Genève, publié le 8 août 2013 – L’Organisation internationale du travail (OIT) a fait part de sa « profonde inquiétude » concernant la discrimination persistante contre les bahá’ís en Iran dans les domaines de l’économie et de l’éducation.
Un comité de l’OIT chargé notamment de contrôler, au niveau international, le respect du droit à la non-discrimination dans le recrutement et le travail a rapporté que le cas des bahá’ís iraniens reste « particulièrement sérieux » à cause de la « discrimination systématique » faite par le gouvernement.
« L’OIT est une organisation tripartite qui représente les gouvernements, les travailleurs et les employeurs du monde entier. Le rapport du comité, publié en juin dernier, est par conséquent particulièrement significatif car il représente non seulement l’opinion des gouvernements mais aussi celle des travailleurs et des employeurs », a déclaré Diane Ala’i, la représentante de la Communauté internationale bahá’íe aux Nations unies à Genève.
« Le fait que l’OIT a rejoint le tollé international à propos de la discrimination continue de l’Iran contre les bahá’ís dans le milieu du travail et de l’éducation est un indicateur important de l’opinion mondiale. »
« En effet, non seulement l’Iran n’a pas réussi à éliminer la discrimination, mais la situation s’est aggravée, a indiqué Mme Ala’i. Depuis janvier de cette année, il y a eu une forte augmentation du nombre de magasins bahá’ís qui ont été fermés ou dont la licence commerciale a été retirée. »
Mme Ala’i a précisé que, par exemple, quelque 32 magasins dont les propriétaires étaient bahá’ís ont été fermés à Hamadan à la fin de l’année dernière et, à part deux exceptions, tous les autres commerçants bahá’ís de cette ville ont été convoqués par les autorités pour un interrogatoire fin février. Nombre d’entre eux ont ensuite vu leur magasin être fermé.
« Un magasin bahá’í de Hamadan a été fermé parce que le propriétaire refusait d’ouvrir le magasin lors des jours fériés bahá’ís, a continué Mme Ala’i. Quand il a commencé à vendre des marchandises depuis son camion, son véhicule a été confisqué. Sa demeure a aussi été mise à sac et son compte en banque fermé. De telles formes de discrimination contre les bahá’ís ont lieu partout en Iran. »
La discrimination contre les bahá’ís iraniens dans le domaine de l’éducation supérieure continue également, a expliqué Mme Ala’i, faisant remarquer que cette discrimination s’étend également aux écoles professionnelles, qui se trouvent être du domaine de l’OIT.
« Un certain nombre d’écoles professionnelles se trouvaient parmi les 81 universités iraniennes qui ont reçu, en 2006, des instructions spécifiques pour exclure tous les étudiants qui s’avéraient être bahá’ís », a déclaré Mme Ala’i, faisant référence à un mémorandum confidentiel émis par le gouvernement.
Le rapport du comité de l’OIT, dans ses conclusions, « exhorte le gouvernement [iranien] à mettre en œuvre une action décisive pour combattre la discrimination contre les minorités ethniques et les minorités religieuses non reconnues, en particulier, les bahá’ís ».
Le rapport cite également des représentants des travailleurs, des employeurs et des gouvernements au sujet la situation en Iran. De tels commentaires sont faits sous couvert d’anonymat pour garantir l’indépendance du comité vis-à-vis de toute pression par les gouvernements.
« Les membres représentant les travailleurs ont déclaré qu’en dépit de nombreux examens de ce cas, aucun progrès réel n’a été fait pour se mettre en accord avec la Convention, lit-on dans le rapport. Le manque de capacité du gouvernement d’abroger même les lois et les règles les plus ouvertement discriminatoires est profondément regrettable. »
Selon le rapport, ces membres ont aussi proposé qu’une mission de haut niveau soit envoyée le plus rapidement possible pour visiter le pays, avec l’objectif global de relever des faits et d’établir un plan d’action limité dans le temps afin d’assurer le respect de la Convention.
De même, les membres représentant les employeurs « exhortent le gouvernement à prendre des mesures concrètes pour assurer une protection générale contre la discrimination directe et indirecte dans tous les domaines énumérés dans la Convention ».
Plusieurs gouvernements, dont l’Union européenne et le Canada, ont aussi été cités dans le rapport.
Le représentant du gouvernement canadien, par exemple, a déclaré que les minorités religieuses faisaient face à une discrimination persistante et généralisée.
Selon le rapport, il a déclaré : « Les membres de la foi bahá’íe ont été victimes de discrimination dans l’accès à l’éducation, aux universités et aux postes dans le secteur public ; ils ont été privés du droit à la propriété, à l’emploi et à l’éducation. L’échec continu du gouvernement à respecter ses obligations dans le cadre de la Convention, malgré les appels répétés au changement émanant du Comité, a démontré un manque de sérieux et de bonne foi. »