GENEVE, publié le 15 novembre 2013 – À la suite, le mois dernier, de descentes dans 14 maisons de bahá’ís dans la ville iranienne d’Abadeh, des agents du gouvernement ont convoqué les occupants afin de les interroger et ils les ont exhortés à quitter la ville ou à être exposés à de possibles agressions mortelles de la part des habitants de la ville.
« Le but évident des descentes et des interrogatoires était de créer un climat d’intimidation et de peur afin que les bahá’ís d’Abadeh soient poussés à quitter la ville », a affirmé Diane Ala’i, la représentante de la Communauté internationale bahá’íe aux Nations unies.
Selon Mme Ala’i, des agents du service de Shiraz du ministère des Renseignements, en coopération avec des agents d’Abadeh, ont lancé des descentes aux environs de 8 h du matin, le 13 octobre 2013. Les maisons ont été fouillées et des livres bahá’ís, des CD, des ordinateurs et d’autres objets, y compris des photos, ont été confisqués.
Au cours de leur interrogatoire, il a été déclaré à plusieurs bahá’ís que les résidents locaux « ne vous aiment pas » et que « quand vous êtes dans la rue, ils pourraient vous poignarder, vous et vos enfants ».
Cependant, Mme Ala’i a déclaré que, non seulement, il n’y a aucune preuve que les habitants d’Abadeh soient hostiles aux bahá’ís mais que, d’après leur propre expérience, les bahá’ís de la ville affirment que ce serait même tout le contraire.
« La vérité est que le gouvernement est le responsable de telles menaces et de telles attaques, a poursuivi Mme Ala’i. Les habitants d’Abadeh n’ont rien contre les bahá’ís et beaucoup aiment s’associer librement avec eux.
« Depuis 2005, dans au moins 52 cas à travers le pays, des bahá’ís iraniens ont été physiquement agressés – et cela s’est presque toujours produit à l’instigation évidente d’agents en civil, du clergé ou des médias contrôlés par le gouvernement, qui menaient une campagne incitant à la haine envers les bahá’ís.
« Au cours des descentes récentes à Abadeh, au moins un habitant de chacune des maisons a été convoqué au bureau local du ministère des Renseignements pour interrogatoire. Parmi ceux-ci se trouvaient plusieurs jeunes, dont deux qui étaient en visite dans leur famille. »
Les agents ont exhorté les bahá’ís à quitter la ville. « Si vous êtes attaqué dans la rue, nous ne pouvons pas garantir votre sécurité », ont-ils déclaré à un bahá’í.
« Il est particulièrement préoccupant que certains de ceux qui ont été convoqués pour interrogatoire étaient des jeunes, qui ont été interrogés sur leurs activités, a continué Mme Ala’i. D’autres ont été invités à signer des « engagements » promettant de ne pas communiquer avec les autres bahá’ís ou de ne pas tenir d’autres réunions qu’une traditionnelle réunion mensuelle de prière. »
Les agents ont aussi fermé un magasin tenu par un bahá’í, scellant ses portes avec un avis officiel stipulant : « Cette boutique a été fermée par ordre du procureur général et révolutionnaire de la ville. »
« Malheureusement, a précisé Mme Ala’i, la situation à Abadeh caractérise encore un autre incident montrant qu’en dépit des promesses faites par Hassan Rouhani, le nouveau président d’Iran, la situation pour les bahá’ís ne s’est pas améliorée. Mais au contraire qu’elle s’est aggravée ».
Mme Ala’i a fait remarquer, par exemple, que le gouvernement n’a pris aucune mesure pour traduire en justice les meurtriers de Ataollah Rezvani, un bahá’í dont l’assassinat au mois d’août avait une motivation religieuse. De même, malgré leur totale innocence, aucun des plus de cent bahá’ís emprisonnés n’a été libéré.
Abadeh est une petite ville d’environ 60 000 habitants, à mi-chemin entre Shiraz et Isfahan au centre de l’Iran. Elle a une population bahá’íe importante et a été, ces dernières années, le lieu d’autres activités anti-bahá’íes.
Dans le passé, par exemple, un certain nombre de bahá’ís ont trouvé des graffitis anti-bahá’ís sur les murs et les portes de leur maison et de leur magasin. Les graffitis disaient, entre autres : « Mort aux espions bahá’ís à la solde de l’Amérique et d’Israël » et « Les bahá’ís sont impurs ».