Communiqué des bahá’ís de France
Paris, le 17 février 2011 – Les sept responsables bahá’ís emprisonnés ont été transférés dans une section plus dure de leur complexe carcéral. Mme Kamalabadi a été transférée à la section 200 le samedi 12 février, avec Mahvash Sabet.
Dans le cas des deux femmes, les circonstances de leur transfert soulèvent des inquiétudes car celui-ci semblerait avoir été orchestré comme un moyen de créer un environnement d’insécurité menaçant leur vie. Fariba Kamalabadi a déjà été menacée physiquement par des détenues depuis qu’elle a rejoint la tristement célèbre section 200 de la prison de Gohardasht.
« Il semblerait que l’ambiance est extrêmement tendue dans cette section et qu’il y a beaucoup de tension et d’animosité entre les prisonnières », explique Bani Dugal, la représentante principale de la Communauté internationale bahá’íe aux Nations unies.
« Il est difficile de connaître avec certitude les raisons de leur transfert. Nous pensons cependant que, depuis leur arrivée à Gohardasht, les femmes bahá’íes – malgré leur situation très difficile – ont été une source constante de réconfort et d’espoir pour les autres détenues. Les autorités de la prison semblent s’être alarmées des signes de respect qu’elles commençaient à recevoir d’un nombre grandissant de prisonnières. Pour justifier le traitement de plus en plus dur, les autorités les accusent d’enseigner la foi bahá’íe. Au cours de tout leur emprisonnement, les deux femmes ont conservé leur esprit de service aux autres. Au début de 2009, par exemple, elles ont partagé une cellule à la prison d’Évin avec la journaliste irano-japonaise et américaine Roxana Sabéri qui a écrit plus tard qu’elles l’avaient aidée pendant son épreuve. »
La semaine dernière, une directive générale a été transmise à toutes les détenues leur demandant de n’avoir aucun contact avec les deux femmes bahá’íes. On a expliqué à Mme Kamalabadi et à Mme Sabet que, avant leur transfert, les détenues de la section 200 avaient été « averties » à leur sujet. Après leur transfert, un certain nombre de prisonnières sont descendues leur rendre visite dans leurs nouveaux quartiers, malgré les efforts des gardiens pour les en empêcher.
Conditions dures et insalubres
Les sept responsables bahá’ís ont été envoyés à la prison de Gohardasht, à 20 km à l’ouest de Téhéran en août de l’année dernière. D’abord incarcérés sans charges à la prison d’Évin à Téhéran pendant 20 mois, ils ont été accusés, parmi d’autres allégations, d’espionnage et de création d’une administration illégale. Toutes les accusations ont été niées. Après un court procès, ils ont été condamnés à 10 ans de prison.
Bien que Gohardasht soit connue pour ses conditions dures et insalubres, les prisonniers bahá’ís étaient tenus à l’écart de certains des plus violents éléments du complexe. Ils avaient aussi assez souvent accès aux cours d’exercice extérieures. Mais au cours de ces dernières semaines, tous les sept ont été transférés du quartier qu’ils occupaient jusque-là vers des sections où les conditions sont bien pires. Il y a trois semaines, les cinq hommes ont été transférés dans une aile réservée aux prisonniers politiques, la section 4, surpeuplée et qui serait sous étroite surveillance. Ils souffrent aujourd’hui de carences physiques sévères.
« Trois d’entre eux sont ensemble dans une cellule, et les deux autres en partagent une autre. Il n’y a que deux lits dans chaque cellule, donc l’un d’entre eux doit dormir sur le sol », explique Mme Dugal. « Dans cette partie de la prison, les détenus sont autorisés à sortir uniquement à des heures prévues alors que, précédemment, ils pouvaient le faire quand ils le voulaient. »
Appel aux gouvernements
« Nous continuons à faire appel aux gouvernements et aux personnes de bonne volonté, partout dans le monde », déclare Sophie Ménard, porte-parole des bahá’ís de France, « afin qu’ils prennent des initiatives quelles qu’elles soient qui puissent faire pression sur le gouvernement iranien, qu’il comprenne que ses actes sont observés et qu’il est responsable de la sécurité de ces personnes et des 50 autres bahá’ís emprisonnés en Iran. »
« Nous disons une fois de plus au gouvernement iranien : pensez-vous que de telles conditions imposées à des citoyens innocents soient conformes aux principes islamiques de compassion et de justice ? »
Plus de détails
Avant leur arrestation en 2008, les sept bahá’ís – Fariba Kamalabadi, Jamaloddin Khanjani, Afif Naeimi, Saeid Rezaie, Mahvash Sabet, Behrouz Tavakkoli et Vahid Tizfahm – étaient membres d’un groupe national qui veillait aux besoins de la communauté bahá’íe, forte de 300 000 personnes.
La nouvelle du procès et de la sentence de la condamnation des dirigeants bahá’ís a provoqué une avalanche mondiale de condamnations provenant de nombreux gouvernements incluant les gouvernements français, allemand, anglais, américain, australien, canadien, hongrois, irlandais, néerlandais et zélandais. L’Union européenne et le président du Parlement européen se sont aussi joints à la protestation mondiale, ainsi que de nombreuses organisations des droits de l’homme et d’innombrables individus.
Le 21 décembre 2010, les Nations unies ont entériné une résolution qui exprimait « de sérieuses préoccupations quant aux violations continuelles et fréquentes des droits de l’homme » en Iran. Elle condamne précisément les discriminations par l’Iran des minorités, dont les membres de la foi bahá’íe.
Pour plus d’information, vous pouvez consulter sur ce site officiel des bahá’ís de France le dossier Iran
Contact presse : Sophie Ménard / 06 63 55 49 14 / sophie.menard@bahai.fr