HAIFA, le 17 mai 2014 – En date du 13 mai 2014, à la veille du sixième anniversaire de l’arrestation et de l’emprisonnement des sept responsables bahá’ís iraniens, la Maison universelle de justice a adressé hier une lettre aux bahá’ís d’Iran dans laquelle elle parle d’un « chœur pour la justice » grandissant à l’intérieur de leur pays.
Cette lettre salue cette évolution : « Combien nous sommes heureux de voir que, à travers les actions audacieuses et désintéressées de personnes qui cherchent des progrès pour leur patrie, la culture de la coexistence pacifique entre les peuples et les religions, caractéristique des traditions d’antan de votre nation vénérable, connaît une renaissance. »
« Des promoteurs de la justice, des artistes, des hommes d’État, des penseurs et d’autres citoyens éclairés d’Iran – même des prisonniers d’opinion du fond de leurs cellules – rompent leur silence », a écrit la Maison universelle de justice.
Cette lettre est publiée dans un contexte de sévère répression constante de la communauté bahá’íe en Iran, la plus grande minorité religieuse non musulmane du pays.
« Ce chœur pour la justice, qui a débuté d’abord dans les régions éloignées du monde et a, peu à peu, attiré à lui les voix d’Iraniens en dehors de leur pays d’origine, est en train de s’élever à l’intérieur de l’Iran à de nouveaux niveaux sans précédent », a encore déclaré la Maison universelle de justice.
La Maison de justice a également rappelé aux bahá’íes d’Iran que « au-delà de la reconnaissance de l’injustice qui vous est infligée, les esprits éclairés parmi vos concitoyens sont de plus en plus attentifs aux principes que vous embrassez, qui sont votre philosophie de vie et qui sont les moyens pour la réhabilitation de toutes les sociétés. Des principes tels que le caractère sacré de la dignité humaine, l’unité de l’humanité indépendamment de la tribu, de la race ou de la croyance, l’égalité des hommes et des femmes, l’abolition des préjugés, l’engagement dans la connaissance et dans l’apprentissage, l’abolition des extrêmes de richesse et de pauvreté, l’endiguement de l’avidité, l’accord entre la foi et la raison – sont de plus en plus reconnus comme essentiels pour un futur progressiste ».
Elle a ajouté que « l’éveil » de la conscience en Iran « ne devrait pas être sous-estimé ».
« Vous savez bien que, pour chaque déclaration connue de soutien pour vous et pour ces principes, il y a beaucoup de gens qui expriment les mêmes sentiments en privé et qui maintenant, à la lumière des circonstances actuelles, apprennent à exprimer leurs points de vue ouvertement et à rejoindre la cohorte de ceux qui défendent vos droits et votre travail pour la coexistence pacifique.
«Considérez comment ce récit fallacieux, que les esprits malades de préjugés et de conceptions limitées des fanatiques ont concocté et qu’ils se sont assidûment efforcés de propager pendant 170 ans, a été largement reconnu en quelques années comme étant complètement faux. »
Bani Dugal, la principale représentante de la Communauté internationale bahá’íe auprès des Nations unies, a déclaré que la demande croissante pour la justice en faveur des bahá’ís iraniens allume une lueur d’espoir dans les cœurs de tous les personnes opprimées en Iran.
«Le soutien qui a été observé au cours des dernières semaines pour nos compatriotes bahá’ís en Iran et qui n’a eu de cesse de croître au cours des dernières années, est sans précédent », a déclaré Mme Dugal.
« Par ailleurs, nous rendons hommage à ces femmes et à ces hommes courageux qui aujourd’hui élèvent la voix, s’exposant à des risques considérables pour eux-mêmes, en faveur des bahá’ís iraniens. »
Six des sept responsables bahá’ís ont été arrêtés le 14 mai 2008 dans une série de rafles matinales à Téhéran. La septième avait été arrêtée deux mois plus tôt, le 5 mars 2008.
Depuis leurs arrestations, les sept responsables – dont les noms sont Fariba Kamalabadi, Jamaloddin Khanjani, Afif Naeimi, Saeid Rezaie, Mahvash Sabet, Behrouz Tavakkoli et Vahid Tizfahm – ont été soumis à un processus judiciaire entièrement vicié qui a complètement ignoré les exigences internationales pour les droits de l’homme et les protections juridiques.
Au cours de leur première année de détention, les sept bahá’ís n’ont pas été informés des accusations portées contre eux et ils n’avaient pratiquement pas eu accès à des avocats. Leur procès, mené sur une durée de plusieurs mois en 2010 et ne cumulant que six jours d’audience, a été illégalement fermé au public, démontrant la partialité extrême des procureurs et des juges, et a été fondé sur des preuves inexistantes.
Leur peine de 20 ans de prison est la plus lourde condamnation pour des prisonniers de conscience en Iran. Cette sévérité reflète la volonté du gouvernement d’opprimer complètement la communauté bahá’íe iranienne qui, « du berceau à la tombe », fait face à une persécution systématique. Celle-ci fait partie des exemples les plus graves de persécution religieuse soutenue par un État dans le monde d’aujourd’hui.