NEW YORK, le 6 juin 2014 – Partout dans le monde, des responsables gouvernementaux, des médias et des militants des droits de l’homme ont de nouveau élevé la voix pour protester contre le maintien en détention des sept responsables bahá’ís iraniens.
Ce tollé se manifeste au sixième anniversaire de leur emprisonnement injustifié. Six des sept bahá’ís ont été arrêtés le 14 mai 2008, et tous purgent désormais des peines de 20 ans, actuellement les plus longues condamnations pour des prisonniers d’opinion en Iran.
Probablement que la commémoration la plus spectaculaire de leur arrestation et de leur emprisonnement a eu lieu le 12 mai à Téhéran, quand une dizaine de militants des droits de l’homme, des journalistes et un chef religieux se sont réunis avec des bahá’ís dans une résidence privée.
Présentés ensemble sur une émouvante photographie, largement diffusée sur le net, ce groupe comprenait les avocats des droits de l’homme Nasrin Sotoudeh et Nargess Mohammadi ; Masumeh Dehghan, une militante et l’épouse de Abdolfatah Soltani, un avocat des droits de l’homme emprisonné ; Muhammad Maleki, le premier directeur de l’université de Téhéran après la Révolution islamique ; Jila Baniyaghoob, Issa Saharkhiz et Muhammad Nourizad, des journalistes très en vue qui ont également passé du temps en prison ; et l’ayatollah Abdol-Hamid Masoumi-Tehrani, un haut dignitaire musulman qui a récemment lancé un appel pour la coexistence religieuse avec les bahá’ís.
En dehors d’Iran, des célébrations, des commémorations ou d’autres événements ont eu lieu, parmi d’autres pays, au Brésil, en Afrique du Sud, au Royaume-Uni et aux États-Unis.
Ces événements coïncident avec la sortie d’un important nouveau film documentaire sur la persécution des bahá’ís iraniens, To Light a Candle (Allumer une Bougie), produit par le célèbre cinéaste et journaliste Maziar Bahari.
Le nombre d’éditoriaux et de commentaires très médiatisés a également été remarquable. Ceux-ci ont été publiés dans les principales publications de presse, y compris The Wall Street Journal, le Guardian, le National Post et The Huffington Post. Un certain nombre de commentaires ont aussi été publiés dans les médias de langue persane. Pratiquement tous ont appelé à la libération des sept bahá’ís.
« Alors que l’anniversaire de la victoire présidentielle de Hassan Rouhani approche en Iran, le dossier des droits de l’homme de la République islamique, en particulier sa manière de traiter les minorités religieuses, demeure épouvantable », ont écrit Robert George et Katrina Lantos Swett dans The Wall Street Journal, le 19 mai 2014. « C’est particulièrement vrai en ce qui concerne les bahá’ís, la plus grande minorité religieuse non musulmane d’Iran. »
Écrivant pour le Guardian’s Tehran Bureau le 19 mai, Ramin Ahmadi a déclaré que le sort des sept bahá’ís – et de tous les bahá’ís iraniens – est « le sort de tous les Iraniens qui ne se conforment pas, d’une manière ou d’une autre ».
«Leur liberté religieuse, leurs droits de l’homme sont une condition préalable essentielle pour notre liberté, nos droits de l’homme », a écrit M. Ahmadi, co-fondateur du Iran Human Rights Documentation Center (Centre de documentation des droits de l’homme en Iran).
M. George et M. Swett, qui siègent tous deux à la Commission on International Religious Freedom (Commission pour la liberté religieuse internationale) des États-Unis, ont écrit : « Comme pour les cas des pasteurs chrétiens emprisonnés, tels que Saeed Abedini et Farshid Fathi, le régime de Téhéran ne montre aucun signe de vouloir libérer ceux qui sont dénommés les Sept bahá’ís – les responsables bahá’ís emprisonnés sur de fausses accusations, allant de l’espionnage à « propagation de la corruption sur terre » – ni d’arrêter la persécution de la population bahá’íe, qui compte plus de 300 000 membres ».
Irwin Cotler, écrivant dans le Canada’s National Post, a également utilisé l’occasion du sixième anniversaire de l’arrestation des sept bahá’ís pour attirer, de façon générale, l’attention sur les violations des droits de l’homme en Iran.
Il a appelé les peines de 20 ans de prison « une quasi condamnation à mort pour certains d’entre eux, compte tenu de leur âge avancé », ajoutant que « le régime iranien a fait de la pratique et même de l’appartenance à la religion bahá’íe un crime en soi ». M. Cotler est un ancien ministre de la Justice et procureur général du Canada.
Des hauts fonctionnaires ont également exprimé leur préoccupation.
Au Royaume-Uni, le Foreign Office a publié un communiqué de presse le 14 mai 2014 demandant la libération des sept bahá’ís.
« Il y a six ans aujourd’hui, sept responsables de la foi bahá’íe en Iran ont été emprisonnés, pendant 20 ans chacun, pour avoir pratiqué leur religion », a déclaré Hugh Robertson, ministre d’État pour le Moyen-Orient. « Je demande aux autorités iraniennes de les libérer de toute urgence. J’ai également été profondément préoccupé en prenant connaissance des récents rapports sur la profanation d’un cimetière bahá’í à Chiraz, où environ 950 bahá’ís sont enterrés. »
Au Canada, Andrew Bennett, l’ambassadeur pour Religious Freedom (la Liberté religieuse), a publié une déclaration le 14 mai, faisant état du sixième anniversaire de l’arrestation des sept responsables bahá’ís et exprimant la tristesse que « la situation des minorités religieuses en Iran reste désastreuse, avec rien d’autre à faire valoir que les promesses vides du président Rouhani ».
« Les bahá’ís, les chrétiens, les derviches et les musulmans sunnites d’Iran continuent à être victimes de harcèlement, d’arrestation arbitraire, d’emprisonnement et de mauvais traitements par les autorités iraniennes pour avoir pratiqué leur foi et pour leur participation au sein de leurs communautés religieuses », a déclaré M. Bennett.
D’autres ont commémoré, de différentes façons, le sixième anniversaire de l’arrestation des sept responsables bahá’ís.
Aux États-Unis, le documentaire récemment sorti, To Light a Candle (Allumer une bougie), produit et réalisé par l’ancien correspondant de Newsweek Téhéran, Maziar Bahari, a été, au mois de mai, présenté en première dans une demi-douzaine de villes d’Amérique du Nord, dont Los Angeles, New York, Toronto et Chicago.
Écrivant dans The Huffington Post, le journaliste Omid Memarian a appelé le film « un tournant décisif concernant la situation des bahá’ís en Iran.
« Il dévoile des décennies de répression, de persécution et d’intimidation contre une communauté pacifique d’Iraniens dont les vies ont été dramatiquement détruites par l’intolérance religieuse de la classe dirigeante iranienne », a écrit M. Memarian.
Toujours aux États-Unis, quatre membres du Congrès ont rédigé une lettre au président Barack Obama à propos de la détérioration des droits de l’homme en Iran. La lettre, qui consacre un paragraphe à la situation des sept prisonniers bahá’ís, circule actuellement au Congrès, gagnant des signataires supplémentaires.
De plus, treize organisations confessionnelles aux États-Unis, y compris le American Jewish Committee (Comité des juifs américains), l’American Islamic Congress, la Anti-Defamation League (Ligue anti-diffamation), Baptist World Alliance (l’Alliance baptiste mondiale) et la Hindu American Foundation, ont envoyé une lettre au secrétaire d’État des États-Unis John Kerry, en disant que le traitement infligé aux sept responsables bahá’ís est « emblématique de la détérioration de la situation des droits de l’homme en Iran ».
« Nous sommes profondément préoccupés par la liberté religieuse et les droits de l’homme en Iran, affirme la lettre. Nous vous demandons d’exiger la libération des [sept] et de tous les prisonniers d’opinion en Iran, et de parler en faveur des droits fondamentaux de tous les citoyens d’Iran. »
Au Brésil, des représentants de la communauté bahá’íe, du National Council of Christian Churche (Conseil national des Églises chrétiennes), de la Brazilian Spiritualist Federation (Fédération spirite brésilienne) et de la United Religions Initiative se sont réunis pour prier devant le bâtiment du congrès brésilien.
Ils ont été rejoints par la sénatrice Ana Rita, présidente de la Commission des droits de l’homme du sénat brésilien, qui a demandé la libération immédiate des sept responsables bahá’ís et l’arrêt de la persécution des bahá’ís iraniens. Le même jour, le sénateur Eduardo Suplicy a pris la parole lors de la session plénière du sénat brésilien et a parlé en faveur des sept bahá’ís.
En Afrique du Sud, SAFM, la plus grande station de radio du pays, a réalisé un programme de 30 minutes le 15 mai qui portait entièrement sur la persécution systématique et continue des bahá’ís en Iran.
Les sept responsables bahá’ís formaient l’ensemble des membres du groupe aujourd’hui dissout, connu sous le nom « Yaran » (Amis en iranien), qui œuvrait, avec la connaissance explicite du gouvernement, pour satisfaire aux besoins spirituels et sociaux des 300 000 membres de la communauté bahá’íe de ce pays.
Le 14 mai 2008, dans une série de rafles au petit matin à Téhéran, six d’entre eux ont été arrêtés : Fariba Kamalabadi, Jamaloddin Khanjani, Afif Naeimi, Saeid Rezaie, Behrouz Tavakkoli et Vahid Tizfahm. Un septième membre du groupe, Mahvash Sabet, avait été arrêtée deux mois plus tôt, le 5 mars 2008.
Par la suite, les sept responsables ont été soumis à une procédure judiciaire entièrement bâclée. Au cours de leur première année de détention, ils n’ont pas été informés des accusations portées contre eux et ils n’avaient pratiquement pas accès à des avocats. Leur procès, mené sur une période de plusieurs mois en 2010 avec un total de seulement six jours d’audience, a été illégalement fermé au public, démontrant la partialité extrême de la part des procureurs et des juges, et il était fondé sur des preuves inexistantes.
« L’acte d’accusation qui a été délivré contre nos clients… était plus une déclaration politique qu’un document juridique, a déclaré un de leurs avocats, Mahnaz Parakand. C’était un document de 50 pages… plein d’accusations et d’humiliations portées contre la communauté bahá’íe d’Iran, en particulier contre nos clients. Il a été écrit sans produire aucune preuve soutenant les allégations. »
Aujourd’hui, les sept responsables bahá’ís endurent des conditions difficiles dans deux des prisons les plus tristement célèbres d’Iran. Les cinq hommes sont incarcérés à la prison de Gohardasht à Karaj et les deux femmes restent à la prison d’Evin de Téhéran. Ils sont tous dans des quartiers spéciaux pour les prisonniers de conscience, où ils font face à des restrictions supplémentaires et à une surveillance renforcée.