Genève, publié le 29 décembre 2014 – La dépouille d’un bahá’í a été retenue à la morgue durant quasiment deux mois dans la ville de Ahvaz, au sud de l’Iran, parce que les autorités officielles ont refusé d’autoriser ses funérailles.
Shamel Bina, décédé le 28 octobre, n’a pas pu être inhumé, en dépit des nombreux appels de sa famille et de ses proches. Ces derniers avaient supplié en vain de nombreux fonctionnaires, du gouverneur général jusqu’au responsable de la prière du vendredi de la ville.
Le supplice de la famille a été aggravé par le fait que, plus tôt dans l’année, le cimetière bahá’í a été fermé par les autorités de manière cruelle. La porte d’entrée de ce cimetière ceint de murs avait été soudée et murée.
Cet épisode est le dernier d’une série d’incidents survenus ces derniers mois où les fonctionnaires iraniens ont empêché ou ont entravé les funérailles de bahá’ís – ou approuvé la destruction de leurs cimetières – apparemment dans le cadre d’une campagne pour forcer les bahá’ís à renier leur propre identité religieuse.
Dans une autre ville, Semnan, les bahá’ís se sont vus notifiés que, pour obtenir un permis d’inhumation pour leurs proches décédés, ils devaient signer un engagement. Dans ce formulaire, il leur était demandé de ne rien faire graver sur les pierres tombales, excepté les noms et dates de naissance et de décès. De même, ils ne pouvaient pas créer d’espace vert dans le cimetière car cet acte est considéré comme une promotion de leur foi. Plus tôt dans l’année 2014, des ordres similaires ont également été émis pour le cimetière bahá’í de Sangsar.
« Ces dernières années, plus de 40 cimetières bahá’ís ont été attaqués, vandalisés ou fermés et les autorités ont empêché ou ont entravé un grand nombre de cas d’inhumations de bahá’ís », a témoigné Diane Ala’i, la représentante de la Communauté internationale bahá’íe auprès des Nations unies à Genève.
« La tendance générale qui se dégage est celle d’un effort coordonné du gouvernement pour rendre les bahá’ís invisibles en Iran en éliminant un des rares signes publics encore visibles de leur existence – leurs propres cimetières – et en les forçant à se conformer aux rites musulmans, encore un autre moyen de forcer les bahá’ís à renier leur foi », a expliqué Mme Ala’i
Le plus connu de ces incidents a été l’effort entrepris depuis avril 2014 par les Gardiens de la révolution à Shiraz pour détruire le cimetière historique bahá’í afin de faire place à un nouveau complexe sportif et culturel.
Cet acharnement se poursuit et ce en dépit d’un appel pour l’arrêt des travaux lancé en septembre 2014 par trois experts des droits de l’homme des Nations unies. Des rapports récents mentionnent que les travaux de construction se poursuivent et que déjà quelque 5.000 à 6.000 mètres carrés de terrain ont été creusés ou construits.
« Cela dépasse le sens commun de la justice que les bahá’ís iraniens doivent non seulement faire face à une persécution généralisée tout au long de leur vie – privés d’éducation, d’emploi et de liberté de croyance – mais qu’il leur soit également refusé régulièrement la dignité d’avoir une sépulture décente », a précisé Mme Ala’i
Les incidents suivants qui se sont déroulés en 2014 font partie de cette campagne :
•Le cas de Ziba Rouhani qui est décédée en octobre à Tabriz. Pendant au moins huit jours, son inhumation au cimetière bahá’í de Tabriz a été refusée par les autorités locales, à moins qu’elle ne soit enterrée sans cercueil, ce qui aurait été contraire aux lois bahá’íes concernant les funérailles.
•Le cas de Mlle Mahna Samandari, une jeune fille talentueuse qui est devenue infirme et qui est décédée récemment à Tabriz à l’âge de 11 ans. Des rapports reçus en novembre mentionnent qu’on lui a également refusé d’être enterrée dans le cimetière à Tabriz.
•En novembre, les autorités gouvernementales ont fermé le cimetière bahá’í à Mahmoudiyeh dans la province d’Ispahan, disant que les bahá’ís ne seraient plus autorisés à y être enterrés.
• En juin à Tabriz, il ressort de rapports que les autorités avaient refusé d’autoriser l’inhumation de Tuba Yeganehpour et deux autres bahá’ís dans le cimetière public de la ville.
•En avril, la tombe d’un éminent bahá’í enterré dans le cimetière bahá’í à Sabzevar a été détruite au moyen d’un bulldozer par une personne inconnue. Comme dans d’autres incidents semblables au cours des dernières années, il est clair que personne ne pouvait utiliser ce type de matériel lourd sans l’accord des autorités.
•Sur une période de huit mois en 2014, on a refusé l’inhumation des dépouilles mortelles d’au moins 15 bahá’ís dans le cimetière public de la ville de Tabriz, et leurs familles ont été obligées de les acheminer dans une autre ville.