Au cours d’une cérémonie, l’Assemblée spirituelle nationale des bahá’ís de Hollande a accordé en prêt permanent, une tuile dorée au « Dutch Roof Tile Museum” – Musée Hollandais des Tuiles – d’Alem, un petit village situé en plein cœur des Pays-Bas.
Le musée des tuiles de toit d’Alem se situe dans une ancienne chapelle, son propriétaire Monsieur Mombers a ouvert sa collection au public il y a deux ans déjà. Il y présente des tuiles du monde entier, le résultat de 20 années d’acquisitions.
Monsieur Mombers est ravi, car explique-t-il, il est très rare de trouver des tuiles dorées recouvertes d’or véritable. La plupart des tuiles dorées qu’il a vues ou examinées étaient des tuiles peintes avec de la peinture dorée.
La collection de tuiles de son musée comprend ainsi des spécimens originaires de nombreux pays et régions du monde: l’Europe, la Chine, le Népal, l’Afrique, et bien d’autres encore, mais aucune autre de ses autres tuiles n’est revêtue d’or.
En ce qui concerne la tuile dorée, mise en prêt illimité au musée par les bahá’is de Hollande, celle-ci est âgée de 50 ans déjà et elle est le résultat d’une aventure peu commune entre les lieux saints bahái’s en Terre sainte et une manufacture hollandaise.
Jelle de Vries, qui a fait des recherches sur l’histoire de la Foi bahá’íe en Hollande pour sa thèse de doctorat, est la personne qui a découvert la coïncidence faisant de la Hollande, le pays qui abrite à la fois la manufacture qui a fabriqué les tuiles pour le monument bahá’í et un musée qui présente une collection de tuiles. C’est ainsi qu’est née l’idée de faire venir une tuile de réserve de Haïfa afin qu’elle soit exposée au musée d’Alem.
L’histoire de la fabrication de ces tuiles dorées est en effet mémorable. Les vraies tuiles en plaqué or sont si inhabituelles que les bahá’ís ont eu des difficultés à trouver une entreprise qui voulait bien prendre leur commande, a écrit Ugo Giachery, un bahá’í de Rome, qui avait eu la responsabilité en 1948 de trouver une telle compagnie. Il avait déjà essuyé plusieurs refus de manufactures dans différents pays européens, lorsqu’il décida de se tourner vers les Pays-Bas, bien connus dans le monde entier pour leurs céramiques.
« Nos demandes étaient reçues avec incrédulité ou bien étaient rejetées pour des raisons techniques » explique le Dr. Giachery, dans son livre intitulé « Shoghi Effendi: Recollections ».
Mais quand il a atteint la dernière compagnie hollandaise de sa liste, il avait enfin trouvé le bon filon. C’était une petite usine appelée « Westrayen », près d’Utrecht. Cette entreprise de tuiles avait été fondée par deux frères de la famille Ravesteyn en 1844.
Robert de Brauw, le dirigeant, était ingénieur chimiste de profession et se démenait pour la réussite de l’entreprise. Il avait répondu à la demande du Dr. Giachery en expliquant que l’usine avait déjà fabriqué des tuiles dorées plates pour un montage en suspension verticale, mais jamais de tuiles courbées destinées à recouvrir un dôme. « Mais nous voulons bien essayer » avait-il dit.
C’est ainsi que commencèrent des mois de recherche afin de déterminer les matériaux précis pour la réalisation des tuiles, pour leur revêtement en or et pour la procédure optimale de cuisson au four.
« Non seulement les tuiles et leur revêtement en or devaient être capables de supporter les conditions climatiques, mais leur forme et leur taille posaient aussi des problèmes, raconte Jelle de Vries, puisqu’il n’est pas possible de scier des tuiles émaillées une fois qu’elles sont sorties du four, il fallait calculer à l’avance quels changements se produiraient durant la phase de cuisson. Et cela ne devait pas être fait qu’une seule fois, mais 50 fois puisque beaucoup de formes et de tailles différentes étaient nécessaires pour couvrir toute la surface du dôme. »
« L’entreprise Westrayen était une perle rare, relate Monsieur Mombers, parce que même les autres entreprises qui auraient eu le savoir – faire technique pour fabriquer ces tuiles, avaient refusé en raison des risques financiers trop importants que comportait ce travail. Tout le monde avait peur de le faire parce qu’il s’agissait d’or, personne ne voulait garantir le travail. Vous pouvez aisément imaginer que si vous n’obtenez pas le bon résultat escompté ; travailler avec de l’or peut vous ruiner financièrement. »