Genève, publié le 30 janvier 2008 – A la suite de la prise de position du Département d’Etat américain appelant à la libération d’iraniens bahá’ís illégalement emprisonnés, Amnesty International vient de lancer une action urgente en leur faveur.
« Nous nous réjouissons de cette mobilisation internationale et espérons, qu’avec le soutien des défenseurs des droits de l’homme à travers le monde et en France nos corréligionnaires puissent être rapidement libérés.» a déclaré Brenda Abrar, porte-parole des bahá’ís de France.
Les trois prisonniers ont été incarcérés à Shiraz, en Iran, en novembre dernier. Ils purgent une peine de quatre ans de prison pour des faits entièrement liés à leur croyance et à leur pratique de la foi bahá’íe.
« Nous enjoignons au régime de relâcher tous ceux qui sont détenus sans jugement équitable, y compris les trois jeunes enseignants bahá’ís enfermés dans un centre de détention du Ministère du renseignement à Shiraz » a déclaré le 23 janvier 2008 Sean McCormack, porte-parole du Département d’Etat américain.
Amnesty International a lancé son appel le 25 janvier. Il y est demandé aux défenseurs des droits de l’Homme à travers le monde d’écrire directement aux autorités du gouvernement iranien en faveur des prisonniers bahá’ís, leur demandant les raisons de leur emprisonnement et en enjoignant aux autorités de ne pas leur faire subir de mauvais traitements ni de tortures.
« Haleh Rouhi Jahromi, Raha Sabet Sarvestani et Sasan Taqva, tous bahá’ís (une minorité religieuse), sont détenus par le Ministère du renseignement à Shiraz depuis le 19 novembre 2007 », lit-on dans l’appel qui a été mis sur le site web d’Amnesty International le 25 janvier 2008.
« Veuillez envoyer des appels aussi rapidement que possible, en persan, en arabe, en anglais ou dans votre propre langue, conseille l’appel, selon lequel que Amnesty International les considére comme prisonniers de conscience s’ils sont détenus en raison de leur foi bahá’íe… demandant leur libération s’ils ne sont coupables d’aucune offense criminelle reconnue et s’ils ne sont pas jugés rapidement et équitablement » et « appelant les autorités à ne pas les torturer ni leur appliquer de mauvais traitements… ».
L’appel d’Amnesty International retrace l’histoire des trois prisonniers qui faisaient initialement partie d’un groupe de 54 bahá’ís arrêtés en mai 2006 alors qu’il participaient à une action éducative en faveur d’enfants défavorisés à Shiraz.
La plupart des 54 personnes furent libérées après quelques jours, alors que Mesdemoiselles Rouhi et Sabet et Monsieur Taqva restèrent emprisonnés pendant un mois environ. 53 parmi eux se sont vu notifier par un tribunal local qu’ils étaient accusés de « crimes liés à la sécurité de l’état », selon l’appel.
Mesdemoiselles Rouhi et Sabet et Monsieur Taqva furent de plus condamnés à quatre ans de prison, mais libérés sous caution. C’est le 19 novembre 2007 que ces trois personnes ont reçu un appel téléphonique leur demandant de se rendre au bureau du Ministère de l’information de Shiraz pour retirer des objets qui leur avaient été confisqués lors des arrestations de mai 2006. Au lieu de cela ils ont été incarcérés.
« Comme ils ne rentraient pas chez eux, des membres de leurs familles qui les avaient accompagnés, reçurent des fonctionnaires du renseignement des informations contradictoires, poursuit l’appel, les fonctionnaires essayèrent de prétendre que les trois personnes n’étaient pas entrées dans le bâtiment alors que leurs proches les y avaient vus entrer. Finalement, les proches furent informés que les trois convoqués étaient toujours détenus au bureau du Ministère du renseignement à Shiraz ».
L’appel donne l’âge des prisonniers : Mademoiselle Rouhi, 29 ans, Mademoiselle Sabet, 33 ans, Monsieur Taqva, 32 ans.
Selon le site web d’Amnesty International, les actions urgentes sont transmises à un réseau de plus de 100 000 défenseurs des droits de l’Homme dans 70 pays.
Diane Ala’i, représentante de la communauté internationale bahá’íe aux Nations Unies à Genève, a déclaré que la communauté internationale bahá’íe s’inquiète fortement du sort des trois prisonniers bahá’ís.
« Nous espérons que l’appel à une action urgente d’Amnesty International, qui est un signal de la part des défenseurs des droits de l’Homme à travers le monde et la déclaration du Département d’état des Etats-Unis, aideront à mettre un terme à ces injustes détentions, a-t-elle déclaré ».
Selon Mademoiselle Ala’i, l’appel vient à point nommé car Monsieur Taqva souffre d’une blessure à la jambe consécutive à un accident de circulation juste avant son emprisonnement et que son état requiert un suivi médical.
« Le problème à sa jambe est extrêmement sérieux et douloureux, il semble qu’il doive subir une intervention chirurgicale pour extraire une broche métallique placée précédemment. »
Selon Mademoiselle Ala’i les préventions retenues contre les trois personnes, plutôt que de ressortir d’un souci légitime relatif à la « sécurité de l’état », proviennent entièrement des accusations du tribunal selon lesquelles les bahá’ís avaient été impliqués dans de « l’enseignement indirect » de la foi bahá’íe.
« En fait, déclare Mademoiselle Ala’i, les trois personnes étaient engagées dans une action d’aide à des enfants défavorisés de leur ville au moyen d’un programme de formation qui met en avant les vertus morales ».
« C’est ahurissant que le gouvernement d’Iran en arrive à considérer que de tels efforts puissent constituer une menace quelconque et tout à fait injustifié que de telles activités conduisent à de longues peines de prison ».
Toujours selon Mademoiselle Ala’i : « Il ne fait aucun doute que les trois personnes sont des prisonniers de conscience, détenus uniquement à cause de leur croyance et de la pratique de la foi bahá’íe; nous le savons parce que, parmi ceux qui ont été arrêtés en mai 2006, se trouvaient quelques personnes qui n’étaient pas bahá’íes. Elles furent relâchées en moins d’un jour et aucune charge n’a été retenue contre elles. »
Le Département d’état américain a aussi pris note de la « mort dans des circonstances suspectes », le 6 janvier, de Ebrahim Lotfallahi, étudiant iranien d’origine kurde, détenu par le Ministère du renseignement.
« Nous demandons aux autorités iraniennes d’ouvrir une enquête approfondie » a déclaré Monsieur McCormack. Il a aussi exprimé des inquiétudes quant à la poursuite de la détention de trois étudiants de l’université Amir Kabir.