Genève, publié le 29 juin 2010 – La démolition d’habitations appartenant à quelque 50 familles bahá’íes d’un village reculé du nord de l’Iran n’est que le dernier épisode d’une campagne entamée depuis longtemps pour les expulser de la région.
Les faits se sont passés à Ivel, dans le Mazandéran, où des habitants – incités par des éléments hostiles à la communauté bahá’íe – ont bloqué l’accès normal au village, tout en permettant à des camions et à au moins quatre bulldozers de commencer à raser les maisons.
Des vidéos amateurs, prises par des téléphones mobiles et mises en ligne par des défenseurs iraniens des droits de l’homme, montrent ce qui semble être plusieurs bâtiments réduits à l’état de décombres ainsi que des foyers d’incendie.
Ces démolitions constituent la dernière évolution d’une campagne officiellement approuvée en cours dans la région qui prend pour cible toutes les activités bahá’íes.
Diane Ala’i, représentante de la Communauté internationale bahá’íe auprès des Nations unies à Genève, a déclaré : « On leur interdit de fréquenter les musulmans ou même de proposer leurs services à leurs amis et voisins. »
« Même les plus simples témoignages de bonne volonté, comme apporter des fleurs à un malade hospitalisé ou faire des dons à un orphelinat sont considérés comme des actes contre le régime. »
À Ivel, la plupart des maisons de bahá’ís sont inoccupées depuis que leurs habitants ont pris la fuite suite à des incidents violents ou à des déplacements ordonnés par les autorités. En 2007, par exemple, six maisons furent incendiées.
« Les bahá’ís vivent dans cette région depuis plus de cent ans et la communauté était importante, explique Mme Ala’i, mais en 1983, quelques années après la révolution iranienne, au moins 30 familles de cette localité et des villages environnants ont été jetés dans des bus et expulsés. Depuis lors, elles ont cherché à obtenir une réparation légale mais en vain alors qu’elles reviennent l’été pour les récoltes. »
La journée qui a suivi les démolitions, un bahá’í qui s’était rendu avec sa famille sur place afin de récolter sa production a été battu et insulté par les autres habitants. Dans le passé, ceux qui essayaient de chasser les bahá’ís les ont attaqués alors qu’ils tentaient de pénétrer dans le quartier afin de reconstruire ou rénover leurs propriétés.
« Les attaques gouvernementales continues contre les bahá’ís dans les médias – et l’inaction des autorités locales dans leur devoir de protection – a incité à la haine vis-à-vis des bahá’ís dans la région et partout en Iran », poursuit Mme Alai.
« Les dernières actions montrent l’échec des autorités quant à leur responsabilité vis-à-vis de la protection des bahá’ís et de la liberté religieuse. »
Avant et après les derniers incidents, des membres de la communauté bahá’íe ont déposé des plaintes auprès des autorités gouvernementales, y compris auprès du gouverneur de Sari. Chaque fois, les démolitions ou les motifs qui les sous-tendent ont été déniés.
Vendredi dernier, alors que les informations concernant les dernières actions commençaient à apparaître sur différents sites en langue persane, la Communauté internationale bahá’íe n’a pu confirmer l’incident qu’aujourd’hui. Les derniers rapports indiquent que 90 % des maisons bahá’íes sont maintenant détruites.
Pour plus d’informations sur la situation en Iran : http://www.bahai.fr/iran