GENÈVE, publié le 22 juin 2012 – Une récente intensification des attaques sur les entreprises appartenant à des bahá’ís en Iran démontrent à nouveau la détermination des autorités iraniennes à étouffer les perspectives économiques des bahá’ís de ce pays et ce uniquement à cause de leurs croyances religieuses.
Le 28 mai, la Communauté internationale bahá’íe a appris que, dans la ville de Semnan, située au centre nord de l’Iran, des agents du ministère du Renseignement ont fait des descentes dans deux usines, dont des bahá’ís sont totalement ou en en partie propriétaires, et y ont apposé des scellés. L’une des usines, qui fabriquait des stores à bandes verticales, employait 51 personnes, dont 36 n’étaient pas bahá’íes. L’autre, une usine qui transformait des verres optiques, faisait vivre deux bahá’ís et six autres employés.
« Ces fermetures d’usines illustrent non seulement l’animosité acharnée que les autorités iraniennes portent aux bahá’ís», a déclaré Diane Ala’i, la représentante de la Communauté internationale bahá’íe aux Nation unies à Genève. « Mais elles montrent aussi que, dans leur effort continu d’étrangler économiquement les bahá’ís, les autorités sont pleinement satisfaites de causer des difficultés économiques également à d’autres travailleurs, y compris des musulmans chiites. »
À la fin de l’année 2008, la chambre du commerce de Semnan – ainsi que 39 membres des syndicats – ont décidé d’arrêter de fournir aux bahá’ís des licences d’exploitation et des permis de gestion et de cesser de renouveler les licences en cours. Les licences d’exploitation et les permis existants pour les bahá’ís ont été annulés et confisqués. Depuis ce temps, au moins 15 magasins et manufactures appartenant à des bahá’ís ont été mis sous scellés dans la ville, privant de tout revenu des dizaines de familles. Les banques ont refusé de prolonger les emprunts des bahá’ís ; des fermiers bahá’ís ont été harcelés ; et les habitants ont été incités à ne pas se fournir dans les entreprises appartenant à des bahá’ís.
Cette information a été révélée alors que la conférence annuelle de l’Organisation internationale du travail (OIT) se terminait à Genève. L’OIT est le principal corps intergouvernemental soutenant et protégeant les droits à l’emploi et à la formation professionnelle.
À plusieurs occasions au cours des dernières années, l’OIT a demandé au gouvernement iranien de mettre fin à sa persécution des bahá’ís. En 2010, par exemple, sa Commission d’experts sur l’application des conventions et recommandations a fortement recommandé au gouvernement iranien « de réaliser des actions décisives afin de combattre la discrimination et les comportements stéréotypés, en soutenant activement le respect et la tolérance » envers les bahá’ís et « de s’assurer que les autorités et le public soient informés que la discrimination contre les minorités religieuses, en particulier contre la foi bahá’íe, ne serait pas tolérée ».
« Il est regrettable que les autorités iraniennes ne montrent aucun signe de considération pour des appels si sérieux et si urgents de la part de l’OIT et d’autres organisations internationales », a déclaré Mme Ala’i.
La « question bahá’íe »
Les attaques récentes à Semnan sont un exemple vivant de l’application de diverses mesures esquissées dans un mémorandum du gouvernement iranien de 1991 pour traiter la soi-disant « question bahá’íe . Le mémorandum – approuvé par le chef suprême de l’Iran, l’ayatollah Khamenei – exige que le progrès et le développement des bahá’ís soient enrayés.
De plus, l’arrestation arbitraire, l’interrogatoire et l’emprisonnement des bahá’ís se sont intensifiés à Semnan. Des maisons et des propriétés – y compris des cimetières bahá’ís – ont été incendiés, vandalisés et couverts de graffitis haineux. Des attaques similaires contre les bahá’ís et leurs propriétés ont eu lieu dans tout l’Iran.
« La situation dans cette ville offre un cas d’étude sur la façon dont les autorités cherchent à supprimer et à enrayer le développement des bahá’ís le plus radicalement possible », a encore précisé Mme Ala’i.
« Des institutions officielles et semi officielles – y compris la police, les tribunaux, les fonctionnaires locaux et le clergé – sont tous coordonnées pour réduire par la faim une communauté minoritaire pacifique », a-t-elle ajouté.
Documents joints
Le mémorandum du gouvernement iranien de 1991 traduit en anglais