New York, publié le 28 janvier 2010 – L’inquiétude grandit face au manque d’informations au sujet de la situation de dix bahá’ís arrêtés au début du mois en Iran.
En plus de l’inquiétude à propos de leur sécurité, on craint que les charges retenues contre ces dix bahá’ís soient utilisées afin de créer de fausses preuves dans le procès qui reprendra le 7 février à l’encontre des sept responsables bahá’ís emprisonnés depuis 2008.
« Notre inquiétude, c’est qu’en l’absence de toute preuve contre les sept responsables, les autorités soient tentées d’en créer en forçant peut-être les bahá’ís récemment arrêtés à « avouer » qu’ils sont impliqués dans l’organisation des manifestations de l’Achoura en décembre, sous les ordres de leurs « responsables », a déclaré Bani Dugal, la principale représentante aux Nations unies de la Communauté internationale bahá’íe. Une telle affirmation serait absurde, étant donné que les sept responsables étaient en prison ces deux dernières années. »
Depuis leur arrestation le 3 janvier, des déclarations ont été reprises dans les médias contrôlés par l’État affirmant que les dix bahá’ís possédaient des armes et des munitions à leur domicile, dans le cadre d’un complot anti-gouvernemental lié aux manifestations de décembre.
« Les dix bahá’ís ont pour ainsi dire disparu dans le système carcéral iranien », a précisé Mlle Dugal.
« Bien qu’on ne sache si certaines de ces dix personnes étaient effectivement présentes lors des manifestations de l’Achoura, toute allégation selon laquelle ils étaient au centre de l’organisation de ces événements ou qu’ils possédaient des armes destinées à être utilisées contre le gouvernement est complètement infondée, a-t-elle poursuivi. Pendant les trois semaines qui ont suivi l’arrestation de ces bahá’ís, leurs familles n’ont eu aucun contact avec eux, sauf un bref message téléphonique à l’un des membres d’une famille le 11 janvier. »
Alors que les familles n’ont pas pu contacter les dix bahá’ís, on a appris qu’ils ont été récemment transférés à la prison de Gohardasht à Karaj.
« Un co-détenu de certains des prisonniers bahá’ís a récemment été libéré, et cette personne a informé les familles de leur transfert, a dit Mlle Dugal. Nous ne savons pas exactement ce que cela signifie, mais nous savons que les familles ont essayé d’apporter des vêtements et de l’argent aux prisonniers. L’argent a été accepté par les autorités à Karaj, mais pas les vêtements. »
Les dix bahá’ís arrêtés le 3 janvier sont Mme Leva Khanjani, petite-fille de Jamaloddin Khanjani, un des sept responsables bahá’ís, et son mari, M. Babak Mobasher ; M. Artin Ghazanfari et sa femme, Mme Jinous Sobhani, ancienne secrétaire du prix Nobel et avocate des droits de l’homme, Shirin Ebadi ; MM. Mehran Rowhani et Farid Rowhani qui sont frères ; M. Payam Fanaian ; M. Nikav Hoveydaie ; et M. Ebrahim Shadmehr et son fils, M. Zavosh Shadmehr.
Le 12 janvier, l’inculpation formelle des sept responsables bahá’ís a eu lieu dans la section 28 du Tribunal révolutionnaire à Téhéran.
Selon les comptes rendus dans les medias contrôlés par le gouvernement, les sept bahá’ís ont été accusés de : espionnage, activités de propagande contre l’ordre islamique, établissement d’une administration illégale, coopération avec Israël, envoi de documents secrets hors du pays, agissements contre la sécurité du pays et corruption sur Terre.
Au tribunal, la défense a explicitement rejeté toutes ces accusations.
Mlle Dugal a affirmé que le juge aurait fait savoir que la prochaine séance du procès, qui se tiendra le 7 février, sera publique et que les familles seront autorisées à y assister. La première comparution devant le tribunal s’est tenue à huis-clos.
Les sept « responsables » sont Mme Fariba Kamalabadi, MM. Jamaloddin Khanjani, Afif Naeimi et Saeid Rezaie, Mme Mahvash Sabet, MM. Behrouz Tavakkoli et Vahid Tizfahm.
Ce groupe de sept et les dix bahá’ís arrêtés le 3 janvier font partie des centaines de bahá’ís qui sont détenus à la suite de la persécution continuelle des bahá’ís, une campagne systématique qui a gagné en sévérité ces dernières années.