Paris, publié le 26 août 2004 – Les baha’is d’Iran ont été floués. Malgré sa promesse d’enfin leur ouvrir les portes de l’université après 20 ans d’interdiction, le gouvernement iranien leur refuse, dans les faits, l’accès aux études supérieures. C’est un nouveau coup contre les membres de la plus importante minorité religieuse du pays.
Il y a six mois, les jeunes baha’is avaient accueilli avec espoir une décision historique des autorités iraniennes : la référence à l’appartenance religieuse serait désormais effacée des formulaires d’inscription aux examens d’entrée à l’université. En clair, un espoir sans précédent pour les baha’is d’Iran, après qu’une génération entière eut été privée d’études supérieures.
Or le rêve s’est écroulé. La semaine dernière, quelque 1000 baha’is qui avaient réussi les examens d’entrée ont découvert avec stupeur qu’ils avaient été enregistrés d’office comme musulmans sur leurs bulletins de notes.
Malgré les promesses faites aux baha’is, les autorités iraniennes affirment désormais que l’entrée à l’université équivaut à une déclaration de facto de l’adhésion de ces jeunes à l’Islam. Les étudiants bahá’ís en Iran se voient donc contraints de renoncer à l’université, puisque cela reviendrait à abjurer leur foi et serait utilisé par les autorités comme preuve de leur reniement.
Il s’agit d’une mesure discriminatoire qui ne dit pas son nom. » Voilà près d’un an que le gouvernement promet d’ouvrir aux bahá’ís l’accès à l’enseignement supérieur », explique la représentante de la communauté internationale baha’ie auprès de l’ONU, Bani Dugal, « Ce qu’il cherche à faire en réalité, c’est de les contraindre à renier leur foi. Cette mesure va à l’encontre de toutes les assurances données par l’Iran à la communauté internationale quant à son désir de respecter la liberté religieuse, et surtout contre les conventions internationales relatives aux droits de l’homme que l’Iran a signées » .
La communauté bahá’íe d’Iran, qui compte quelque 350 000 membres, est la plus importante minorité religieuse du pays. Depuis 1979, date de la naissance de la République islamique, plus de 200 bahá’ís ont été tués, des centaines emprisonnés. Des milliers se sont vu refuser l’accès à l’enseignement, à l’emploi et à la retraite. Leurs cimetières, dans les principales grandes villes du pays, ont été détruits. Ils sont des non-citoyens du simple fait de leur croyance religieuse.