GENÈVE, publié le 21 janvier 2012- Il y a dix-huit ans, la ville iranienne de Sanandaj avait attribué aux bahá’ís une parcelle d’un hectare de terre aride au bord d’une route pour l’utiliser comme cimetière.
Ce versant de montagne rocheux, dépourvu de végétation, était sans aucune valeur immobilière, mais, après la première inhumation à l’automne 1993, les bahá’ís locaux se sont rassemblés pour aménager le site, retirer les rochers et remplacer la terre. À la main, ils ont planté et arrosé 250 jeunes cyprès et sapins, donnés par le bureau de l’Agriculture. Ils ont installé l’électricité et construit une petite pièce pour pouvoir préparer les corps avant l’inhumation.
Les permis appropriés ont été obtenus pour chaque étape du processus. Lorsque les bahá’ís ont voulu creuser un puits, la permission a été demandée et accordée par l’Office des eaux de la région. À chaque date d’expiration, le permis était correctement renouvelé.
Le bureau des Ressources naturelles, impressionné par la transformation du site, a proposé aux bahá’ís d’envisager la plantation d’arbres sur les terrains publics avoisinant le cimetière, élargissant ainsi la zone verte. En conséquence, les habitants de Sanandaj, principalement des musulmans sunnites, en sont venus à respecter cet endroit, le considérant comme un symbole de la présence pacifique de la communauté bahá’íe dans leur ville.
Mais à présent, la beauté de cet endroit verdoyant semble avoir provoqué un changement dans les attitudes officielles. Les autorités veulent reprendre possession du cimetière, revendiquant à nouveau le droit de l’État sur ce terrain, bien que des actes notariés aient été accordés autrefois aux bahá’ís. Une ordonnance pour sa confiscation, ainsi que pour la destruction des bâtiments et des tombes, sera plaidée au tribunal à la fin de ce mois.
Le harcèlement récent des bahá’ís à Sanandaj n’est pas de bon augure pour le verdict. Le 19 décembre, des agents du ministère du Renseignement ont effectué, tôt le matin, des descentes dans 12 maisons bahá’íes de la ville. Ils ont confisqué des livres bahá’ís, des brochures et des photos, ainsi que des disques compacts, des cassettes audio, des ordinateurs, des téléphones mobiles, des lecteurs de disques, et divers documents personnels.
« À la lumière de cette recrudescence de la persécution de la communauté bahá’íe de Sanandaj, il semble que, par ordre du ministère du Renseignement, le sort du cimetière ait déjà été décidé », a déclaré Diane Ala’i, la représentante de la Communauté internationale bahá’íe auprès des Nations unies à Genève.
Dans un communiqué du 17 janvier, l’Organisation des droits de l’homme du Kurdistan a lancé un appel aux autorités pour qu’elles observent « la tolérance et l’acceptation des autres croyances ». Cet appel décrit la « nouvelle vague de pressions et de contraintes contre la communauté bahá’íe » comme «des actions inhumaines et illégales […] en violation des traités et des conventions relatifs aux droits civils et politiques ».
Déranger les défunts
Le cas de Sanandaj n’est pas unique sous le régime actuel de l’Iran. Depuis 2007, il y a eu plus de 30 actes de vandalisme, d’incendies criminels ou d’autres problèmes en rapport avec des cimetières appartenant aux bahá’ís ou lorsque des bahá’ís s’efforcent d’enterrer convenablement leurs morts.
«Non contentes de persécuter les vivants, les autorités iraniennes cherchent même à troubler la paix de ceux qui sont partis, a précisé Mme Ala’i. Ceci est la dernière d’une longue liste d’attaques contre les cimetières et les rites funéraires bahá’ís. Toutes sont en totale violation des normes internationales des droits de l’homme et de la conception du respect pour les morts de toute personne décente. »
Parmi les exemples récents :
• Un cimetière nouvellement créé à Sangsar, dans la province de Semnan, donné par la municipalité aux bahá’ís locaux, a été vandalisé par des intrus non identifiés en mars 2011. Les tombes ont été recouvertes d’immondices, les arbres ont été déracinés, et les deux petites salles ont été détruites.
• En juillet 2010, des tombes du cimetière bahá’í de Jiroft, dans la province de Kerman, ont été détruites avec des bulldozers par des intrus non identifiés.
• Fin mai 2010, le cimetière bahá’í à Mashhad a été vandalisé dans la nuit en utilisant un chargeur et d’autres engins lourds. Les murs du cimetière, la morgue et l’endroit où les prières étaient récitées ont été fortement endommagés.
D’autres incidents ont témoigné des efforts des autorités pour interférer avec les rites bahá’ís d’inhumation.
À Tabriz, par exemple, pendant des années, les bahá’ís ont été autorisés à accéder au cimetière public de la ville. En août dernier, la famille d’une femme bahá’íe récemment décédée a été informée qu’elle devrait l’inhumer selon le rite musulman. La dépouille de la femme a dû être enterrée dans un cimetière bahá’í d’une autre ville. Un incident similaire s’est produit en octobre dernier, lorsque le corps d’un homme bahá’í a été transporté de Tabriz à un autre cimetière bahá’í éloigné d’une centaine de kilomètres et enterré sans que sa famille en soit informée.
« Les responsables iraniens prétendent constamment dans les forums internationaux que les bahá’ís ne sont pas traités différemment des autres et ne sont « punis » que lorsqu’ils font quelque chose d’illégal, a déclaré Diane Ala’i. Qu’est-ce que ces personnes décédées ont bien pu faire pour mériter un tel traitement ? »
« L’embellissement du cimetière de Sanandaj et de ses environs est la preuve de la contribution sincère et positive que les bahá’ís iraniens souhaitent apporter à leur pays. Ce qui est tout aussi évident, c’est que les autorités considèrent une telle chose impossible à accepter. »
Couverture du Baha’i World News Service de la persécution des bahá’ís en Iran
•Le Baha’i World News Service a publié un dossier spécial qui comprend des articles supplémentaires et des informations sur la campagne de l’Iran visant à refuser l’éducation supérieure aux bahá’ís. Il comporte des nouvelles des derniers développements, un résumé de la situation, le profil des enseignants bahá’ís emprisonnés, des articles spécifiques, des études de cas, des témoignages d’étudiants, des références et des liens. Ce dossier spécial peut être consulté surhttp://news.bahai.org/human-rights/iran/yaran-special-report/
•Pour des informations en français, vous pouvez consulter sur ce site officiel des bahá’ís de France le dossier Iran.
•Une autre page Special Report comprend des articles et des informations générales concernant les sept responsables bahá’ís iraniens – leur vie, leur emprisonnement, leur procès et leur condamnation, ainsi que les allégations portées à leur encontre. Il présente également d’autres sources d’informations au sujet de la persécution de la communauté bahá’íe d’Iran.
•La page International Reaction de Bahá’í World News Service est régulièrement mise à jour avec les réactions de gouvernements, d’organisations non-gouvernementales et de personnalités éminentes aux mesures prises contre les bahá’ís d’Iran.
•La page Media Reports présente un résumé de la couverture médiatique mondiale.