WASHINGTON, 8 août 2012 – Dans un rapport publié le lundi 30 juillet dernier, les États-Unis dépeignent, documents à l’appui, un sombre tableau de la liberté religieuse en Iran. Ce rapport démontre la façon dont le gouvernement opprime les croyants de pratiquement toutes les minorités religieuses du pays en restreignant leurs activités religieuses, en limitant leurs perspectives économiques et en les emprisonnant quand ils parlent de leurs croyances à d’autres personnes.
« La rhétorique et les actions du gouvernement ont créé une atmosphère menaçante pour presque tous les groupes religieux non chiites et notamment pour les bahá’ís, ainsi que pour les musulmans soufis, les chrétiens évangélistes, les juifs et les groupes chiites qui ne partagent pas les vues officielles du gouvernement sur la religion », a affirmé dans sa section sur l’Iran, le rapport annuel de 2011 du département d’État américain sur la liberté religieuse internationale.
« Les groupes bahá’ís et chrétiens ont fait état d’arrestations arbitraires, de détentions prolongées et de confiscations de propriétés. Durant cette année, la presse audiovisuelle et écrite, contrôlée par le gouvernement, a intensifié ses campagnes négatives à l’égard des minorités religieuses, et en particulier à l’égard des bahá’ís. »
« Toutes les minorités religieuses ont plus ou moins souffert de la discrimination autorisée officiellement, en particulier dans les domaines de l’emploi, de l’éducation et du logement. Les bahá’ís ont continué de se voir expulsés des universités ou de s’en voir refuser l’accès », peut-on encore lire dans le rapport.
Publié tous les ans depuis 2001, ce rapport analyse l’état de la liberté religieuse dans le monde en s’intéressant aux progrès et aux régressions dans tous les pays en dehors des États-Unis.
Cette année, le rapport a accordé une attention particulière à l’impact des transitions politiques et démographiques sur les minorités religieuses, aux effets des conflits sur la liberté religieuse, et à « la vague grandissante d’antisémitisme ».
« Chacun a le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion », a déclaré la secrétaire d’État Hillary Clinton, alors qu’elle présentait le rapport lors d’une conférence de presse à la Fondation Carnegie pour la paix internationale.
« Ce droit comprend la liberté de changer de religion ou de croyance ainsi que la liberté de manifester sa religion seul ou en communauté, en public ou en privé, par le biais de l’enseignement, de la pratique, de l’adoration et de l’observance », a-t-elle ajouté.
Suzan Johnson Cook, l’ambassadrice itinérante américaine pour la liberté religieuse internationale, a exposé que la liberté de religion n’est pas seulement un droit américain, mais le droit de tous les peuples.
« Cette liberté va de pair avec la liberté d’expression, la liberté de parole et de réunion, et quand la liberté religieuse est restreinte, tous ces droits sont menacés, a déclaré l’ambassadrice. C’est pourquoi la liberté religieuse est souvent le baromètre des autres droits de l’homme, son indicateur. »
La section sur l’Iran était particulièrement critique, affirmant que le « respect et la protection du gouvernement concernant le droit à la liberté religieuse continuaient de se dégrader ».
« Le système légal encourage les abus et la discrimination religieuse », affirme le rapport, notant que « la constitution ainsi que d’autres lois et règlements limitent de façon drastique la liberté religieuse. »
Le rapport a cherché à fournir les preuves de tels abus et il a découvert que pratiquement tous les groupes religieux, hormis la majorité musulmane chiite, devaient faire face à la discrimination.
« Le harcèlement et l’arrestation de soufis ont aussi continué pendant cette année », a indiqué le rapport, précisant que quelque 60 soufis avaient été arrêtés en septembre après des affrontements avec les forces de sécurité.
Les chrétiens ont aussi été confrontés à une discrimination continue. L’année dernière, le gouvernement a confisqué environ 6 500 bibles chrétiennes et il continue de maintenir en détention le pasteur chrétien Youcef Nadarkhani, condamné à mort pour apostasie.
« Les zoroastriens ont également témoigné de détentions et de harcèlement », peut-on encore lire, avec la description de l’arrestation en octobre dernier de Yashin Jamshidi, un zoroastrien de Karaj.
La situation des bahá’ís tout particulièrement mentionnée
La situation des 300 000 membres de la communauté bahá’íe d’Iran a été clairement mise en évidence tout au long des pages du rapport. Notamment, il est fait état de la façon dont les bahá’ís se voient refuser l’accès aux universités d’État, sont exclus du système des retraites et sont interdits de « rassemblements officiels ou du maintien d’institutions administratives ».
Il a également affirmé clairement que les bahá’ís sont persécutés à cause de leurs croyances religieuses.
« Le gouvernement a arrêté des bahá’ís de façon arbitraire et les a accusés de violer les articles 500 et 698 du code pénal islamique, respectivement relatifs aux activités contre l’État et à la propagation de mensonges », est-il rapporté, précisant que 95 bahá’ís étaient emprisonnés et que, fin 2011, 416 autres avaient des procès en cours dans le système judiciaire.
« Souvent, les charges n’étaient pas abandonnées après leur libération, et ceux ayant toujours des charges en instance contre eux craignaient d’être arrêtés à tout moment. La plupart ont été libérés seulement après avoir payé une amende importante ou avoir déposé une grosse caution. Pour certains, la caution a consisté en leurs titres de propriété ; d’autres ont obtenu leur libération en échange du cautionnement personnel d’un « tuteur », assurant que l’accusé se présenterait au tribunal, ou contre la cession d’un permis de travail. »
« Il a été rapporté que des hauts fonctionnaires ont proposé aux bahá’ís d’alléger leurs mauvais traitements en échange du reniement à leur appartenance religieuse et, quand ils étaient incarcérés, l’abjuration de leur appartenance religieuse était une condition sine qua none à leur libération. »
Le rapport a indiqué que « dans nombre de villes, des cimetières bahá’ís ont été profanés par des personnes non spécifiées et que le gouvernement n’avait pas cherché à identifier ou à punir les auteurs ».
Il a aussi rapporté que les bahá’ís et leurs propriétés ont fait l’objet d’incendies criminels. « Dans tous les cas, la police a déclaré que rien ne pouvait être fait pour trouver les auteurs. »
Les bahá’ís ont aussi « connu une escalade du harcèlement personnel, notamment la réception de lettres de menace, de CD, de textos et de tracts ».
Le rapport a également fait mention des actions du département d’État, menées l’année dernière, pour soutenir les bahá’ís iraniens, soulignant que les porte-parole du département avaient qualifié de « sans précédent » la re-condamnation à une longue peine de 20 ans de réclusion des sept responsables bahá’ís) emprisonnés, et qu’ils avaient aussi critiqué, l’année dernière, « l’absence de procédure régulière » dans cette condamnation, disant qu’il s’agissait d’une violation des engagements de l’Iran au regard du droit international.