Iran – Descente à domicile de fonctionnaires contre de jeunes étudiants baha’is : une nouvelle atteinte au droit à l’éducation et au savoir

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Selon une nouvelle déclaration de la Communauté internationale bahá'íe (BIC) publiée aujourd'hui, le gouvernement iranien utilise de nouvelles tactiques renforcées et brutales pour persécuter sa minorité religieuse bahá'íe.

PARIS, le 18 février 2024 – Le matin du 12 février, dans la ville iranienne de Qaemshahr, de jeunes baha’is s’étaient réunis chez une baha’ie, Mme Maryam Zabihi Zamani, lorsque 15 agents du ministère du Renseignement ont fait irruption dans les locaux en une attaque contre le simple fait de travailler pour acquérir des connaissances. Les jeunes baha’is étaient réunis pour passer un examen dans le cadre de leurs études informelles à l’Institut baha’i d’enseignement supérieur. Le gouvernement iranien interdit aux jeunes baha’is de s’inscrire dans les universités du pays, ce qui les oblige à se réunir dans des maisons privées et au sein de groupes informels pour poursuivre des études de niveau universitaire.

Les agents ont commencé à filmer dès qu’ils ont fait irruption dans la maison, faisant preuve d’un mépris flagrant pour les droits et la dignité des baha’is rassemblés. Les agents ont interrogé et insulté les membres du groupe, ont fouillé la propriété et ont confisqué des ordinateurs, des manuels scolaires, des documents et des objets personnels appartenant à Mme Zabihi et aux jeunes baha’is.

Face au comportement violent et insultant des agents à l’égard de Mme Zabihi, son fils, Bahamin Zamani, a voulu protester mais les agents l’ont frappé brutalement devant sa mère et ses amis.

Cette descente a eu lieu 30 minutes après le début de l’examen, preuve qu’il s’agissait d’une attaque ciblée et délibérée contre un groupe de baha’is réunis simplement pour étudier.

Maryam Zabihi Zamani et quatre des jeunes baha’is présents ont reçu des citations à comparaître et doivent se présenter ce samedi 17 février aux autorités iraniennes. Les agents ont également fait une descente au domicile de l’un des jeunes baha’is, ont fouillé la propriété et ont confisqué des biens.

La représentante de la Communauté internationale baha’ie (BIC) auprès des Nations unies à Genève, Simin Fahandej, déclare : « Imaginez que vous vous retrouviez un matin à passer un examen, dans une maison privée au lieu des salles de classe dont vous avez été exclus pendant 45 ans en raison de votre religion. Le gouvernement fait alors une descente, vous bat et vous arrête, tout cela parce que vous étudiez dans le but de réaliser vos rêves et d’exercer une profession. »

« Tous vos pairs étudiants travaillent ensemble dans des institutions reconnues tandis que vous devez vous contenter d’études informelles, dans des salons ou des cuisines, sachant que vous ne pourrez peut-être même pas travailler dans le domaine que vous avez choisi parce que vous n’aurez pas de qualification officielle. Imaginez que vous commenciez malgré tout l’examen ce matin-là, l’esprit tourné vers votre travail et le cœur tourné vers l’avenir, et soudain, vous êtes violenté et terrorisé par les agents d’un gouvernement qui vous persécute en raison d’un préjugé religieux trompeur qui a gangréné la société iranienne depuis des générations. Et imaginez que ces agents, qui travaillent pour un gouvernement qui devrait vous protéger au lieu de vous punir, battent vos amis et leurs familles parce qu’ils ont réagi aux mauvais traitements infligés à leurs compatriotes baha’is. Si vous pouvez imaginer tout cela, vous pouvez ressentir la nature effroyable de ce qui est arrivé à ce groupe d’étudiants baha’is innocents. »

Hamdam Nadafi, représentante des bahá’ís de France, ajoute : « Fermer l’accès à l’université depuis 45 ans à tout un groupe humain composé de plusieurs centaines de milliers de personnes, en raison de ses convictions religieuses, c’est déjà une terrible chose. Mais qu’un gouvernement aille jusqu’à pourchasser ces mêmes jeunes gens dans leurs demeures parce qu’ils cherchent à s’instruire et à acquérir des connaissances en vue d’exercer un métier, c’est inqualifiable. Car les autorités du pays s’emploient ainsi à détruire le droit humain le plus fondamental reconnu dans de nombreuses conventions internationales : celui d’apprendre, de penser, d’accéder au savoir. Au cours de l’année précédente, le gouvernement iranien a commencé à appliquer cette privation à des milliers d’Iraniens en raison de leur combat pour l’égalité des sexes et la justice. Cette répression généralisée a produit l’effet contraire : elle a suscité une nouvelle prise de conscience chez les Iraniens qui désormais se voient de plus en plus unis autour d’aspirations communes de liberté, de justice, d’égalité, de vivre-ensemble, plus fortes et plus profondes que l’appartenance ethnique ou religieuse. La campagne « Our Story Is One » (Notre histoire est une) symbolise ce nouvel état d’esprit et illustre l’échec de la répression, malgré sa sévérité. »

L’Iran est signataire de conventions internationales protégeant l’accès à l’éducation et d’autres droits humains. Mais depuis la révolution islamique de 1979 et la révolution culturelle des années 1980, les baha’is, la plus grande minorité religieuse non musulmane du pays, se voient refuser l’accès aux universités et sont réprimés dans tous les domaines de la vie. L’an dernier, le BIC a également signalé que les baha’is qui tentaient de s’inscrire à l’université étaient invités à signer un formulaire de déclaration dans lequel ils renonçaient à leurs croyances pour être admis. Le refus de l’enseignement supérieur est au cœur de la politique du gouvernement iranien visant à « bloquer le progrès et le développement » de la communauté bahá’íe.

Cette dernière descente de police illustre l’inquiétude du BIC quant à l’intensification et à la brutalité des nouvelles tactiques utilisées par les autorités iraniennes pour persécuter les baha’is dans l’ensemble du pays.

 

CONTACT PRESSE :
Bureau des affaires extérieures des bahá’ís de France
baebf@bahai.fr

Hamdam Nadafi, Directrice
01 45 00 69 58 / 06 59 73 27 17

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