Des dirigeants musulmans accueillent positivement l’appel de l’ayatollah Tehrani pour la coexistence religieuse

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PARIS, le 16 mai 2014 – Des dirigeants musulmans du Pakistan, du Royaume-Uni, du Bahreïn, d’Inde et d’Iran se font l’écho de l’appel pour la tolérance et la « coexistence » religieuses avec les bahá’ís, lancé le mois dernier par un important leader religieux iranien.

Ces manifestations de soutien sont importantes parce que beaucoup de responsables musulmans interprètent les enseignements de l’islam comme énonçant que seulement trois religions – le judaïsme, le christianisme et l’islam – sont d’origine divine et, par conséquent, les seules légitimes en tant que croyances religieuses. Ceci a conduit à des restrictions de la liberté religieuse dans certains pays.

Les déclarations de ces dirigeants musulmans sont d’autant plus remarquables qu’elles sont faites dans un climat de graves répressions constantes contre la communauté bahá’íe en Iran, la plus grande minorité non-musulmane de ce pays.

Parmi le large éventail d’actes de persécution impitoyable à travers tout le pays, il y a l’emprisonnement de nourrissons avec leurs mères bahá’íes, le refus permanent aux étudiants bahá’ís d’accéder aux études supérieures, les obstacles au droit de gagner sa vie ainsi que la profanation et la destruction de cimetières bahá’ís, comme tout dernièrement à Shiraz.

Allama Abulfateh G. R. Chishti, directeur de la Universal Interfaith Peace Mission (Mission Universelle Interreligieuse pour la Paix).
Allama Abulfateh G. R. Chishti, directeur de la Universal Interfaith Peace Mission (Mission Universelle Interreligieuse pour la Paix).
Au Pakistan, Allama Abulfateh G. R. Chishti, le directeur de la Universal Interfaith Peace Mission (Mission universelle Interreligieuse pour la Paix), a écrit que « l’islam dans sa véritable nature est un protecteur des minorités religieuses sous son autorité… Ainsi que le dit le Coran : « Il n’y a pas de contrainte dans la religion… »

Il a déclaré que, malgré cela, les bahá’ís ont été persécutés en Iran « parce que la religion d’aujourd’hui a été mal interprétée par les politico-religieux et exploitée par eux pour préserver leurs intérêts ».

Par conséquent, a-t-il écrit, « la voix de l’ayatollah Tehrani ne doit pas être prise à la légère », précisant qu’il a risqué « sa propre vie en soulevant le problème de la sécurité des minorités religieuses en Iran ».

Et d’ajouter : « Tous ceux qui aiment la paix et qui croient à la liberté de religion devraient soutenir l’ayatollah s’ils souhaitent réellement mettre fin à la violence motivée par la religion. »

Au Royaume-Uni la, semaine dernière, le fondateur du British Muslim Forum (Forum musulman britannique) a déclaré qu’il espérait que l’initiative de l’ayatollah Tehrani « aurait pour résultat d’apporter la compréhension nécessaire » entre les musulmans et les bahá’ís en Iran et ailleurs.

« Le Forum félicite l’ayatollah pour son acte courageux et plein de dignité et espère sincèrement qu’il va ouvrir la porte à des relations constructives interconfessionnelles entre les deux communautés religieuses en Iran », a écrit Maulana Shahid Raza en date du 5 mai 2014.

Fiyaz Mughal, le directeur de Faith Matters (Sujets religieux), une organisation interreligieuse et anti-extrémiste basée au Royaume-Uni
Fiyaz Mughal, le directeur de Faith Matters (Sujets religieux), une organisation interreligieuse et anti-extrémiste basée au Royaume-Uni
Le 12 mai, Fiyaz Mughal, directeur de Faith Matters (Sujets religieux), une organisation interreligieuse et anti-extrémiste basée au Royaume-Uni, a publié un article dans le Huffington Post qui fait l’éloge des actes de l’ayatollah Abdol-Hamid Masoumi-Tehrani qui, en avril, a courageusement offert aux bahá’ís du monde une œuvre de calligraphie enluminée de versets d’écrits sacrés bahá’ís.

« [L]e symbolisme de [sa] main tendue s’inscrit dans le sillage de plusieurs déclarations faites récemment par des érudits religieux dans le monde musulman qui ont présenté des interprétations alternatives des enseignements de l’islam dans lesquelles la tolérance de toutes les religions est, en fait, confirmée par le saint Coran », a écrit M. Mughal.

Ibrahim Mogra, le secrétaire général adjoint du Conseil musulman britannique, a de même récemment résumé ces échanges mondiaux en plein essor, en faisant aussi remarquer l’importance du don de l’ayatollah Tehrani aux bahá’ís.

« Il nous a rappelé que l’islam est une religion de paix qui reconnaît la diversité sous toutes ses formes dans le cadre du dessein de Dieu pour sa création », a écrit l’imam Mogra le 21 avril 2014, dans un article paru sur le site du journal The Guardian en Grande-Bretagne.

Ibrahim Mogra, le secrétaire général adjoint du Conseil musulman de Grande-Bretagne
Ibrahim Mogra, le secrétaire général adjoint du Conseil musulman de Grande-Bretagne
« L’ayatollah a fait une chose sans précédent en Iran, a poursuivi l’imam Mogra. Et il fait partie d’une tendance grandissante dans ce pays ; d’autres ont également défendu les droits inaliénables de tous les citoyens iraniens. L’islam a un passé de défense des minorités et de protection de leurs droits et de leurs libertés religieux. »

Au Bahreïn, une expression similaire de soutien est venue d’un journaliste musulman de premier plan, Es’haq Al-Cheikh. Celui-ci a écrit dans Alayam que le don de l’ayatollah Tehrani aux bahá’ís était un « acte qui reflète une compréhension accrue de l’appel du saint Coran pour la coexistence entre les religions ».

« Les gens sont libres de décider ce que leurs croyances religieuses devraient inclure – toutes les religions sans exception sont égales du point de vue théologique », a écrit M. Al-Cheikh, dans un article intitulé : Allow for the Baha’i Faith amongst us (Faire une place à la foi bahá’íe parmi nous). »

« Depuis sa création, la foi bahá’íe a fait face à la persécution, à l’oppression, à la répression et au mépris – un fait en contradiction avec la liberté spirituelle et intellectuelle de coexistence entre toutes les religions, sans exception, y compris la foi bahá’íe », a écrit M. Al-Sheikh.

Après que le don de l’ayatollah Tehrani au monde bahá’í a été annoncé le 7 avril, les expressions de soutien moral et théologique ont commencé à affluer de la part de chefs musulmans.

Maulana Khalid Rasheed Farangi Mahli, responsable du Centre Musulman de l’Inde
Maulana Khalid Rasheed Farangi Mahli, responsable du Centre Musulman de l’Inde
Le 10 avril, Maulana Khalid Rasheed Farangi Mahli, le directeur du Islamic Centre of India (Centre islamique d’Inde), a publié une déclaration disant : « Cette bienveillance envers une minorité religieuse en difficulté est un acte exemplaire. Elle souligne le principe de l’égalité de tous devant Dieu, sans tenir compte de la croyance religieuse.

L’islam enseigne la fraternité et l’unité avec tous les peuples de la terre, et l’acte noble de l’ayatollah Tehrani est en conformité avec les enseignements fondamentaux de Dieu », a déclaré Maulana Khalid Rasheed.

Et en Iran la semaine dernière, un haut dignitaire religieux – bien que ne mentionnant pas l’ayatollah Tehrani – a déclaré que les interprétations de l’islam qui considèrent les bahá’ís comme impurs sont erronées et que les bahá’ís devraient donc jouir des mêmes droits.

« Comme tous les autres juristes religieux qui croient que [tous] les gens sont rituellement purs, je crois aussi que les bahá’ís sont purs », a écrit le hodjatoleslam1 Mohammad Taghi Fazel Meybodi.

Hojatoleslam Mohammad Taghi Fazel Meybodi un religieux de haut rang en Iran
Hojatoleslam Mohammad Taghi Fazel Meybodi un religieux de haut rang en Iran
« En conformité avec les droits de citoyenneté de tous les individus d’un pays, les musulmans, les bahá’ís, les zoroastriens, ou toute personne professant un ensemble de croyances, devraient bénéficier des mêmes droits que tous les autres citoyens du pays », a écrit le hojatoleslam Meybodi dans un essai sur Iranwire, qui a été traduit par Iran Presse Watch.

« Il ne devrait y avoir aucune différence entre un bahá’í, un juif et les autres minorités religieuses dans les autres domaines tels que le droit à l’éducation, le droit de gagner sa vie, le droit de choisir son lieu de résidence, etc… », a poursuivi le hojatoleslam Meybodi.

La réaction du public à ces idées a été considérable.

L’article de M. Al-Sheikh dans Alayam a été largement partagé dans les médias sociaux. Et les gens ont posté quelque 234 commentaires sur l’article du Guardian par l’imam Mogra avant que la page de discussion soit fermée.


  1. ndrl. titre honorifique musulman 

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