Genève, le 10 août 2014 – Les gardiens de la révolution iraniens ont repris leur démolition d’un cimetière bahá’í historique à Chiraz, en Iran, après une pause de plusieurs mois face à la pression internationale et l’expression d’indignation de la part des Iraniens de tous les milieux.
Des rapports provenant d’Iran indiquent que les gardiens ont retiré les restes humains de 30 à 50 des 950 tombes de bahá’ís dans le cimetière, les plaçant dans une tranchée ouverte pour faire place à la construction d’un nouveau complexe culturel et sportif.
En juin, les gardiens ont célébré publiquement leurs progrès dans la réhabilitation du site. En prévision de cette célébration, à laquelle les médias ont été invités, ils ont utilisé un rouleau compresseur pour tasser le sol. Un tapis a ensuite été posé sur un certain nombre de tombes et le commandant de la Garde a fait un discours dans lequel il attaquait les bahá’ís.
« La manière dont les gardiens de la révolution s’y sont pris pour détruire ces lieux sacrés et, maintenant, pour célébrer cette démolition est inadmissible en termes de comportement humain », a déclaré Diane Ala’i, la représentante de la Communauté internationale bahá’íe aux Nations unies à Genève.
« De toute évidence, cette dernière action – une célébration publique tenue sur les tombes de personnes innocentes – est une tentative des gardes pour justifier à un public iranien de plus en plus indigné, la profanation du cimetière et par le traitement des bahá’ís en général », a-t-elle précisé.
« Nous lançons un appel au gouvernement iranien de mettre immédiatement un terme à cette profanation et nous demandons à la communauté internationale d’exprimer également ses préoccupations au sujet de ce fait nouveau scandaleux », a continué Mme Ala’i.
Selon Mme Ala’i, les membres de la communauté bahá’íe de Chiraz ont supplié les autorités locales d’ordonner de façon définitive l’arrêt de la construction, offrant aussi un compromis dans lequel le complexe sportif serait construit sur le site en dehors des zones où les bahá’ís sont enterrés, tandis que le cimetière lui-même serait transformé en un espace vert.
Il leur a toutefois été répondu que les autorités locales n’avaient aucun contrôle sur les gardiens de la révolution, qui ont acquis l’endroit il y a environ trois ans.
La démolition du cimetière – acquis dans les années 1920 – a d’abord commencé fin avril avec le creusement d’une grande excavation peu profonde. Celle-ci a été arrêtée après que les médias internationaux ont fait état de la profanation et que d’autres gouvernements ont exprimé leur préoccupation.
Plus récemment, cependant, le béton a été coulé pour une fondation et un certain nombre de panneaux ont été mis en place proclamant le plan des gardiens de construire un complexe sportif et culturel qui comprendra une bibliothèque, une mosquée, un restaurant, un théâtre, un centre de soins pour enfants et une salle de sport.
Fait à noter, lors de la célébration publique de l’avancement de la démolition, qui a eu lieu le 14 juin, le commandant des gardiens de la révolution de la province de Fars a prononcé un discours attaquant les bahá’ís et qualifiant la foi bahá’íe d’« infamie », de « secte perverse ».
Selon IranWire, ce même commandant ou un autre fonctionnaire de haut rang dans les gardiens de la révolution de la province de Fars a déclaré par la suite : « Nous allons utiliser une approche véhémente avec ceux qui enseignent la secte perverse dans cette province… Leur religion, ou secte, n’est pas authentique. »
En même temps, les bahá’ís dans la province ont exprimé leur profonde angoisse face à la destruction du site. Dans une lettre ouverte écrite aux autorités locales au mois de mai, par exemple, une femme bahá’íe d’une cinquantaine d’années a parlé de la confrontation à des décennies d’oppression, éprouvée maintenant par cette dernière agression d’un lieu où les corps de son père, de sa mère et de sa sœur – qui ont tous été tués par le gouvernement dans les années 1980 – avaient été enterrés.
« Hier, … le cimetière où les corps de ma famille bien-aimée ont été inhumés a été excavé et la terre a été chargée sur des camions et emportée, de sorte qu‘il ne reste aucune trace de la preuve des crimes et des atrocités que vous avez commis au cours des trente dernières années », a-t-elle écrit.
« Mettez fin à de cette inimitié et à cette rancune de longue date », a-t-elle encore écrit. « Nous sommes vos compatriotes, vos concitoyens, vos voisins, votre famille et vos proches. Nous travaillons pour la propagation de l’amour ; nous adorons l’affection et la bonté ; et nous croyons que nous avons tous droit à la vie que Dieu nous a conférée. »