Paris, publié le 21 décembre 2005 – Un bahá’í est mort le 15 décembre dans sa cellule pour des raisons inconnues. Il purgeait une peine de prison à vie pour crime d’apostasie.
Zabihollah Mahrami, 59 ans, avait été d’abord condamné à mort par le tribunal révolutionnaire iranien en janvier 1996. Face aux pressions de la communauté internationale, notamment celles de l’Union européenne, sa peine avait été commuée en 1999.
M. Mahrami était en bonne santé mais soumis à des conditions de détention très dures. “La responsabilité des autorités iraniennes ne fait aucun doute dans la mort de cet innocent dont le seul crime était d’appartenir à la religion bahá’íe”, indique Bani Dugal, représentante de la Communauté internationale bahá’íe à l’ONU.
Père de quatre enfants, Zabihollah Mahrami était cadre dans la fonction publique lorsque, à l’instar de milliers d’autres bahá’ís, il a été licencié en 1979, au lendemain de la révolution iranienne, pour son appartenance à une religion non reconnue par le régime. Il était devenu installateur de stores vénitiens, lorsqu’il est arrêté en 1995 et condamné à mort.
Les autorités iraniennes avaient déclaré qu’il était condamné pour espionnage au profit d’Israël alors que les registres du tribunal indiquent clairement qu’il a été jugé et condamné uniquement pour apostasie, c’est-à-dire crime d’abandon de l’Islam, puni de mort en Iran. M. Mahrami était pourtant bahá’í, et sa famille l’était depuis plusieurs générations.
Cette mort inexpliquée intervient au moment où une nouvelle vague de persécutions a commencé à frapper à nouveau les baha’is d’Iran. Au moins 59 bahá’ís, soit bien plus que les années précédentes, ont déjà été arrêtés, détenus ou emprisonnés à ce jour, cette année. Plus de 200 Iraniens bahá’ís ont été tués et des centaines d’autres emprisonnés depuis l’avènement de la République islamique au seul motif de leur appartenance religieuse.
Les bahá’ís constituent la plus forte minorité religieuse non musulmane en Iran (350 000). Plus nombreux que zoroastriens, juifs et chrétiens réunis, ils ne bénéficient d’aucune reconnaissance officielle dans leur pays d’origine où ils sont considérés comme des “infidèles non protégés”. Parmi les discriminations dont ils font l’objet – exclusion du marché de l’emploi, interdiction de percevoir la retraite ou un héritage, et de se réunir pour pratiquer leur culte – leur exclusion depuis 25 ans des universités iraniennes a suscité l’indignation de chercheurs et universitaires français, dont trois prix Nobel (Le Monde du 16 décembre 2005).
Née au milieu du XIXe siècle en Perse, la religion bahá’íe compte quelque 6 millions de fidèles dans 191pays. Sans clergé, elle s’organise sous la forme de conseils élus aux échelons local, national et international. Pour les baha’is, il n’y a qu’un seul Dieu, inaccessible, mais source d’inspiration, les religions du monde sont toutes des chapitres de l’éternelle révélation de Dieu aux hommes, les hommes et les femmes sont égaux en droits, et l’humanité est une seule race vouée à apprendre à vivre en paix.
Contact: Brenda Abrar, porte-parole des bahá’ís de France, presse@bahai.fr