Ce texte n’engage que son auteur et ne représente pas une position officielle des bahá’ís de France
Je n’écrivais pas l’Iran, je ne la pensais pas, je ne m’y intéressais pas.
Un matin, l’Iran est entré dans ma vie.
New York fêlée, Bagdad tombée, Téhéran devenait l’incontournable, la malveillante.
Un article dans le Monde, un autre dans Libé, c’en était assez pour moi.
Je n’étais pas prête à sacrifier ma sérénité quotidienne à la peur de l’Autre. Alors j’ai oublié l’Iran. Alors j’ai oublié l’Autre.
Un soir, l’Iran est revenu. Le portrait d’un Persan dans une chambre, l’annonce d’un prophète, l’existence d’un peuple qui souffre tout en restant héroïque s’imposaient à moi. Intellect défendant, cœur acceptant.
Alors un Persan, un autre, et puis un autre, encore, encore, et encore, dans ma vie.
Une foi, une bonne fois pour toutes.
Un article dans le Monde, un autre dans Libé, ce n’était plus assez pour moi. Pas assez pour parler de ceux qui vivent là bas, de ce qu’ils vivent là- bas.
Il racontait son Algérie, un de mes amis lors de Naw Ruz, celle où il avait grandi d’une enfance baha’ie en partie cachée, des Paroles qu’il devait murmurer pour ne pas se faire dénier, dénigrer, refuser, rejeter par les autres enfants, par les autres parents d’enfants, par les enseignants.
Du souvenir de son père inquiété par son gouvernement pour ce qu’il priait. Communauté d’expériences et de souffrances avec les enfants d’Iran. Puis, il racontait sa France où il était venu finir ses études, où il pouvait vivre librement sa Foi, mais quand même…
Quand même…
Il racontait son Iran, un autre de mes amis, celle qu’il ne connaissait que par sa famille, l’Iran où la tombe de sa grand-mère avait été détruite, où son grand- père avait été expulsé de chez lui à quatre-vingt dix ans, où sa cousine avait passé plus d’une année emprisonnée pour sa Foi. Il racontait cet Iran où un chevalier s’est levé et a donné sa vie pour éradiquer toute forme d’intégrisme et d’extrémisme dans le monde.
Avoir foi en notre Foi.
Je n’écrivais pas l’Iran. Je n’écrivais pas le fanatisme. Je n’écrivais pas l’intégrisme. J’ai voulu que l’Iran entre dans ma vie, la seconde fois.
J’ai vu ces deux maux qui le traversent et qui les abîment, les Baha’is de là- bas. Des maux que nous pouvons entr’apercevoir tout autour de nous. Que nous devons apercevoir.
Vous n’écrivez peut- être pas l’Iran mais il est à côté de vous. Voyez-le. Voyez son peuple qui souffre. Une souffrance sans frontières. Une compassion sans frontières, elle aussi.
Je n’écrirai pas le fanatisme. Je n’écrirai pas l’intégrisme.
Carine D.M. pour Rochane K., Mars 2009