travail social d’Indore) qui faisait aussi partie du panel, a averti que les conséquences de la poursuite d’un simple développement économique non modéré par le fort héritage spirituel du pays se manifestaient dans la montée de « l’intolérance, la corruption, le terrorisme et la criminalité, en particulier ceux envers les femmes ».
En délibérant sur les principes spirituels qui ont un intérêt particulier pour la pratique du développement, les intervenants ont identifié, comme faisant partie des plus importants, l’unicité de l’humanité et l’interdépendance des êtres humains avec la nature.
« Pour que le développement soit véritablement efficace, il doit transformer les cœurs et, pour transformer les cœurs, nous avons besoin d’un esprit d’amour et d’unité. Le travail du développement s’appuie sur l’unité ; il devrait également la renforcer », a déclaré M. Janak Palta McGilligan, un bahá’í praticien du développement qui a été récemment récompensé par le gouvernement indien par le Padma Shri, l’une des plus hautes distinctions civiles du pays, en reconnaissance de son travail.
Les participants ont également discuté de la relation entre la richesse et le développement et exploré les principes spirituels qui permettent de mieux comprendre les attitudes responsables par rapport à la richesse.
Ganesh Kawadia, directeur de l’École d’économie à l’université, a mentionné que, depuis Adam Smith, le développement a été assimilé à la création de la richesse.
« Le marché a été considéré comme le mécanisme le plus équitable et le plus efficace pour créer cette richesse au profit, à la fois, du vendeur et de l’acheteur », a-t-il expliqué. Il a cependant ajouté que cela ne pouvait être réalisé qu’à la condition d’une concurrence parfaite sur le marché, un critère théorique qui n’a jamais été réalisé dans la pratique.
« Ce que nous voyons donc aujourd’hui, a-t-il précisé, est l’échec du marché. La création de richesses est poursuivie indépendamment de considérations éthiques, provoquant l’exploitation et l’injustice. »
Commentant la poursuite aveugle de la croissance économique, M. Garg a expliqué qu’elle a bouleversé les relations essentielles sur lesquelles repose le sentiment de bien-être de la population.
« Des millions de personnes en Inde retirent un sentiment de bien-être de la culture et de la spiritualité et non de la richesse économique. Leur sentiment de bien-être est enraciné dans leur habitat d’où provient l’ensemble de leur subsistance. Lorsque, au nom du développement économique, les gens sont déplacés de leurs terres et privés de leurs ressources en eau ou de leurs forêts, ils deviennent déplacés non seulement matériellement, mais aussi socialement, émotionnellement et spirituellement. »
Arash Fazli, un collaborateur de la chaire baha’ie, a ajouté que lorsque nous sommes conscients des liens spirituels qui nous lient les uns aux autres ainsi qu’à notre environnement, les actions individuelles menées uniquement dans un intérêt propre pour maximiser le gain personnel n’ont plus de sens.
« Le développement en vient à être considéré comme une entreprise collective dans laquelle nous cherchons notre propre bien-être au service du bien-être de tous. Un esprit altruiste du service devient notre motivation », a déclaré M. Fazli.
Bien que les panélistes aient reconnu que l’objectif de tracer une voie alternative de développement qui rassemblerait la science et la religion semblet ardu, il y avait un consensus parmi les intervenants. Les délibérations de cette nature impliquant un nombre toujours plus grand de citoyens concernés étaient urgentes et vitales.
« Les processus de mondialisation adoptent ce modèle matérialiste du développement, pays après pays, a déclaré M. Garg. Nous devons trouver un modèle de développement qui est fidèle à notre philosophie, mais également fondé sur la science. Nous devons nous ouvrir au monde et en obtenir le meilleur sans perdre ce que nous avons qui est bien. »
Commentant le séminaire, Mme Shirin Mahalati, présidente de la chaire bahá’íe, a observé que pour les étudiants et les professeurs qui y ont participé, l’événement a été l’occasion de réfléchir sur les moyens de surmonter les limites des modèles matérialistes de développement par une appréciation du rôle que les principes spirituels et les méthodes scientifiques jouent dans le progrès de la civilisation.