La Communauté internationale baha’íe adresse un courrier au Procureur général d’Iran

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New York, Nations Unies, publié le 7 mars 2009 (mise à jour le 10 mars pour tenir compte de la traduction définitive en français de la lettre) – La Communauté internationale bahá’íe vient de publier une lettre ouverte au procureur général de l’Iran, retraçant l’histoire tragique de la persécution des bahá’ís dans ce pays, expliquant leur innocence face aux accusations portées par le gouvernement et demandant l’impartialité dans un procès qui pourrait intervenir à l’encontre de sept prisonniers bahá’ís.

La lettre a été envoyée par courrier électronique à l’Ayatollah Qorban-Ali Dorri-Najafabadi tard dans la journée du 5 mars. Elle suggère que l’oppression constante du gouvernement à l’encontre des bahá’ís produira un large impact sur la société iranienne dans son ensemble.

« Monsieur le Procureur, la décision que doit prendre la magistrature iranienne dans les jours qui viennent aura des implications qui s’étendront bien au-delà de la communauté bahá’ie de ce pays. C’est la liberté de conscience pour les membres de votre nation qui est en jeu. Nous espérons que pour la sainteté de l’islam et pour l’honneur de l’Iran les magistrats sauront être justes dans leur jugement ».

La lettre fait suite à une série de déclarations de l’Ayatollah Najafabadi, rapportées dans les médias iraniens, exposant les accusations portées contre les bahá’ís et indiquant que les dispositions ad hoc destinées à régler les affaires spirituelles et sociales de la communauté bahá’íe d’Iran étaient illégales.

« La République islamique d’Iran ne permettra à aucun mouvement de porter atteinte à la sécurité nationale au travers d’activités organisationnelles illégales et non autorisées », a-t-il déclaré, se référant spécifiquement aux bahá’ís, selon un communiqué publié par IRNA, l’agence de presse de la République islamique.

Les sept membres du groupe qui coordonnait les affaires des bahá’ís au niveau national, emprisonnés depuis environ 10 mois, ont répondu à cette déclaration depuis leur cellule.

Ils ont fait savoir que si les arrangements pris pour administrer les affaires de la communauté bahá’íe ne sont plus acceptés par le gouvernement, y mettre fin ne pose pas de problème majeur. Ils ont ajouté que c’était à présent chose faite, montrant ainsi une fois de plus la bonne volonté des bahá’ís, bonne volonté dont ils n’ont cessé de faire preuve envers le gouvernement depuis trente ans.

La lettre a aussi été envoyée à la mission permanente de la République islamique d’Iran auprès des Nations Unies et publiée le 5 mars au soir sur le site Web du bureau des Nations Unies de la Communauté internationale bahá’íe. Elle détaille avec précision les faits marquants de l’oppression de la communauté bahá’íe iranienne depuis l’établissement de la République islamique d’Iran en 1979.

« Le harcèlement et les mauvais traitements continuèrent sans interruption pendant cette période mais ils furent portés à de nouveaux niveaux d’intensité ces dernières années quand des éléments qui, historiquement, se vouaient à la destruction de la communauté bahá’ie, virent leur influence s’accroître dans les affaires du pays », déclare la Communauté internationale bahá’íe dans la lettre.

Elle relève que c’est seulement en réponse à cette persécution que de petits groupes ad hoc ont été formés pour « subvenir aux besoins spirituels et sociaux » des 300 000 baha’ís d’Iran, et que le gouvernement a travaillé avec ces structures pendant plus de 20 ans.

Au niveau national, le groupe était connu sous le nom de « Yaran, » ce qui signifie « Amis » en persan. Les « Khademin, » ou « Ceux qui servent », ont rempli des fonctions similaires au niveau local.

« • L’an dernier, les sept membres des Yaran furent emprisonnés, l’une en mars et les six autres en mai. Ils furent tenus au secret, isolés, et sans contact avec leur famille pendant quelque temps. Puis des membres de leurs familles purent venir les voir brièvement et sous bonne garde. Mais les prisonniers n’ont toujours pas eu accès à leurs conseillers juridiques. La sévérité de leurs conditions d’emprisonnement a varié au long des mois et à un moment les cinq hommes étaient enfermés dans une même cellule de 10 m2, sans lit », souligne la Communauté internationale bahá’íe.

Les sept personnes sont Madame Fariba Kamalabadi, Monsieur Jamaloddin Khanjani, Monsieur Afif Naeimi, Monsieur Saeid Rezaie, Madame Mahvash Sabet, Monsieur Behrouz Tavakkoli et Monsieur Vahid Tizfahm. Tous, à l’exception de l’une d’entre eux, ont été arrêtés le 14 mai 2008 à leur domicile à Téhéran. Madame Sabet a été arrêtée le 5 mars 2008 alors qu’elle se trouvait à Mashhad.

« Finalement, continue la lettre, après neuf mois d’emprisonnement sans que soit trouvé la moindre preuve de malversation de leur part, les membres des Yaran furent accusés d’espionnage au profit d’Israël, de blasphème et de propagande contre la République islamique. On annonça aussi qu’ils passeraient bientôt en procès ».

« • Cette annonce fut presque immédiatement suivie d’informations qui indiquaient que vous aviez écrit au ministère de l’information en indiquant que l’existence des Yaran et des Khademin était illégale en Iran tout en soulevant la question des droits constitutionnels des Iraniens à la liberté de croyance. Vous fîtes ensuite une annonce officielle dans ce sens ».

« Monsieur le Procureur, les événements de ces dernières années et la nature des accusations portées conduisent tout observateur impartial à se poser la question de l’intention cachée derrière cette perpétration systématique d’injustices envers les bahá’ís d’Iran. A supposer que certains malentendus aient pu exister quant aux motivations de la communauté bahá’ie pendant les débuts turbulents de la révolution, comment de tels soupçons peuvent-elle encore persister aujourd’hui ? Est-il possible qu’un seul membre du gouvernement respecté d’Iran croie sincèrement ces fausses accusations constamment répétées contre les bahá’ís de ce pays ? Les faits qui suivent ne sont-ils pas connus des diverses branches du gouvernement ? ».

La lettre relève également que de nombreux iraniens célèbres se sont récemment mobilisés pour défendre les bahá’ís, créant un lien entre le combat général pour les droits de l’Homme en Iran et la situation des bahá’ís.

« Et nous entendons la voix de tant d’Iraniens qui s’élève en défense de leurs compatriotes bahá’ís et qui fait écho au glorieux passé de leur pays. Nous ne pouvons manquer de remarquer avec gratitude que la grande majorité de ceux qui soutiennent ouvertement une communauté bahá’ie aux abois souffrent eux-mêmes d’oppression similaire, qu’ils soient étudiants ou universitaires, journalistes ou militants, artistes ou poètes, intellectuels ou partisans du droit des femmes ou même simples citoyens ».

Pour plus d’informations sur la situation en Iran : http://www.bahai.fr/iran

Les versions française, persane et anglaise de la lettre se trouvent ci-dessous.

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Version française de la lettre au Procureur général d’Iran
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Version anglaise de la lettre au Procureur général d’Iran
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Version iranienne de la lettre au Procureur général d’Iran

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