NEW YORK, ONU, le 29 mai 2006 – Les autorités iraniennes ont arrêté 54 bahá’ís dans la ville de Shiraz, pour en relâcher 51 quelques jours plus tard.
Les personnes arrêtées étaient principalement des jeunes, et lors de leur arrestation, elles étaient pour la plupart occupées dans des activités à caractère humanitaire. Il s’agit là d’une des plus importantes arrestations simultanées de bahá’ís depuis les années 80. Les charges retenues contre les personnes emprisonnées n’ont pas été communiquées, mais dans le passé, des arrestations sommaires de bahá’ís ont déjà eu lieu sur la base de charges erronées.
Les arrestations se sont produites le vendredi 19 mai, alors que les bahá’ís, aux côtés de plusieurs autres bénévoles non bahá’ís, donnaient des cours à des enfants de milieux défavorisés dans une école, dans le cadre d’un projet mené par une organisation non-gouvernementale locale. Au moment de leur arrestation, les bénévoles étaient en possession d’une lettre d’autorisation émanant du Conseil Islamique de Shiraz. Une lettre de ce type était également déposée dans chacune des classes où avaient lieu les cours. Les bénévoles non-bahá’ís ainsi qu’un jeune bahá’í de moins de quinze ans ont été relâchés très rapidement.
Cinq jours après leur arrestation, 14 des bahá’ís ont été relâchés, chacun ayant dû déposer une caution d’un montant d’environ 11000 US$. Le lendemain, jeudi 25 mai, 36 bahá’ís ont recouvré la liberté, soit en fournissant des garanties personnelles, soit en déposant des licences de travail garantissant qu’ils se présenteront bien devant un tribunal en cas de convocation.
Trois autres bahá’ís sont encore emprisonnés, sans que l’on sache quand ils sont susceptibles d’être libérés.
Ces arrestations coïncident avec des perquisitions effectuées dans six maisons bahá’íes, lors desquelles des ordinateurs portables, d’autres ordinateurs, des livres et d’autres documents ont été confisqués. Ces 14 derniers mois, 72 bahá’ís ont été arrêtés dans tout l’Iran et emprisonnés pendant des périodes pouvant atteindre plusieurs semaines.
Ces nouvelles arrestations à Shiraz portent à 125 le nombre de bahá’ís arrêtés sans raison depuis le début de l’année 2005, selon Madame Bani Dugal, principale représentante de la Communauté internationale bahá’íe aux Nations Unies.
Toujours selon Madame Dugal, ces arrestations et détentions arbitraires relèvent de la plus pure persécution religieuse et ne dénotent rien d’autre que les efforts délibérés entrepris par le gouvernement iranien de maintenir la communauté bahá’íe dans un état de terreur.
Ces arrestations se sont produites dans un contexte d’inquiétude croissante de la part des spécialistes des droits de l’Homme, qui constatent que le gouvernement iranien est en train d’accroître sa campagne de persécution entreprise depuis 25 ans à l’encontre de la communauté bahá’íe d’Iran, laquelle représente, avec ses 300 000 membres, la plus importante minorité religieuse de ce pays.
En mars, le rapporteur de la Commission des droits de l’Homme de l’Organisation des Nations Unies concernant la liberté de religion ou de croyance faisait état d’une lettre secrète, datée du 29 octobre 2005 et émanant du haut commandement des autorités militaires iraniennes et des unités de la Garde révolutionnaire, lettre recommandant d’”identifier” et de “surveiller” les membres de la communauté bahá’ie d’Iran. Le rapporteur de la Commission avait exprimé sa « grande inquiétude » à cet égard.
De plus, depuis la fin de l’année 2005, plus de 30 articles, pour la plupart négatifs et ouvertement diffamatoires au sujet des bahá’ís et de leur religion sont parus dans le quotidien officiel de Téhéran, « Kayhan ». Des émissions de radio et de télévision ont en outre condamné de plus en plus fréquemment les bahá’ís et leur foi.
Depuis le mois de janvier, outre les 54 personnes arrêtées à Shiraz le 19 mai, sept bahá’ís ont été arrêtés et détenus pour des périodes allant jusqu’à un mois, dans trois villes d’Iran.
L’an passé, 65 bahá’ís ont été arrêtés et maintenus prisonniers pour des périodes allant de quelques jours à près de trois mois. Certains d’entre eux étaient détenus au secret dans des lieux inconnus, leurs familles étant désespérément à leur recherche. L’an dernier également, des agents du gouvernement ont effectué des perquisitions dans un grand nombre de maisons bahá’íes, confisquant des documents, des livres, des ordinateurs, des photocopieurs et d’autres objets.
Dans les années 80, quelque 200 bahá’ís avaient été tués ou exécutés. Des milliers d’entre eux avaient été arrêtés et des centaines de personnes avaient été emprisonnées, pour nombre d’entre elles pour de longues périodes. Ces dernières années, étant donné la surveillance dont l’Iran faisait l’objet sur le plan international, les exécutions et les emprisonnements de longue durée avaient cessé.
Vous trouverez ici une remise à jour régulières des dernières évolutions concernant la situation des bahá’ís d’Iran : http://www.bahai.fr/iran
Vous trouverez de plus amples informations en anglais sur le site http://www.bahai.org/persecution/iran