GENÈVE, publié le 26 septembre 2012 – Deux rapporteurs spéciaux des Nations unies ont exprimé leur profonde inquiétude à propos de la situation des religions minoritaires en Iran.
Le rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Iran, Ahmed Shaheed, s’est joint au rapporteur spécial sur la liberté de religion et de croyance, Heiner Bielefeldt, pour demander un « examen approfondi et indépendant » de « tous les procès concernant des personnes arrêtées ou poursuivies en justice sur des accusations liées à la jouissance du droit à la liberté de religion et de croyance ».
« Personne ne devrait être arrêté pour avoir exercé pacifiquement ses droits à la liberté de religion et de croyance, d’expression et d’association», ont-ils déclaré.
M. Shaheed a insisté sur le fait que l’arrestation et les poursuites judiciaires de personnes en raison de leur appartenance religieuse va à l’encontre de la protection des religions minoritaires, selon la Constitution iranienne, et représente une violation des obligations du pays selon le Pacte international relatif aux droits civils et politiques que l’Iran a ratifié en 1975.
Les rapporteurs spéciaux se sont réjouis de la libération du pasteur chrétien, Youcef Nadarkhani, qui avait été condamné à la peine de mort sur l’accusation d’apostasie. Les experts ont toutefois fait remarquer l’arrestation et la détention de centaines de chrétiens au cours des dernières années et ont demandé aux autorités iraniennes d’« atténuer le climat de peur actuel dans lequel beaucoup d’Églises exercent… »
« L’Iran possède la structure légale de base pour garantir aux chrétiens, en tant que groupe confessionnel, le droit à la liberté de religion, et il devrait s’assurer que ce droit leur est bien accordé en pratique », a précisé M. Bielefeldt, qui a souligné que « le droit à la conversion, dans ce contexte, est indissociable de la liberté de religion ou de croyance… »
Il a aussi demandé la protection des bahá’ís et des autres religions minoritaires qui ne sont pas reconnues par la Constitution de l’Iran. Les cas de 495 bahá’ís sont toujours à l’examen par les autorités iraniennes, dont quelque 111 bahá’ís qui purgent actuellement des peines de prison.
La condamnation pour apostasie et la sentence de peine de mort du pasteur Nadarkhani – qui est né de parents musulmans mais qui s’est converti au christianisme à l’âge de 19 ans – ont provoqué la condamnation énergique de gouvernements, d’organisations et de chefs religieux à travers le monde.
En octobre 2011, la Communauté internationale bahá’íe a publié une déclaration en sa faveur, qualifiant la condamnation de « répréhensible » et de « violation de tout standard légal, moral, spirituel et humanitaire ». Au début de ce mois, l’accusation portée contre le pasteur Nadarkhani a été requalifiée d’« évangélisation de musulmans » et sa peine de prison a été réduite à trois ans, peine qu’il a déjà effectuée.