New-York, publié le 17 Novembre 2007 – L’Egypte doit mettre fin aux pratiques discriminatoires qui empêchent les bahá’ís et croyants d’autres confessions non reconnues, de faire inscrire leur croyance religieuse sur les documents officiels, ont déclaré Human Rights Watch et l’Initiative Egyptienne pour les Droits Individuels (Egyptian Initiative for Personal Rights) dans un rapport publié cette semaine.
Le rapport de 98 pages libellé en anglais, s’intitule « Prohibited Identities: State Interference with Religious Freedom » (Identités interdites: Interférence étatique avec la liberté religieuse). Il se concentre sur les problèmes apparus en Egypte du fait de l’obligation imposée par le gouvernement aux citoyens d’indiquer leur religion sur les documents officiels tout en limitant le choix à l’Islam, le Christianisme ou le Judaïsme.
« Ces politiques et pratiques violent la liberté religieuse de nombreux égyptiens », affirme Human Rights Watch dans ce rapport publié le 12 novembre 2007.
« Cette politique a aussi pour effet de dénier à ces citoyens de nombreux droits civils et politiques ainsi que des droits économiques et sociaux, car il est essentiel d’avoir une carte d’identité dans de nombreux domaines de la vie publique », ajoute le rapport.
La Communauté internationale bahá’íe, à laquelle se joignent les bahá’ís de France, saluent la publication de ce rapport.
« Nous souhaitons remercier Human Rights Watch et l’Egyptian Initiative for Personal Rights d’attirer l’attention du monde sur la situation des droits de l’Homme en Egypte », a déclaré Bani Dugal, la principale représentante de la Communauté internationale bahá’íe auprès des Nations-Unies.
Brenda Abrar, porte-parole des bahá’ís de France (Bureau d’Information des bahá’ís de France) ajoute : « Nous sommes particulièrement heureux de la diffusion de cette information en France, notamment par l’AFP et nous espérons que cela contribuera à améliorer rapidement le sort de nos coreligionnaires égyptiens ».
Pour Bani Dugal : « Les pratiques discriminatoires identifiées dans le rapport touchent gravement la communauté bahá’íe égyptienne, ainsi que tous les autres citoyens égyptiens qui ne demandent qu’à exercer leur liberté de croyance garantie par de nombreuses conventions internationales. »
« Notre espoir est que les autorités égyptiennes soient maintenant encouragées à mettre un terme à ces pratiques discriminatoires, ce qui pourrait être fait d’un trait de plume sans nuire d’aucune manière aux communautés religieuses majoritaires. », ajoute-t-elle.
Le rapport examine en détail en quoi le choix restreint de religion affecte la vie quotidienne des bahá’ís et d’anciens musulmans convertis qui doivent aussi faire face à des problèmes dans ce contexte.
Selon le document : « Si l’approche du gouvernement égyptien touche quiconque n’est pas musulman, chrétien ou juif et quiconque préfèrerait garder ses convictions privées, l’impact majeur concerne essentiellement les membres de la foi bahá’íe et les personnes converties, ou souhaitant se convertir, de l’islam au christianisme. »
Le rapport ajoute que : « ce choix limité n’est pas fondé sur la loi égyptienne mais bien sur une interprétation de la Shari’a, (loi islamique), par le Ministère de l’intérieur. Un citoyen égyptien ne dispose d’aucune option pour demander une identification religieuse différente de celles imposées, ou de s’identifier comme n’ayant pas de religion. S’il insiste, les autorités refusent l’émission d’une carte nationale d’identité ou de tout autre document officiel comportant la mention de l’identification religieuse exigée. »
« Sans carte nationale d’identité il n’est pas possible, entre autre, de réaliser même les plus simples transactions financières dans une banque ou autre institution financière. D’autres activités quotidiennes telles que l’acquisition de la propriété, d’un permis de conduire ou un paiement de retraite nécessitent aussi une carte nationale d’identité.
Les employeurs, tant publics que privés, ne peuvent, de par la loi, embaucher quelqu’un sans carte d’identité et les institutions éducatives l’imposent pour l’inscription. Obtenir un certificat de mariage ou un passeport nécessite un certificat de naissance; le versement d’un héritage ou de pensions de veuvage dépendent d’un certificat de décès. Le Ministère de la Santé a même refusé la vaccination à certains enfants bahá’ís » poursuit le rapport.
« Ces politiques et pratiques violent le droit, tant égyptien qu’international, conclut le rapport. Logiquement, cela n’a aucun sens pour le gouvernement de déclarer aux citoyens qu’ils sont libres de croire ce qu’ils veulent et de juger inacceptables certaines réponses lorsque ces mêmes citoyens répondent honnêtement à l’exigence gouvernementale de déclarer leur croyance. »
Human Rights Watch est la plus grande organisation de défense des droits de l’Homme basée au Etats-Unis, selon son site Internet. Les enquêteurs de Human Rights Watch enquêtent sur des violations de droits de l’Homme à travers le monde entier. Elle est basée à New-York.
L’Egyptian Initiative for Personal Rights se présente sur son site Internet comme une organisation égyptienne indépendante de défense de droits de l’Homme, établie en 2002, pour promouvoir et défendre les droits et libertés individuelles. Elle est basée au Caire.
Le rapport a fait l’objet d’une importante couverture médiatique avec des dépêches d’Associated Press, de l’Agence France Presse, de Reuters, reprises à ce stade notamment par la BBC, Voice of America, El Watan ou encore La Croix.
Pour lire le rapport dans son intégralité en anglais : http://hrw.org/english/docs/2007/11/12/egypt17306.htm
Pour plus d’informations sur la situation: http://www.bahai.fr/egypte