GENÈVE, publié le 19 janvier 2011 – Une nouvelle vague d’incendies criminels de commerces tenus par des bahá’ís à Rafsanjan, en Iran, semble faire partie d’une campagne destinée à briser les relations entre les bahá’ís et les musulmans dans la ville.
Après environ une douzaine d’attaques de magasins – perpétrées depuis le 25 octobre 2010 – une lettre d’avertissement adressée aux « membres de la secte égarée bahá’íe » a été envoyée à quelque vingt maisons et commerces dont des bahá’ís sont propriétaires.
Le document anonyme demande que les bahá’ís signent un engagement de « s’abstenir de tout contact ou amitié avec des musulmans » et également « d’employer ou d’embaucher des apprentis musulmans ». Les bahá’ís ont aussi été avertis de ne pas enseigner leur religion, y compris sur internet.
Si ces conditions sont acceptées par les destinataires, « nous garantissons de ne mener aucune attaque contre votre vie et vos propriétés » déclare la lettre.
« Depuis maintenant plus de deux mois, des bahá’ís innocents ont eu leurs commerces détruits par le feu », a déclaré Diane Ala’i, la représentante de la Communauté internationale bahá’íe aux Nations unies à Genève. « Certains d’entre eux ont même subi plus d’un incendie criminel de leurs propriétés. »
« Maintenant, en plus de leurs moyens d’existence, leurs vies mêmes ont été menacées à moins qu’ils ne promettent de s’isoler de leurs amis et de leurs voisins », a-t elle expliqué.
« Qu’est-ce que les auteurs de telles attaques et de ces menaces espèrent accomplir ? a demandé Diane Ala’i. Tout ce qui est porté à la connaissance du monde entier, c’est que la haine fomentée par certains éléments de la société iranienne relève de motivations religieuses. »
Elle a fait remarquer que les bahá’ís ont contacté les autorités locales pour demander qu’une enquête soit menée. « Mais rien, a-t-elle poursuivi, n’a été fait. »
« Invraisemblablement, ils ont même été accusés par certains d’avoir eux-mêmes allumé les incendies en vertu d’instructions provenant de gouvernements étrangers. »
Les attaquants ont particulièrement pris pour cible des entreprises de réparation de mobilier domestique et des magasins d’appareils électroménagers et d’optique tenus par des bahá’ís.
Le 15 novembre, par exemple, des départs de feux ont eu lieu dans deux ateliers de vente et de réparation d’appareils, causant des dégâts dont le montant dépasse des dizaines de milliers de dollars. L’un des commerçants a, par la suite, loué une propriété voisine afin de continuer son commerce et a installé une porte blindée. Un mois plus tard, malgré ces précautions, des agresseurs ont réussi à introduire une substance explosive à l’intérieur du magasin à travers un trou fait dans la toiture, provoquant une explosion qui a projeté la porte à cinq mètres de hauteur et fracassé les fenêtres.
Plus récemment, le 2 janvier, un autre atelier de réparation s’est embrasé lorsqu’un liquide inflammable a été déversé à l’aide d’un tuyau placé derrière les plaques métalliques que le propriétaire avait installées en guise de protection.
Un bulletin d’information publié par une fondation culturelle musulmane de Rafsanjan a déclaré que les attaques ont été provoquées par le fait que certains métiers ont été « monopolisés » par les bahá’ís dans la ville. Un café tenu par un musulman a aussi été incendié après que le bulletin l’avait identifié par erreur comme étant un bahá’í.
« La pression économique sur la communauté bahá’íe d’Iran est déjà critique, avec les licences de travail et de commerce qui sont refusées aux bahá’ís », a ajouté Diane Ala’i.
« Ces attaques et ces menaces sont toutefois une autre forme particulièrement vicieuse de la persécution contre des citoyens ordinaires qui essaient simplement de gagner leur vie et de pratiquer leur religion. »
Le 21 décembre, les Nations unies ont entériné une résolution qui exprimait « leur profonde inquiétude concernant des violations continues et répétées des droits de l’homme » en Iran. La résolution condamne tout particulièrement la discrimination de l’Iran envers les minorités, y compris les membres de la foi bahá’íe.