PARIS, le 11 mai 2014 – En dépit d’un tollé international, les gardiens de la révolution iraniens continuent à détruire un cimetière bahá’í historique à Shiraz en Iran.
La poursuite de la démolition – qui aurait lieu sans permis de la part des autorités municipales – continue sans relâche. Ironie du sort, le conseiller du président Rouhani sur les religions et les minorités ethniques a parlé vendredi dernier dans une synagogue à Shiraz et a exhorté les Iraniens à respecter les droits des minorités religieuses. Pendant tout ce temps, dans une autre partie de la ville, les gardiens de la révolution procédaient à la destruction du cimetière.
«Les bahá’ís du monde entier ont été touchés par l’immense vague d’indignations exprimée dans les médias et, en particulier, par les Iraniens, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’Iran, qui ont condamné cet acte déplorable », a déclaré Bani Dugal, la principale représentante de la Communauté internationale bahá’íe aux Nations unies.
Beaucoup d’Iraniens ont répondu par la colère, faisant part de leur inquiétude sur internet.
«Je suis un musulman shiite et voici que ma religion est en train de me charger d’un lourd fardeau parce qu’elle est en train de détruire le cimetière d’une autre religion », a écrit quelqu’un en réponse à un reportage sur Radio Farda, un nouveau site internet d’information iranien. M. Rouhani, s’il vous plait sortez de votre sommeil.
Sur Facebook, sur une page en persan dédiée à la promotion de l’esprit de citoyenneté, une personne a posté un article à propos de la destruction du cimetière de Shiraz, disant que l’on soit pour ou contre le gouvernement, religieux ou athée, comment pourrait-on imaginer soutenir une telle action. « Qui parmi vous soutient cet acte commis par la République islamique contre nos compatriotes bahá’ís ? »
Mme Dugal a ajouté : « Étant donné le caractère historique de cet endroit, où quelque 950 bahá’ís sont enterrés, y compris les dix femmes qui ont été pendues en 1983 pour avoir refusé de renier leur croyance bahá’íe, cette action en cours est non seulement illégale mais moralement scandaleuse. »
Notant que la nouvelle a été largement commentée dans les médias d’information et sur internet, Mme Dugal a demandé à la communauté internationale de continuer à élever la voix contre l’action des gardiens, dans l’espoir que cela incitera les autorités en Iran à insister de façon plus ferme pour qu’ils arrêtent la démolition.
« Étant donné que son propre conseiller a parcouru le pays en appelant au respect des minorités religieuses, nous pourrions espérer que le président Rouhani intervienne lui-même pour obtenir des gardiens de la révolution l’arrêt de cette profanation », a-t-elle précisé.
La nouvelle de la démolition du cimetière est apparue le 1er mai après que la Communauté internationale bahá’íe a appris que les gardiens de la révolution avaient creusé une surface de 200 mètres carrés et aligné quelque 40 à 50 camions pour poursuivre l’excavation.
On a appris depuis que les autorités municipales compétentes n’avaient pas délivré de permis pour les travaux d’excavation, une procédure juridique exigée pour des opérations de ce genre. Les gardiens, qui trois ans plus tôt avaient pris possession du site et annoncé leur intention d’y construire un nouveau complexe culturel et sportif, ont ignoré les exigences légales.
Ali Younesi, le conseiller spécial du président Hassan Rouhani pour les minorités ethniques et religieuses, qui a lancé un appel à la tolérance religieuse alors qu’il se trouvait dans une synagogue de Shiraz, aurait dit : « L’Iran appartient à tous les Iraniens issus de tous les groupes minoritaires et ils ont tous le droit de vivre en paix avec leurs concitoyens, a-t-il précisé. Personne n’a le droit de violer les droits de quelque minorité que ce soit ».
Mme Dugal a déclaré que les remarques de M. Younesi semblaient tourner en dérision la capacité du gouvernement à contrôler les gardiens de la révolution.
« D’un côté, nous avons, dans un discours prononcé dans un lieu saint juif, un conseiller présidentiel de haut niveau de Hassan Rouhani demandant aux Iraniens de respecter les droits des minorités religieuses, tandis que de l’autre côté nous avons, dans une autre partie de la ville, des gardiens de la révolution travaillant dur pour détruire le sol sacré d’un autre groupe religieux, a expliqué Mme Dugal. L’ironie, sans parler de l’injustice, est incroyable. »