Washington, publié le 13 octobre 2009 – Un écrivain à succès et une actrice nominée aux Oscars faisaient partie de ceux qui ont réclamé la liberté religieuse en Iran, y compris la fin des persécutions des bahá’ís dans ce pays.
Quelque 1 400 personnes ont écouté parler Azar Nafisi, auteur de Reading Lolita in Tehran (Lire Lolita à Téhéran) et Shohreh Aghdashloo, actrice nominée aux Oscars pour House of Sand and Fog, lors d’une réunion publique en septembre, au Lisner Auditorium de l’université George Washington.
Mesdames Nafisi et Aghdashloo sont nées en Iran, aucune des deux n’est membre de la communauté bahá’íe.
Madame Nafisi a parlé avec passion de l’humanité commune de tous les peuples et du fait que la souffrance d’un est la souffrance de tous. Elle a particulièrement mis l’accent sur les minorités en Iran et a donné l’exemple des bahá’ís.
« Je me demande, a-t-elle déclaré, comment on ressent la privation de tous les droits humains dans un pays qui est le sien, un pays où vous êtes née et dont vous partagez la langue et la culture, un pays où vos parents et les parents de vos parents… ont vécu et auquel ils ont contribué, qu’est-ce que vous ressentez quand vous êtes privé du droit à l’éducation, du droit à la propriété, et même du droit de vivre ? ».
Elle a ajouté : « La lutte n’est pas une lutte politique mais existentielle. Cela va au-delà des bahá’ís, cela concerne chaque individu en Iran qui ose être différent et qui ose exprimer son désir d’être libre d’avoir un choix. ».
« Les bahá’ís sont devenus les signes avant-coureurs, a-t-elle poursuivi. Si vous voulez savoir à quel point le peuple iranien est libre aujourd’hui, vous regardez d’abord le sort de ses bahá’ís. ».
« Priver les gens de leur individualité est une façon de les tuer. C’est encore pire, en fait, que d’être juste simplement assassiné. Nier votre humanité, votre individualité, c’est être mort. ».
« Les procès à grands spectacles qui ont eu lieu en Iran, tous ces gens venant d’origines si différentes, d’âges si différents, de croyances politiques et religieuses si différentes, tous privés de leur individualité. ».
« Les accusés ont été forcés de confesser que tout ce en quoi ils croyaient, quel que soit leur mode de vie, était une farce et une comédie. C’est une autre façon de tuer les gens. ».
Madame Aghdashloo, s’adressant à la réunion par vision-conférence depuis Los Angeles, a déclaré que tout ce qu’elle avait « toujours lu ou compris sur la foi bahá’íe » est qu’elle symbolise l’unité de l’humanité et la noblesse inhérente à tous des êtres humains.
« Je me lève, avec beaucoup d’autres à travers le monde, pour faire entendre notre voix unie en soutien aux bahá’ís en Iran et je veux m’élever contre les actions déplorables actuelles de la part du gouvernement iranien », a-t-elle ajouté.
L’événement qui s’est tenu à Washington le 12 septembre, a été dédié aux bahá’ís qui sont emprisonnés en Iran, dont les sept responsables qui sont détenus dans la prison de sinistre réputation d’Evin à Téhéran depuis plus d’un an, sur des accusations forgées de toutes pièces d’ « espionnage pour Israël, insultes au caractère sacré de la religion ou propagande contre la République islamique ». Date de leur procès, déjà de nombreuses fois repoussé et dernièrement fixé au 18 octobre prochain, est toujours incertaine.
C’était l’une des nombreuses réunions organisées pendant ces derniers mois à travers les États-Unis pour offrir des prières pour les prisonniers, avec des rassemblements à Los Angeles, San Francisco et maintenant à Washington.
Plus de détails :
À San Francisco, au Herbst Theatre où la charte des Nations unies a été signée en 1945, Monsieur Abbas Milani, directeur du Iranian Studies program à l’université de Standford, était le principal orateur.
« Pour l’Iran, la façon de traiter les bahá’ís pendant les 150 dernières années, les actes d’omission et de démission, ce que nous avons dit ou fait ou négligé de dire ou de faire, tout cela crée une tâche embarrassante de honte sur notre histoire », a-t-il déclaré.
Il a poursuivi : « L’Iran ne peut pas devenir une démocratie sans qu’il y ait eu une pleine reconnaissance de son problème bahá’í. L’Iran ne peut pas être une démocratie sans que les bahá’ís soient considérés comme des citoyens de la société à part entière et que leur religion – comme celles des zoroastriens, des juifs, des musulmans ou des membres d’une autre foi, croyance ou même incroyance – soit reconnue comme une affaire privée dans laquelle l’état, les institutions sociales ou leurs acteurs n’ont pas le droit de regard, d’ingérence ou de harcèlement. ».
À Washington, un des intervenants était Dwight Bashir, directeur associé pour la politique à la U.S. Commission on International Religious Freedom (Commission des États-Unis pour la liberté religieuse au niveau international).
Il a cité le discours adressé par le président des États-Unis Barack Obama au monde musulman plus tôt cette année depuis Le Caire : « Les habitants de tous les pays doivent être libres de choisir et de vivre leur religion d’après leur conviction d’esprit, de cœur et d’âme. Cette tolérance est essentielle pour que la religion puisse s’épanouir, or elle est contestée de beaucoup de manières différentes. (…) Parmi certains musulmans, on constate une tendance inquiétante à mesurer leur propre croyance à l’aune du rejet des croyances d’autrui. ».
« La dernière partie de la déclaration du président Obama est exactement ce dont nous sommes témoins en Iran aujourd’hui », a-t-il commenté.
Pour une vidéo des propos d’Azar Nafisi : http://vimeo.com/6727194
Pour le message de Shohreh Aghdashloo : http://www.youtube.com/watch?v=Yeb_HDTRkbA