LONDRES, publié le 18 juin 2014 – Des représentants des principales communautés religieuses du Royaume-Uni ont demandé la libération immédiate des sept anciens responsables bahá’ís d’Iran emprisonnés.
L’appel a été lancé lors d’une réunion commémorative inédite dans l’abbaye de Westminster, qui s’est tenue le 27 mai à l’occasion du sixième anniversaire de leur emprisonnement. Actuellement, ces sept bahá’ís purgent chacun des peines de prison de 20 ans, les plus longues peines pour des prisonniers de conscience en Iran.
Ce rassemblement a eu lieu dans l’historique chambre de Jérusalem de l’abbaye. Datant de la fin du 14e siècle, c’est dans cette pièce que des comités ont traduit la version autorisée de la Bible en 1611 et ont préparé les versions révisées ultérieures.
Accueillant les invités, le révérend Andrew Tremlett – chanoine de l’abbaye de Westminster – a expliqué que l’abbaye « aspire à être un lieu qui rassemble des gens de toutes les confessions ou qui n’en pratiquent aucune ; il est donc tout à fait justifié que cet événement se déroule à cet endroit ».
Le programme comprenait des prières et des réflexions émises par des représentants des communautés bahá’íe, bouddhiste, chrétienne, hindoue, jain, juive, musulmane, sikh et zoroastrienne. Après ces interventions, sept bougies ont été allumées par les représentants des principales religions, chacune d’elle représentant l’un des responsables bahá’ís emprisonnés.
Des parlementaires, des hauts fonctionnaires, des acteurs de la société civile, des universitaires et des représentants d’organisations interreligieuses étaient également présents. La députée Louise Ellman, présidente du groupe All-Party Parliamentary Friends of the Baha’is (Parlementaires de tous partis, amis des bahá’ís), a déclaré que l’événement avait lieu « dans le contexte d’une détérioration continue de la situation des droits de l’homme en Iran ».
Le traitement réservé à sa communauté bahá’íe par le gouvernement iranien est le test décisif de son respect pour les droits de l’homme de tous ses citoyens, a ajouté Mme Ellmann.
« Aujourd’hui, je réitère l’appel en exhortant les autorités iraniennes à les [responsables bahá’ís] libérer immédiatement et sans condition. »
Deux importants chefs religieux – un musulman sunnite et un chrétien copte orthodoxe – ont également émis des remarques. Dans un message vidéo qui a été projeté à la réunion, le cheik Ibrahim Mogra – qui exerce la fonction d’imam à Leicester – a déclaré qu’« aucune religion ne nous enseigne à traiter les autres de façon injuste et à les opprimer… L’Iran a l’occasion de démontrer au monde que l’islam est bien une religion de compassion et de paix ».
L’évêque Angaelos de l’Église copte orthodoxe au Royaume-Uni a déclaré : « Nous soutenons et prions pour la communauté bahá’íe, à la fois ici et dans le monde entier, et nous prions pour le retour en sécurité de leurs responsables parmi eux. »
« Nous prions pour un changement de cœur, un changement de politique. Nous prions pour un changement de pensée et d’entente », a précisé l’évêque Angaelos.
S’exprimant au nom de l’Assemblée spirituelle nationale des bahá’ís du Royaume-Uni, Fidelma Meehan a déclaré qu’il était « réconfortant » de voir un tel groupe diversifié de personnes réunies en soutien aux droits de l’homme des bahá’ís en Iran.
Mme Meehan a également fait remarquer que le soutien du gouvernement, des groupes interreligieux et de la société civile au Royaume-Uni allait de pair avec une « prise de conscience grandissante » à travers le monde des intentions véritables des bahá’ís à savoir de « se battre pour le bien-être spirituel et matériel des autres ». Même en Iran, a-t-elle précisé, un certain nombre « de ceux qui promeuvent la justice, d’artistes, d’hommes d’État, de penseurs, et d’autres citoyens éclairés » ont récemment « rompu le silence » pour la défense des droits de l’homme de bahá’ís iraniens.
En conclusion, Mme Ellman a indiqué : « Les voix qui demandent le changement, les voix qui s’élèvent contre l’oppression doivent être entendues – et après cela, l’action doit suivre. »
Les sept responsables bahá’ís formaient l’ensemble des membres du groupe aujourd’hui démantelé, connu sous le nom « Yaran » ou « Amis en Iran », qui agissait en toute connaissance du gouvernement pour s’occuper des besoins spirituels et sociaux de la communauté bahá’íe de ce pays, forte de 300 000 membres.
Le 14 mai 2008, dans une série de descentes réalisées au petit matin à Téhéran, six d’entre eux ont été arrêtés : Fariba Kamalabadi, Jamaloddin Khanjani, Afif Naeimi, Saeid Rezaie, Behrouz Tavakkoli et Vahid Tizfahm. Une septième membre du groupe, Mahvash Sabet, avait été arrêtée deux mois plus tôt, le 5 mars 2008.
Par la suite, les sept bahá’ís ont été soumis à un processus judiciaire entièrement entaché d’irrégularités. Au cours de leur première année de détention, ils n’ont pas été informés des accusations portées contre eux et n’avaient pratiquement pas accès à des avocats. Leur procès, mené en 2010 sur une période de plusieurs mois et aboutissant à seulement six jours d’audience, a été illégalement fermé au public, démontrant la partialité extrême de la part des procureurs et des juges, et a été fondé sur des preuves inexistantes.