Genève, publié le 13 septembre 2010 – Un comité d’experts des Nations unies a exprimé ses préoccupations à propos de la répression ininterrompue des minorités ethniques et religieuses en Iran, y compris des membres de la foi bahá’íe.
Dans ses conclusions publiées récemment, le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale (CEDR) pose la question de savoir pourquoi les minorités iraniennes – telles que les Arabes, les Azéris, les Baloutches, les Kurdes et les bahá’ís – sont si peu représentées dans la vie publique iranienne.
La Communauté internationale bahá’íe s’est réjouie de la décision du comité de considérer la persécution des bahá’ís iraniens comme une discrimination basée sur la race, l’origine ethnique ou la religion.
« Ce constat est important car il s’agit de l’opinion d’un groupe d’experts internationaux en ce qui concerne les discriminations – certains appartenant à des pays amis de l’Iran », a expliqué Diane Ala’i, représentante de la Communauté internationale bahá’íe aux Nations unies à Genève.
« En tant que telles, leurs critiques de l’Iran, même si elles sont présentées en termes diplomatiques, permettent de penser que la communauté mondiale ne restera pas aveugle à la persécution continue des bahá’ís en Iran – minorité religieuse non-musulmane la plus importante de ce pays – ni, pour la même raison, à la violation des droits de l’homme de citoyens appartenant à cette nation. »
Préoccupations du comité
Dans ses conclusions au sujet des bahá’ís et des autres groupes minoritaires, le CEDR invite fermement l’Iran à « réaliser une étude concernant les membres de ces communautés qui permettrait à l’État d’identifier leurs besoins particuliers et de dresser des plans efficaces d’actions, de programmes et de politique publique ayant pour objectif le combat contre la discrimination raciale et les handicaps ayant trait à tous les domaines de la vie publique de ces communautés ».
Ces recommandations font suite à des échanges, datés des 4 et 5 août, entre le comité et une délégation iranienne chargée de la défense des dossiers concernant les droits de l’homme.
Les membres du comité semblent assez sceptiques quant aux efforts entrepris par l’Iran en vue de satisfaire aux exigences de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Il en est de même des observateurs, dont un certain nombre venus de pays qui ont généralement des relations amicales avec l’Iran comme le Brésil, l’Inde et la Turquie.
Communiqués des associations des droits de l’homme
Différents communiqués proposés par les associations des droits de l’homme sont plus critiques, montrant que, depuis 2005, les bahá’ís subissent une forte augmentation d’arrestations arbitraires et d’emprisonnements, de destruction de leurs propriétés, ainsi que le déni de leurs droits à l’éducation, à l’emploi et à la participation à la vie sociale.
« Depuis le début de 2010, de nombreux bahá’ís ont été condamnés à des peines d’emprisonnement », ont précisé la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), la Ligue iranienne de défense des droits de l’homme (LIDH) et le Centre des défenseurs des droits de l’homme (DCDH) dans un rapport en annexe.
Amnesty international note que « des articles malveillants et d’autres annonces » apparaissent fréquemment dans la presse contrôlée par l’État. « De telles pratiques concernent particulièrement la communauté bahá’íe. »
Ce n’est pas la première fois que le comité évoque le traitement réservé aux bahá’ís en Iran. Dans des observations similaires publiées en 2003, le comité notait avec inquiétude « la discrimination signalée dont sont l’objet certaines minorités, dont les bahá’ís qui sont privés de certains de leurs droits » qui « semble être d’origine à la fois ethnique et religieuse ».
En 2003, le comité avait recommandé à l’Iran de « s’assurer que tout individu jouisse de ses droits de liberté de pensée, de conscience et de religion, sans aucune discrimination basée sur la race, la couleur, l’ascendance, ou l’origine nationale ou ethnique ». De plus, l’Iran devait autoriser « les étudiants d’origines différentes à s’inscrire à l’université sans être obligés de déclarer leur religion ».
Mme Ala’i a remarqué que, bien que la première préoccupation du comité soit la discrimination raciale, les Nations unies considère que cette ordonnance concerne largement toutes les formes de discrimination, y compris la discrimination religieuse.
« Les membres de la foi bahá’íe sont d’origines ethniques variées, mais le fait que le comité a identifié la forte discrimination religieuse à l’encontre de la communauté bahá’íe iranienne comme un élément qui mérite examen, fait apparaître sous un angle nouveau l’ampleur de l’oppression subie, aujourd’hui, par les bahá’ís et d’autres minorités iraniennes », a ajouté Diane Ala’i, représentante de la Communauté internationale bahá’íe aux Nations unies à Genève.
« De plus, l’ensemble des questions approfondies lors de la session de dialogue avec l’Iran a clairement démontré le scepticisme avec lequel la communauté internationale considère les efforts de l’Iran pour défendre ce qui est, d’autre part, indéfendable en termes de violation des droits de l’homme. »
Pour plus d’informations sur la situation en Iran : http://www.bahai.fr/iran