Suivant leur arrestation, le grand mufti houthi du Yémen calomnie les bahá’ís – Le Conseil de sécurité des Nations Unies se penchera sur la question du Yémen la semaine prochaine

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Lors d'une descente armée par les forces de sécurité, 17 baha'is sont arrêtés et emmenés en un lien inconnu.
Le 2 juin, dans la capitale Sanaa, à l’occasion de la prière du vendredi, le grand mufti des Houthis, Shams al-Din Sharaf al-Din, a prononcé un sermon à glacer le sang, plein de désinformation et de haine contre la communauté bahá’íe du Yémen.

PARIS, le 9 juin 2023 – Le 2 juin, dans la capitale Sanaa, à l’occasion de la prière du vendredi, le grand mufti des Houthis, Shams al-Din Sharaf al-Din, a prononcé un sermon à glacer le sang, plein de désinformation et de haine contre la communauté bahá’íe du Yémen. Ce sermon, qui a duré plus d’une heure, s’est attaché en grande partie à calomnier les bahá’ís ; il a également été publié sur l’internet.

Ce sermon a été prononcé après que des Houthis, armés et masqués, ont pris d’assaut un rassemblement pacifique de bahá’ís, le 25 mai. Ils ont arrêté 17 personnes, dont cinq femmes, et les ont emmenées dans des lieux inconnus gérés par les services de sécurité des Houthis.

Une personne a été libérée depuis. La Communauté internationale bahá’íe (BIC) a des raisons de croire que les détenus sont maltraités.

Avant ce sermon, la France s’était publiquement exprimée à travers la voix de l’ambassade de France au Yemen, condamnant l’arrestation arbitraire et appelant à la libération des 17 personnes. La France a également soutenu une expression publique européenne faisant part de la préoccupation des ambassades européennes à ce sujet.

Le Grand Mufti a confirmé l’arrestation des 17 bahá’ís par les services de sécurité avant de lancer plusieurs allégations fausses et incendiaires, affirmant que la communauté bahá’íe est soutenue par des puissances étrangères et qu’elle a l’intention de nuire au pays.

« Qu’en est-il des intentions des Houthis lorsque leur grand mufti consacre tout un sermon de la prière du vendredi à dénoncer, diaboliser et répandre une désinformation vicieuse au sujet de la paisible communauté bahá’íe ? » a déclaré Bani Dugal, la représentante principale du BIC auprès des Nations Unies. « L’histoire nous a appris que les discours de haine sont une première étape lorsque ceux qui détiennent le pouvoir souhaitent inciter à la violence contre des minorités vulnérables. »

Le mufti a affirmé que la foi bahá’íe se propageait grâce au « soutien généreux de la Grande-Bretagne, de l’Amérique et des Juifs », avant d’insister sur le fait que les bahá’ís seraient « dangereux et qu’ils trompent secrètement les gens et corrompent les jeunes hommes et les jeunes femmes. »

Il a également mis en cause l’intégrité morale des bahá’ís dans les domaines familial et financier. Ces affirmations absurdes sont destinées à susciter la haine et la suspicion à l’égard des bahá’ís dans l’esprit des fidèles et des gens du Yémen.

Le grand mufti a également souligné que toute personne qui change de religion par rapport à l’islam devrait être tuée.

Ce dernier déferlement de discours haineux fait suite aux remarques publiques faites en 2018 par le dirigeant houthi, Abdel-Malek al-Houthi, dans lesquelles il mettait en garde les Yéménites contre le mouvement « bahá’í satanique  » qui « mène une guerre de doctrine » contre l’islam. M. al-Houthi a exhorté les Yéménites à défendre leur pays contre les bahá’ís sous prétexte que « ceux qui détruisent la foi des gens ne sont pas moins mauvais et dangereux que ceux qui tuent les gens avec leurs bombes. »

« Les autorités houthies de facto alimentent l’insécurité et l’instabilité au Yémen en incitant leurs propres gens, qui souffrent depuis longtemps, contre les bahá’ís innocents, tout en ignorant les vraies questions qui doivent être abordées dans ce pays, a ajouté Mme Dugal. Les allégations faites par les Houthis ressemblent aux mêmes accusations sans fondement faites au cours des 44 dernières années en Iran et auxquelles personne ne croit plus. Alors que les gouvernements de toute la région arabe s’efforcent d’instaurer la paix et de regarder vers l’avenir, les Houthis continuent, au Yémen, de violer les droits des bahá’ís et de beaucoup d’autres personnes. En incitant leur population à s’en prendre aux minorités, ils la renvoient au passé et les conduit à leur perte. La semaine dernière, la communauté internationale a réagi avec indignation aux arrestations des bahá’ís ; il faut maintenant doubler, tripler et intensifier sans relâche cette réaction jusqu’à ce que tous les bahá’ís détenus soient libérés ».

 

Contexte et réponse à la désinformation des Houthis

– Voir l’aperçu complet de la Communauté internationale bahá’íe sur la persécution des bahá’ís au Yémen et la réponse de la communauté internationale.
– Le siège international de la foi bahá’íe se trouve à l’intérieur des frontières de l’État moderne d’Israël, en raison des bannissements successifs imposés à Bahá’u’lláh, le fondateur de la religion, au milieu du XIXe siècle par les gouvernements perse et ottoman. Exilé de sa Perse natale, Bahá’u’lláh fut envoyé à Bagdad, Constantinople et Adrianople, et finalement dans la ville-forteresse d’Acre en 1868, quelque 80 ans avant la fondation de l’État d’Israël. Il y est décédé en 1892.
– La présence du Centre mondial bahá’í en Israël n’a donné lieu à aucun traitement de faveur pour les bahá’ís ou pour leur religion. Il n’y a pas eu, et il n’y aura jamais, de lien entre les bahá’ís et le gouvernement ou la politique du moment, en Israël ou dans tout autre pays, si ce n’est le devoir des individus ou des communautés d’obéir aux lois du pays dans lequel ils vivent.
– L’accusation d’« espionnage » portée contre les bahá’ís a été inventée et utilisée comme prétexte pour persécuter les bahá’ís par les autorités iraniennes il y a plus de 75 ans. La foi bahá’íe a été attaquée par les religieux iraniens au milieu du XIXe siècle pour des raisons théologiques. Avec l’émergence du nationalisme iranien, au début des années 1930, les adversaires de la foi bahá’ie ont également tenté de la présenter comme un mouvement politique dont l’objectif serait d’affaiblir l’islam tout en s’alliant à des puissances étrangères considérées comme contraires aux intérêts de la région. Les bahá’ís d’Iran ont été successivement accusés d’être des instruments de l’impérialisme russe, du colonialisme britannique, de l’expansionnisme américain et du sionisme.
– Un mémorandum secret iranien de 1991, signé par le guide suprême, l’ayatolláh Ali Khamenei, prévoyait une politique d’exportation des persécutions contre les bahá’ís au-delà des frontières de l’Iran.
– Hamed bin Haydara, un bahá’í yéménite arrêté pour la première fois en 2013, qui a ensuite subi une détention prolongée et des mauvais traitements de la part des autorités houthies, a été condamné à mort par un tribunal houthi le 2 janvier 2018. La condamnation à mort a été prononcée sous l’influence directe du gouvernement iranien.
– M. Haydara et cinq autres bahá’ís emprisonnés ont ensuite été libérés par les Houthis – grâce à une pression internationale soutenue – mais ont ensuite été exilés de leur pays par les autorités houthies.
– Les autorités religieuses et politiques houthies et iraniennes ont également, à plusieurs reprises, accusé la communauté bahá’íe de transgressions morales et financières sordides. Aucune preuve n’a jamais été apportée pour prouver ces affirmations. Mais de nombreux responsables des droits de l’homme ont noté que diaboliser des minorités vulnérables et les accuser d’être des éléments étrangers constituent un élément clé de la diffusion de désinformation et d’incitation à la haine de populations crédules à l’encontre d’une communauté minoritaire.

 

CONTACT PRESSE :
Bureau des affaires extérieures des bahá’ís de France,
baebf@bahai.fr
Hamdam Nadafi
01 45 00 69 58 / 06 59 73 27 17

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