PARIS, publié le 2 mai 2014 – La Communauté internationale bahá’íe a été choquée d’apprendre la nouvelle que les gardiens de la révolution d’Iran ont commencé une excavation dans un cimetière bahá’í d’importance historique à Shiraz. Le site est, entre autres, la dernière demeure de dix femmes bahá’íes dont la pendaison cruelle en 1983 est devenue le symbole de la persécution meurtrière des bahá’ís par le gouvernement.
« Selon des rapports en provenance d’Iran en date du 30 avril, l’excavation a débuté et des tombes sont en train d’être détruites. Quelque 40 à 50 camions sont alignés afin d’enlever la terre et d’accélérer les travaux », a déclaré Bani Dugal, la principale représentante de la Communauté internationale bahá’íe aux Nations unies.
« Nous lançons un appel urgent à la communauté internationale afin qu’elle élève la voix pour protester contre cet acte inquiétant. »
« Nous demandons aussi personnellement au président iranien Hassan Rouhani de stopper cet acte de profanation. »
Les rapports reçus jusqu’à présent indiquent que les ouvriers travaillant pour les gardiens de la révolution ont terminé une excavation d’environ 1,5 mètre de profondeur et de 200 mètres carrés de superficie. Il semblerait que le trou est proche d’un certain nombre de très vieilles tombes dans la partie ouest du cimetière, mais qu’il n’est pas encore assez profond pour avoir atteint les dépouilles mortelles.
Mme Dugal a précisé que les bahá’ís de la localité ont demandé directement aux gardiens de la révolution de construire le bâtiment prévu dans une partie du site où il n’y a pas de tombes et de transformer l’endroit où il y a des sépultures en espace vert, laissant les morts en paix.
« Des appels ont été adressés à plusieurs autorités municipales et provinciales, notamment au commandant en chef des gardes révolutionnaires, à la municipalité de Shiraz, à l’imam de la prière du vendredi, au gouverneur de la ville, au procureur général d’Iran et au chef du pouvoir judiciaire, mais sans résultat », a ajouté Mme Dugal.
Détenu et utilisé par les bahá’ís de Shiraz depuis le début des années 1920, le site a été confisqué par le gouvernement en 1983, date à laquelle les pierres tombales ont été rasées et ses principaux bâtiments détruits. Depuis, son propriétaire a changé. Il y a trois ans, le bureau provincial des gardiens de la révolution a annoncé qu’il avait repris le site, et un panneau avait été placé indiquant qu’il était prévu d’y construire un « bâtiment pour la culture et le sport ».
Quelque 950 bahá’ís sont enterrés dans ce cimetière.
Parmi les personnes connues qui reposent dans ce cimetière se trouvent les « dix femmes bahá’íes de Shiraz » qui ont été pendues le 18 juin 1983 au plus fort de la campagne d’exécutions menée par le gouvernement contre les bahá’ís. Entre 1979 et 1988, plus de 200 bahá’ís ont été tués en Iran.
Ces dix femmes, qui avaient entre 17 et 57 ans, ont été reconnues coupables de « crimes » tels que le « sionisme » et l’enseignement de classes bahá’íes – l’équivalent de « classes du dimanche » en Occident. Leur exécution injustifiée et dramatique a été condamnée dans le monde entier. À l’annonce de leur sentence, par exemple, le président des États-Unis Ronald Reagan a lancé une demande de clémence pour elles et pour 12 autres bahá’ís condamnés à mort.
Au cours de leur procès, les dix femmes ont été informées que, si elles reniaient leur foi, elles seraient libérées. « Que vous l’acceptiez ou non, je suis bahá’íe », a répondu Zarrin Muqimi-Abyanih, âgée de 28 ans. « Vous ne pouvez pas me le retirer. Je suis bahá’íe de tout mon être et de tout mon cœur. »
La plus jeune d’entre elles, Mona Mahmudnizhad, âgée seulement de 17 ans au moment de sa mort, a été immortalisée dans des chansons et des vidéos. Son innocence évidente et son comportement courageux face à la mort ont fait d’elle et des neuf autres femmes des symboles internationaux de la répression cruelle des bahá’ís par l’Iran.
Les attaques des cimetières bahá’ís ont été une caractéristique commune de la persécution des bahá’ís en Iran au cours des dernières années. Entre 2005 et 2012, au moins 42 cimetières appartenant aux bahá’ís ont été victimes, d’une manière ou d’une autre, d’attaques.
Ces attaques, souvent menées avec l’appui implicite, si ce n’est direct, du gouvernement, ont consisté en incendie de bâtiments mortuaires, renversement de pierres tombales, déracinement d’arbustes paysagés, peinture de graffitis anti-bahá’ís sur les murs de cimetières et exhumation des corps.