Bruxelles, Belgique, publié le 4 juin 2011 – Les victimes de l’intolérance religieuse ne sont pas juste des personnes privées de leurs droits de pratiquer leur foi. Elles souffrent d’outrages dans chaque aspect de leur vie quotidienne.
Cette remarque a été faite à une séance qui s’est tenue préalablement à la réunion de la sous-commission des droits de l’homme du Parlement européen.
Penelope Faulkner, un membre de la Plateforme européenne sur l’intolérance et la discrimination religieuses (EPRID), a mis en évidence dans quelle mesure la liberté de religion ou de conviction est menacée dans le monde.
C’est un «énorme problème, a précisé Mme Faulkner. Spécialement dans les pays où l’État … incite à la haine, les minorités religieuses sont sans défense. Elles perdent leurs droits, leurs moyens d’existence et, dans de nombreux cas, leur vie.
« C’est le cas des bahá’ís en Iran, où les autorités exécutent un plan systématique pour traiter ce qu’ils appellent la « question bahá’íe », avec des directives spécifiques pour bloquer son accès à l’enseignement, confisquer ses propriétés, refuser un emploi ainsi que ses droits civiques à toute personne qu’on sait être bahá’íe », a poursuivi Mme Faulkner.
Ses commentaires sont arrivés juste quelques jours après que 16 personnes ont été arrêtées en Iran pour avoir tenté de faire fonctionner une université informelle chargée de fournir un enseignement supérieur aux bahá’ís qui ont en été privés par le gouvernement. Voir Iran : nouvelle série d’attaques contre l’Institut bahá’í d’enseignement supérieur et Une campagne officielle d’arrestations pour bloquer le développement des bahá’ís iraniens
Mme Faulkner a aussi cité une étude récente qui affirme que 70% de la population mondiale vit dans des endroits où la liberté de religion est restreinte ou bafouée.
« C’est vrai dans chaque continent, chaque communauté, y compris en Europe. L’effet dévastateur de la souffrance humaine pendant ces derniers mois montre que les politiques de l’Union européenne, dans ce domaine, ne sont pas seulement nécessaires, mais très en retard », a-t-elle ajouté.
Les êtres humains sont responsables
Le rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté de religion ou de croyance, Heiner Bielefeldt, a expliqué à la séance qu’il constate quotidiennement de telles violations.
« Ce qui me choque le plus, parmi toutes les communautés, c’est le degré de haine envers les minorités religieuses ; haine souvent alimentée par une combinaison paradoxale de peurs, frôlant parfois la paranoïa et le mépris, a affirmé M. Bielefeldt. Mais de telles haines peuvent être surmontées.
« Après tout, ce sont les êtres humains qui sont responsables, ces mêmes êtres humains qui peuvent aussi changer, ces groupes d’êtres humains qui peuvent aussi évoluer dans leurs convictions. C’est quelque chose que nous devons toujours prendre en compte. »
M. Bielefeldt a déclaré à l’audience, qui s’est tenue le 26 mai, que la liberté de religion ou de conviction est un droit humain universel, qui doit aussi être interprétée comme englobant la religion au sens le plus large.
« Vous voyez beaucoup de pays dans différentes régions du monde qui promettent la liberté de religion ou de croyance dans leur Constitution et disent : d’accord, il y a trois possibilités, vous pouvez être juif, chrétien ou musulman. Point final. »
« Quelquefois, il y a cinq options. Quelquefois, il y a six options. Quelquefois, c’est : pas de religion. Mais le point de départ, si on s’en tient vraiment à la nature universaliste des droits de l’homme, doit être la dignité des êtres humains et leur connaissance d’eux-mêmes.
« Si vous connaissez les êtres humains, leur connaissance d’eux-mêmes est vraiment, vraiment, vraiment variée », a-t-il précisé.
Cependant, M. Bielefeldt a fait remarquer que les traités des Nations unies concernant le problème déclarent clairement que la liberté de religion ou de croyance « protège les convictions théistes, non-théistes et athées, aussi bien que le droit de ne professer aucune religion ou croyance… C’est l’esprit universaliste et ce n’est pas seulement l’esprit, mais aussi la lettre des droits de l’homme et de la liberté de religion. Et cela est réellement menacé ».
Un contexte plus large
Sarah Vader, la représentante de la Communauté internationale bahá’íe à l’Union européenne, était aussi présente à cette réunion. Elle a suggéré que la liberté de religion ou de conviction devrait être considérée dans un « contexte plus large de démocratie et de protection des droits de l’homme ».
« L’Union européenne devrait faire particulièrement attention à être juste et soucieuse de n’exclure personne, en permettant la participation de tous, notamment des groupes les plus vulnérables tels que les femmes, les jeunes, les minorités ethniques et religieuses », a déclaré Mme Vader, qui a aussi parlé au nom de l’EPRID, une coalition d’organisations non-gouvernementales pour le soutien de la liberté de religion ou de conviction dont la Communauté internationale bahá’íe est membre.
« Par rapport à la future politique de l’UE concernant la liberté de religion ou de conviction, il est nécessaire que la procédure soit ouverte, transparente et soucieuse de n’exclure personne, et qu’elle trouve un moyen pour impliquer la société civile à différents niveaux, que ce soit ici à Bruxelles ou au niveau des capitales et délégations de l’UE », a-t-elle affirmé.
Mme Vader a proposé une série de recommandations par lesquelles l’UE pourrait améliorer ses activités de surveillance globale et son approche concernant la liberté de religion ou de conviction, par exemple en instituant un représentant spécial pour la liberté religieuse et en préparant un rapport annuel sur les progrès réalisés dans le monde concernant la liberté de religion ou de conviction.