New York, publié le 21 août 2010 – Les condamnations sévères d’emprisonnement prononcées à l’encontre des sept dirigeants bahá’ís iraniens, totalement innocents de tout agissement répréhensible, constituent un jugement rendu contre toute une communauté religieuse, selon les propos tenus aujourd’hui par la Communauté internationale bahá’íe.
Lauréate du prix Nobel, Shirin Ébadi, avocate au Centre des défenseurs des droits de l’homme, assurait la défense des bahá’ís. Elle a expliqué qu’elle avait été « stupéfiée » par l’annonce d’une condamnation à 20 ans de prison.
« J’ai lu l’acte d’accusation page par page et je n’ai rien trouvé qui puisse prouver leur culpabilité ni aucun document qui puisse soutenir les allégations du procureur », a-t-elle précisé lors d’une interview télévisée retransmise le 8 août sur la BBC en langue persane.
La condamnation, d’une injustice flagrante, a provoqué des protestations véhémentes de gouvernements partout dans le monde, dont celui de l’Australie, du Canada, de la France, de l’Allemagne, des Pays-Bas, de la Grande-Bretagne et des États-Unis.
L’Union européenne et le président du Parlement européen se sont joints à l’avalanche de condamnations, de même que de nombreuses organisations des droits de l’homme comme Amnesty international, Human Rights Watch et la FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l’homme), ainsi que d’autres groupes et individus sans nombre.
« Les charges forgées de toutes pièces et le manque complet de toute preuve crédible à l’encontre de ces sept prisonniers sont un reflet des fausses accusations et de la désinformation que le régime iranien utilise pour dénigrer et diffamer une communauté religieuse pacifique pour une génération tout entière », a expliqué Bani Dugal, représentante de la
Communauté internationale bahá’íe aux Nations unies.
Mme Dugal a précisé que les sept bahá’ís auraient été transférés à la prison Gohardasht de Karaj à 20 km à l’ouest de Téhéran. « Les raisons de leur déplacement ne sont pas encore connues et il est trop tôt pour en évaluer les conséquences pour les prisonniers. Mais il est clair que cela impose un fardeau supplémentaire à leur famille qui doivent, maintenant, quitter Téhéran pour visiter leurs aimés. »
Les sept respensables – Fariba Kamalabadi, Jamaloddin Khanjani, Afif Naeimi, Saeid Rezaie, Mahvash Sabet, Behrouz Tavakkoli et Vahid Tizfahm – étaient tous membres d’un groupe qui, au niveau national et à la connaissance du gouvernement, veillait à assurer les besoins spirituels de la communauté bahá’íe iranienne.
« Que ces sept personnes, manifestement innocentes, soient emprisonnées pour 20 ans après un procès infâme est absolument répréhensible, a ajouté Mme Dugal. Nous faisons la demande suivante au gouvernement iranien : un tel mépris inhumain de la justice contribue-t-il à l’avancement de la société iranienne ? ou ne contribue-t-il pas, plutôt, à réduire davantage votre crédibilité parmi la jeunesse de votre pays et parmi les nations du monde ? »
Elle a ajouté que la Communauté internationale bahá’íe condamne l’injustice généralisée commise par les autorités iraniennes à l’encontre d’autres victimes partout en Iran, qu’il s’agisse, entre autres, de minorités religieuses, de journalistes, d’universitaires, de militants de la société civile, de défenseurs des droits des femmes.
Un catalogue d’abus
Bien avant que les condamnations soient prononcées, l’arrêt, la détention et le procès des sept dirigeants s’est développé, pendant deux ans, tel un long catalogue d’abus et d’actes illégaux tant du point de vue de la légalité internationale que de la législation iranienne.
« La législation iranienne exige que les détenus soient rapidement et formellement accusés de délits. Les sept bahá’ís ont été détenus au moins neuf mois avant qu’un chef d’accusation soit retenu contre eux par les autorités, et c’était lors d’une conférence de presse et non au cours d’une session du tribunal, a précisé Mme Dugal.
« Pendant longtemps, tout accès à leurs avocats leur a été refusé. Quand ils ont été autorisés à les rencontrer, c’était juste une heure avant le début de leur prétendu procès.
« Les détenus qui ont été inculpés ont le droit de demander leur mise en liberté provisoire sous caution et d’être libérés en attendant le procès. La mise en liberté provisoire sous caution a été continuellement refusée aux sept bahá’ís, malgré de nombreuses requêtes.
« Voici des sujets de préoccupations précis, n’admettant aucune interprétation. »
Persécution systématique
Depuis 1979, la communauté bahá’íe iranienne, forte de 300 000 membres, a enduré une campagne systématique de persécution religieuse, commanditée par le gouvernement. Au début, plus de 200 bahá’ís ont été tués et au moins un millier ont été emprisonnés pour la seule raison de leur appartenance religieuse.
Au début des années 1990, le gouvernement, dans le but d’étouffer lentement la communauté et son développement, s’oriente vers des restrictions sociales, économiques et culturelles. Ces mesures comprennent la privation des bahá’ís de leurs moyens d’existence, la destruction de leur héritage culturel et la privation, pour les jeunes, de tout accès à l’enseignement supérieur.
Depuis 2005, une résurgence d’une persécution plus extrême s’est fait jour avec une augmentation du nombre d’arrestations, de brimades, de violences et d’incendies criminels de maisons et de commerces bahá’ís.
Cette campagne d’attaques systématiques comprenait :
• la création et la diffusion de listes de bahá’ís avec l’instruction de surveiller secrètement les activités des membres de la communauté ;
• des rafles à l’aube dans des maisons de bahá’ís et la confiscation des biens mobiliers personnels ;
• des arrestations sommaires et des interrogatoires de bahá’ís partout dans le pays ;
• l’incitation quotidienne à la haine des bahá’ís sous toutes ses formes par les médias de masse sponsorisés par le gouvernement ;
• l’organisation, par le clergé, de symposiums et de séminaires anti-bahá’ís suivis d’attaques orchestrées contre les habitations et propriétés des bahá’ís dans les villes où ont eu lieu ces activités ;
• la destruction de cimetières bahá’ís partout dans le pays ;
• la démolition de lieux sacrés bahá’ís ainsi que de tombeaux ;
• l’incendie criminel de maisons et de propriétés bahá’íes ;
• l’interdiction de l’accès aux études supérieures pour les bahá’ís ;
• la diffamation des enfants bahá’ís par leurs professeurs dans les classes ;
• la désignation de nombreux emplois et commerces comme étant interdits aux bahá’ís ;
• le refus d’accorder des prêts bancaires aux bahá’ís ;
• la fermeture de magasins bahá’ís ;
• le refus d’accorder ou de renouveler des licences professionnelles aux bahá’ís ;
• le harcèlement des propriétaires de commerces loués à des bahá’ís afin de les obliger à les expulser.
Exemples précis de persécutions qui se sont produites ces dernières semaines :
• les maisons appartenant à quelque 50 familles bahá’íes dans le village isolé d’Ivel ont été démolies suite à une longue campagne ayant pour objectif leur expulsion de la région ;
• le Service de renseignements, qui a un bureau dans chaque université ou organisme gouvernemental iranien, a donné l’instruction aux autorités de l’université de Shaheed Beheshti de n’avoir aucune relation d’affaires avec des sociétés appartenant à des bahá’ís ;
• deux bahá’ís, propriétaires de magasins d’optique à Téhéran ont reçu une lettre d’avertissement du syndicat professionnel des opticiens pour qu’ils ferment leurs commerce, des magasins semblables ayant déjà été obligés de cesser leur activité à Khomein et à Rafsanjan ;
• un tract anti-bahá’í intitulé “ les adeptes de Satan ” a été largement diffusé dans la ville de Kerman. Il présente des allégations fausses concernant l’histoire bahá’íe, y compris l’idée erronée de la création de la foi bahá’íe par les Britanniques ;
• des cargaisons de déchets de construction et de terre ont été déversées sur les tombes du cimetière bahá’í de Boroujerd. Des bâtiments dans le cimetière de Mashhad – y compris le lieu de prières – ont été gravement endommagés par des engins lourds.
Actuellement, quelque 50 bahá’ís iraniens, y compris les sept dirigeants, sont en prison ; certains ont été incarcérés des mois durant dans des cellules d’isolement, prévues seulement pour la détention temporaire.
« Le scénario est clair, le gouvernement iranien persécute systématiquement les bahá’ís pour une seule et unique raison : leurs croyances religieuses, a expliqué Mme Dugal.
« Le gouvernement sait que les enseignements bahá’ís prônent la non-violence et le non-engagement politique. Cependant, cette campagne poursuit rigoureusement un seul objectif : l’éradication de la communauté bahá’íe en tant qu’entité viable en Iran.
« Dans cette perspective, l’emprisonnement des sept responsables bahá’ís doit être compris comme une tentative de décapiter la direction de la communauté et de porter un coup dévastateur à la plus importante minorité religieuse non-musulmane en Iran. »
Dossier spécial – « Le procès des sept dirigeants bahá’ís »
Le Baha’i World News Service a publié un dossier spécial qui comprend des articles et des informations générales concernant les sept dirigeants bahá’ís iraniens – leur vie, leur emprisonnement, le procès et leur condamnation, ainsi que les allégations portées contre eux. Il présente également d’autres ressources d’information au sujet de la persécution de la communauté bahá’íe iranienne.
Ce dossier spécial peut être consulté ici.
Pour des informations en français, vous pouvez consulter le site officiel des bahá’ís de France sur : http://www.bahai.fr/iran