Ottawa, Canada, publié le 6 avril 2009 – La Chambre des communes du Canada a adopté à l’unanimité une motion énergique condamnant la persécution des bahá’ís en Iran et demandant au gouvernement iranien qu’il libère les dirigeants bahá’ís emprisonnés à Téhéran.
La motion, qui a été approuvée le 30 mars, déclare que les accusations contre les bahá’ís – espionnage pour Israël, insultes envers les valeurs saintes de la religion et propagande contre la République islamique – sont des accusations « fréquemment utilisées par les autorités iraniennes à l’encontre des défenseurs des droits de l’homme et des minorités religieuses, et qu’il n’y a rien, dans l’histoire ou dans les enseignements de la communauté bahá’íe, qui puisse conférer un quelconque crédit à de telles accusations ».
La motion a été examinée devant l’auditoire de la Chambre des communes lors d’un débat qui a duré 90 minutes. Des membres du Parlement, issus des quatre partis politiques du Canada, ont parlé de la longue histoire des persécutions subies par les bahá’ís en Iran, ainsi que de l’actuelle « campagne de haine et de provocation » contre la communauté bahá’íe dans ce pays, constatant que ces attaques actuelles « constituent un certain nombre de signes d’avertissement qui, souvent, présagent une vaste épuration ethnique, raciale ou religieuse ».
Condamnant les violations « continues et généralisées » des droits de l’homme, non seulement vis-à-vis des bahá’ís iraniens, mais également envers tous les citoyens iraniens qui ont subi des actes de répression de la part d’éléments extrémistes dans ce pays, les membres du Parlement ont également exprimé leur profonde admiration pour le peuple iranien, et pour « la prodigieuse contribution » que la « grande civilisation » d’Iran a apportée à l’humanité.
La résolution s’achève en ces termes :
« Par conséquent, il est décidé que cette Chambre condamne la persécution actuelle de la minorité bahá’íe d’Iran et demande au gouvernement iranien de reconsidérer ses accusations portées contre les membres des Amis d’Iran et de les libérer immédiatement ou, à défaut, d’entamer le procès sans délai, en s’assurant que les procédures seront ouvertes et justes, et menées en présence d’observateurs internationaux ».
Sept des bahá’ís emprisonnés à Téhéran composaient un groupe spécial appelé les « Amis d’Iran » qui s’occupaient des besoins courants de la communauté bahá’íe qui compte 300 000 membres en Iran.
Ces sept personnes ont été arrêtées il y a un an et sont détenues depuis, sans possibilité d’accès à un avocat. Les accusations formulées contre eux n’ont été que récemment communiquées, mais aucune audience, ni aucun jugement n’a eu lieu jusqu’à présent. Plus de 30 bahá’ís sont actuellement emprisonnés en Iran en raison de leur religion.
Texte de la motion :
Voici l’intégralité de la motion adoptée par la Chambre des communes canadienne :
Attendu que la Chambre des communes reconnaît que le 14 mai 2008, six membres d’un groupe informel, connu sous le nom d’Amis d’Iran, qui gère les besoins de la communauté bahá’íe en Iran, ont été arrêtés et conduits dans la section des prisonniers politiques de la prison d’Evin à Téhéran, où le septième membre était déjà détenu, à la suite de son arrestation à Mashhad en mars 2008.
Attendu que la Commission sur les droits de l’homme des Nations unies, en octobre 2005, a dévoilé une lettre confidentielle du commandement du quartier général des Forces armées d’Iran, ordonnant l’identification de tous les bahá’ís et la surveillance de leurs activités.
Attendu que la Rapporteure spéciale des Nations unies sur la Liberté de religion ou de croyance a déclaré le 20 mars 2006 qu’elle « exprime également son inquiétude sur le fait que les informations rassemblées à la suite d’une telle surveillance soient utilisées comme éléments pour un accroissement de la persécution et de la discrimination envers les membres de la foi bahá’íe, en violation des normes internationales. (…) La Rapporteure spéciale est préoccupée par le fait que ses derniers développements indiquent que la situation en ce qui concerne les minorités religieuses en Iran se détériore effectivement ».
Attendu que la communauté bahá’íe du Canada est sérieusement inquiète pour la sécurité de ces sept bahá’ís qui ont été détenus sans accusations officielles ni accès à un avocat ou aux preuves retenues contre eux, et qui sont soumis à des traitements et des interrogatoires sévères, avec un nombre restreint de visites des membres de leurs familles depuis plus de neuf mois.
Attendu que la lauréate du prix Nobel, Madame Shirin Ebadi, qui a annoncé son intention de défendre les bahá’ís devant la cour, est, depuis, harcelée et que ses bureaux ont été fermés.
Attendu que le procureur général adjoint a annoncé que ces prisonniers seront jugés par un tribunal révolutionnaire sous des accusations « d’espionnage pour le compte d’Israël », « d’insultes au caractère sacré (de l’islam) » et « de propagande contre le régime », qui sont tous des crimes capitaux.
Attendu que de telles accusations sont fréquemment utilisées par les autorités iraniennes à l’endroit des défenseurs des droits de l’homme et des minorités religieuses et qu’il n’y a rien dans l’histoire ou les enseignements de la communauté bahá’íe qui confère un quelconque crédit à de telles accusations.
Et attendu que ces arrestations ont eu lieu dans le cadre d’un regain d’arrestations arbitraires, de rafles à domicile, d’expulsion d’étudiants, de harcèlement d’écoliers, de destruction de cimetières et d’attaques virulentes dans les medias contrôlés par l’État.
Par conséquent, il est décidé que cette Chambre condamne la persécution actuelle de la minorité bahá’íe d’Iran et demande au gouvernement iranien de reconsidérer ses accusations portées contre les membres des Amis d’Iran et de les libérer immédiatement ou, à défaut, d’entamer le procès sans délai, en s’assurant que les procédures seront ouvertes et justes, et menées en présence d’observateurs internationaux.
Pour plus d’information sur la situation des bahá’ís en Iran : http://www.bahai.fr/iran