Iran : L’éducation supérieure, mise en place par les bahá’ís pour leurs jeunes, considérée comme une « conspiration » contre l’État

Partager cet article :

GENÈVE, publié le 2 août 2011- Quelque neuf semaines après leur arrestation, 11 bahá’ís iraniens, associés à une initiative offrant une éducation supérieure aux jeunes membres de leur communauté exclus de l’université, seraient maintenant inculpés.

La Communauté internationale bahá’íe a appris que, pour avoir créer l’Institut bahá’í d’enseignement supérieur (IBES), ces 11 bahá’ís iraniens sont accusés de « conspiration envers la sécurité nationale » et de « conspiration contre la République islamique d’Iran ».

« Qu’est-ce qui peut bien motiver la République islamique à lancer de telles charges ? », demande Diane Ala’i, la représentante à Genève de la Communauté internationale bahá’íe aux Nations unies.

Un tollé international généralisé a suivi les dernières attaques contre l’Institut bahá’í d’enseignement supérieur au cours desquelles des rafles ont été opérées dans 39 maisons à la fin du mois de mai. Des 19 membres du personnel ou du corps enseignant de l’IBES qui ont été détenus à l’origine suite à ces descentes, 11 sont toujours en détention.

« Agissement impitoyable »

Le ciblage récent de l’IBES est la dernière tentative d’une politique constante pour maintenir la plus importante minorité religieuse non-islamique d’Iran en marge de la société. Depuis la révolution islamique de 1979, les jeunes bahá’ís ont été systématiquement privés du droit à une éducation supérieure. N’ayant pas d’autres possibilités, la communauté bahá’íe a alors lancé son propre programme d’éducation. Celui-ci, à son tour, a subi des attaques en maintes occasions de la part des autorités iraniennes qui l’ont maintenant déclaré « illégal ».

« Cet agissement impitoyable fait intégralement partie d’un plan systématique pour appauvrir les bahá’ís d’Iran », explique Madame Ala’i. « Les autorités sont à l’évidence déterminées à forcer les jeunes bahá’ís qui aspirent à apporter leur contribution à leur société, à quitter leur patrie.

« Les bahá’ís ont, durant 3 décennies, été exclus de l’éducation supérieure. Et maintenant, leur propre initiative pacifique – dont l’objectif était de répondre aux besoins générés par les propres actions du gouvernement – est qualifiée de conspiration contre l’État.

« Les actions de l’Iran ont été attentivement examinées dans ce pays et, dans le monde entier, par des gouvernements, des organisations et des personnes impartiales. Le moment est venu pour la communauté internationale de s’insurger contre les agissements du gouvernement iranien », a-t-elle ajouté.

Les craintes des familles

Les familles des 11 prisonniers craignent que leurs êtres chers restent détenus pour une période prolongée.

« Nous savons que, dans le cas des sept responsables bahá’ís iraniens, ils auraient dû être libérés dans les deux mois ; la cour n’a présenté aucun élément de preuve justifiant leur emprisonnement prolongé », a affirmé Madame Ala’i.

« Lorsque les avocats de la défense ont élevé des objections contre cette détention, le tribunal a inventé de nouvelles charges pour justifier leur maintien en prison. Ils ont été détenus illégalement pendant presque deux ans conformément à l’ordonnance originale du tribunal ».

Condamnation internationale

La réponse internationale à la dernière attaque menée à l’encontre de l’Institut bahá’í d’éducation supérieure (IBES) englobe des activités aussi variées qu’une campagne d’étudiants de l’université de Zambie, un appel à l’UNESCO de l’association Universities Australia, représentant 39 universités en Australie, un article d’un journal du Koweït et une initiative d’envoi de cartes postales en France. Onze bahá’ís détenus, appartenant à l’Institut, seraient confrontés à des accusations de « conspiration contre la sécurité nationale » et de « conspiration contre la République islamique d’Iran ».
La réponse internationale à la dernière attaque menée à l’encontre de l’Institut bahá’í d’éducation supérieure (IBES) englobe des activités aussi variées qu’une campagne d’étudiants de l’université de Zambie, un appel à l’UNESCO de l’association Universities Australia, représentant 39 universités en Australie, un article d’un journal du Koweït et une initiative d’envoi de cartes postales en France. Onze bahá’ís détenus, appartenant à l’Institut, seraient confrontés à des accusations de « conspiration contre la sécurité nationale » et de « conspiration contre la République islamique d’Iran ».
Le tollé contre la dernière attaque envers l’Institut bahá’í d’enseignement supérieur s’est étendu au monde entier, de l’Australie à la Zambie.

Australie : le 28 juin, Universities Australia – représentant 39 des universités du pays – a soulevé la question avec le directeur général de l’UNESCO. Elle affirme : « Les universités australiennes sont unies dans leur ferme soutien à l’accès à l’éducation pour tous, sans distinction de croyance. » Dans une déclaration datée du 1er juin, le Vice-chancelier et Ministre des affaires étrangères australien, Michael Spindelegger a qualifié la restriction d’accès à l’éducation pour les jeunes bahá’ís « d’inacceptable ».

Brésil : le 2 juin, Luiz Couto, membre du Congrès et ancien président de la Commission brésilienne pour les droits de l’homme et des minorités, a affirmé devant le Congrès national brésilien que « l’action menée par les autorités à l’encontre des individus appartenant à l’IBES démontre la ferme intention du gouvernement iranien de poursuivre leur politique d’élimination de la communauté bahá’íe ».

Canada : le 21 juin, la sénatrice Mobina Jaffer – première femme musulmane élue au parlement canadien – a informé le Sénat que les attaques ne sont pas menées seulement à l’encontre « des étudiants et du corps enseignant de l’Institut bahá’í d’éducation, mais à l’encontre de l’idée fondamentale que l’éducation est un droit essentiel pour tous ».

Chili : le 15 juin, le sénat a unanimement demandé au président Sébastien Pinera de « condamner fermement » l’Iran pour ses « persécutions rigoureuses et systématiques des bahá’ís ». La résolution mentionne spécifiquement les arrestations des enseignants et membres du personnel de l’IBES, protestant contre la « détention injuste de ces personnes ».

Angleterre : le 11 juin, des enseignants des universités d’Oxford, de Cambridge et encore d’autres universités de premier plan d’Angleterre ont rédigé une lettre ouverte, appelant les universitaires, les étudiants et les politiciens à soutenir le droit des bahá’ís à accéder à l’éducation supérieure en Iran. « Les autorités doivent être informées que les droits de l’homme sont universels, ont-ils affirmé dans le journal The Guardian. Exclure les bahá’ís des universités révèle la propre ignorance du gouvernement. »

France et Pays-Bas : des milliers de cartes postales ont été distribuées dans toutes les régions de France et des Pays-Bas, décrivant la situation. Des présentations concernant la campagne de cartes postales ont été diffusées sur les stations de radios françaises.

Les jeunes réunis à Dijon pour la session de formation intensive à la séquence de cours proposée par l’Institut de formation baha’i de France du 11 au 17 juillet 2011 ont consacré un temps de réflexion pour planifier des actions autour de la campagne de cartes postales.
Les jeunes réunis à Dijon pour la session de formation intensive à la séquence de cours proposée par l’Institut de formation baha’i de France du 11 au 17 juillet 2011 ont consacré un temps de réflexion pour planifier des actions autour de la campagne de cartes postales.
« La France reprend l’initiative lancée par les Pays-Bas, et soutenue par de nombreux autres pays, d’envoyer des cartes postales en nombre au ministre iranien de la Science, de la Recherche et de la Technologie, M. Kamran Daneshjoo », explique Sophie Ménard, la porte-parole des bahá’ís de France, « beaucoup d’actions sont menées par voie officielle et diplomatique, cette fois-ci c’est la force de l’action individuelle qui est privilégiée et qui pourra avoir également son influence ».

Les bahá’ís de France ont accueilli avec enthousiasme et détermination cette initiative. Depuis le premier jour du lancement de cette campagne début juillet, ils ont fait signer leurs voisins, leurs familles et leurs amis. De même des personnalités ont également été approchées et ont répondu favorablement à cette initiative en signant les cartes.

Certains bahá’ís, rassemblés lors de leur réunion de réflexion trimestrielle, en ont profité pour réfléchir sur la manière de profiter de cette opération d’information, au sujet de la situation des bahá’ís d’Iran, afin d’éviter de réduire cette initiative à une simple campagne de signatures mais plutôt d’être l’occasion concrète d’engager des conversations réfléchies afin d’«entreprendre une exploration de la réalité qui donne lieu à une compréhension partagée des exigences de cette période de l’histoire humaine et des moyens d’y faire face ».1

Les 120 jeunes réunis à Dijon en juillet pour la session de formation intensive à la séquence de cours proposée par l’Institut de formation bahá’í de France ont également consacré un temps de réflexion pour planifier des actions autour de cette campagne.

Contact : Bureau des affaires extérieures des bahá’ís de France – téléphone : 06 63 55 49 14 et baebf@bahai.fr

Allemagne : le 9 juin, Christoph Strasser, membre du parlement allemand et porte-parole des sociaux démocrates sur les droits de l’homme, a présenté une lettre de protestation à l’ambassadeur iranien en Allemagne. « Tous les hommes ont droit à l’éducation », a écrit M. Strasser. En interdisant aux bahá’ís l’accès aux universités, votre gouvernement nuit aux droits fondamentaux de l’homme. »

Nouvelle-Zélande : condamnant les rafles et les arrestations, le ministre des Affaires étrangères de Nouvelle-Zélande, Murray McCully, a qualifié le refus d’éducation supérieure vis-à-vis des bahá’ís en Iran de « répréhensible ».

Inde : quelque 80 personnalités éminentes du pays ont signé une pétition adressée au gouvernement iranien pour appeler à la libération immédiate et inconditionnelle des prisonniers. « Les conséquences de cette politique, interdisant aux jeunes bahá’ís d’avoir accès à l’enseignement supérieur, seront préjudiciables non seulement pour la communauté bahá’íe d’Iran, mais aussi pour la nation tout entière », écrivent-ils.

Irlande : le président et les membres du Comité paritaire des affaires étrangères et du commerce d’Irlande – qui comprend des membres du parlement et des sénateurs – ont rencontré l’ambassadeur d’Iran en Irlande et ont soulevé la question, demandant à l’ambassadeur de transmettre leurs préoccupations aux autorités à Téhéran. L’ambassadeur en a pris l’engagement.

Koweït : le 24 mai, AI Seyassah, un journal du Koweït, a publié un article rapportant les attaques contre l’IBES.

Zambie : des étudiants de l’université de Zambie ont lancé une campagne de cartes postales de deux semaines « en soutien à l’IBES et au droit à l’éducation ». Les cartes postales représentent d’un coté des étudiants zambiens et, de l’autre, un message au ministre iranien de la Science, de la Recherche et de la Technologie déclarant que « les bahá’ís devraient pouvoir entrer dans les universités comme enseignants, comme membres du personnel et comme étudiants autorisés à obtenir un diplôme ».

« Nous continuons à faire appel aux gouvernements, aux organisations et aux individus partout dans le monde d’exhorter l’Iran afin qu’il soit accordé aux bahá’ís leur droit de l’homme fondamental à l’éducation et de libérer immédiatement ces prisonniers », a déclaré Diane Ala’i.

Dossiers spéciaux

Le Baha’i World News Service a publié des dossiers spéciaux qui comprennent des articles et des informations générales concernant les sept responsables bahá’ís iraniens ainsi que d’autres sources d’informations au sujet de la persécution de la communauté bahá’íe iranienne dont la campagne dugrouvernement interdisant l’accès à l’éducation supérieure aux jeunes étudiants de confession bahá’íe.

•Le dossier spécial consacré aux sept responsables bahá’ís iraniens peut être consulté sur http://news.bahai.org/human-rights/iran/yaran-special-report/
•Pour des informations en français, vous pouvez consulter sur ce site officiel des bahá’ís de France le dossier Iran.

•L’autre dossier spécial du Baha’i World News Service comprenant des articles et des éléments de référence sur Iran’s campaign to deny higher education to Baha’is, contient un résumé de la situation, des articles de fond, des études de cas et des témoignages d’étudiants, des sources d’information et des liens. Il peut être consulté sur http://news.bahai.org/human-rights/iran/education-special-report/

•La page International Reaction de Bahá’í World News Service est régulièrement mise à jour avec les réactions de gouvernements, d’organisations non-gouvernementales et de personnalités éminentes aux mesures prises contre les bahá’ís d’Iran.

•La page Media Reports présente un résumé de la couverture médiatique mondiale.


Documents joints

3.La carte postale en français reprenant les faits de la persécution du gouvernement iranien envers les bahá’ís en Iran pour leur bloquer l’accès à l’éducation supérieure. Cette carte est, après signature, à envoyer à M. Kamran Daneshjoo, ministre iranien de la Science, de la Recherche et de la Technologie.


  1. extrait d’un message de la Maison universelle de justice d’avril 2011 

Partager cet article :