Les promesses auront-elles une incidence sur l’amère réalité ? Le président iranien Pezeshkian s’adresse aux Nations unies dans un contexte d’escalade de la persécution des bahá’ís.

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Le président iranien Pezeshkian s'adresse aux Nations unies dans un contexte d'escalade de la persécution des bahá'ís.

NEW YORK – 23 septembre 2024. Lorsque le nouveau président iranien Masoud Pezeshkian arrivera aux Nations Unies, il voyagera sur les vagues de promesses et d’appels qu’il a lancés au peuple iranien au cours des derniers mois.

La civilisation iranienne est un « héritage précieux » a-t-il déclaré lors de la campagne présidentielle de l’été, mais elle est « aux prises avec des défis et des problèmes de taille » et « défaire ces nœuds et résoudre les problèmes auxquels le pays est confronté n’est possible qu’avec la coopération et la participation de chaque citoyen iranien. »

Le Dr Pezeshkian a spécifiquement promis que son administration respecterait les droits des minorités ethniques et religieuses de l’Iran.

Pas plus tard que la semaine dernière, par exemple, le 16 septembre, M. Pezeshkian a déclaré lors d’une conférence de presse à Téhéran que « toute personne vivant dans ce pays a le droit, en fonction de ses capacités, d’être placée au poste qu’elle mérite… Vous ne pouvez pas insulter ce que je vénère, vous ne pouvez pas ignorer cette croyance. Le respect mutuel et le dialogue sont des principes clés du développement. »

Le président a également déclaré : « Les gens sont égaux comme les dents d’un peigne. Il n’y a pas de différence entre une race et une autre. »

Pourtant, dans la République islamique, le fossé est toujours aussi grand entre la rhétorique et la réalité, en particulier en ce qui concerne les bahá’ís toujours persécutés.

« Nous aimerions considérer les déclarations du président Pezeshkian avec optimisme, mais sur la base de l’expérience passée et de celle d’aujourd’hui, nous surveillerons ses actions plus que nous n’écouterons ses paroles » déclare Simin Fahandej, représentante de la Communauté internationale bahá’íe (BIC) auprès des Nations Unies à Genève.

« On ne voit pas encore d’application des promesses sur la réalité du terrain, et les preuves d’une persécution constante et croissante sont trop importantes pour être ignorées, ajoute Mme Fahandej. Chaque président iranien a fait des promesses d’une société plus égalitaire en Iran, mais les bahá’ís de ce pays sont confrontés, du berceau à la tombe, à la même constance dans la persécution et la discrimination et ce quel que soit le président au pouvoir. Le gouvernement iranien vise à éradiquer la communauté bahá’íe en tant qu’entité viable dans le pays. Il fait preuve de discrimination à l’égard des bahá’ís dans sa constitution même et dans toutes ses lois et politiques importantes, et il a publié des documents officiels traitant spécifiquement de la « question bahá’íe ». Le défi de M. Pezeshkian sera d’éliminer les nombreux obstacles qui empêchent les bahá’ís de vivre en Iran en tant que citoyens comme les autres. »

Les paroles du président contrastent fortement avec les dernières attaques contre les bahá’ís dans tout l’Iran au cours des dernières semaines.

● Les propos du Dr Pezeshkian : Les relations entre les Iraniens de « différentes ethnies et […] de différentes religions par le biais de dialogues culturels et artistiques » devraient être « renforcées. »

○ La réalité : Au mois d’août, à Ispahan, une affaire de longue date et manifestement injuste concernant 10 femmes bahá’íes a pris un nouveau tournant lorsque les femmes ont comparu devant un tribunal révolutionnaire et ont été accusées de « promouvoir les croyances bahá’íes » pour avoir organisé des cours d’anglais, de musique et d’art dramatique, de yoga et de peinture à des adolescents, des enfants et des migrants afghans de la ville. Les accusations découlent de plaintes privées déposées par des agents du gouvernement qui ont contraint les voisins des bahá’ís par des appels téléphoniques menaçants et à des convocations au tribunal. En fait, les dix femmes sont déjà déclarées coupables alors même que le procès se poursuit.

● Les propos du Dr Pezeshkian : « Le concept de liberté de penser ne signifie pas […] qu’une personne […] devrait être expulsée de l’université, ou renvoyée de [son] travail. Nous devons ouvrir nos esprits pour pouvoir nous rassembler. »

○ La réalité : Depuis plus de quarante ans, des milliers de jeunes bahá’ís ont été cruellement et systématiquement exclus ou expulsés des universités iraniennes.
Le groupe le plus récent d’étudiants bahá’ís a été expulsé le mois dernier. Dans le cadre de la politique du gouvernement iranien visant à exclure tous les bahá’ís de l’enseignement supérieur, des bahá’ís ont été exclus, au cours des deux derniers mois, d’un cours technique de l’université Shahid Beheshti de Téhéran.
La BIC a appris que cet été seulement, deux professeurs de musique de la ville de Qaemshahr ont été expulsés de leur emploi à la suite de menaces proférées contre leur employeur par des employés du ministère du Renseignements, qui dépend du président Pezeshkian. Un commerçant bahá’í de Chiraz a également été menacé par les après avoir fermé son magasin de plomberie pendant les jours saints bahá’ís. Et les agents ont perquisitionné de nombreux domiciles et confisqué les biens de bahá’ís à Kerman et à Chiraz.

● Les propos du Dr Pezeshkian : « Le gouvernement et le peuple iraniens doivent faire « le maximum d’efforts pour […] promouvoir la justice sociale » et le « statut de citoyen » des « groupes ethniques et religieux. »

○ La réalité : Au cours du mois dernier, plusieurs bahá’ís ont été arrêtés, leurs familles n’ont pas été informées de l’endroit où se trouvaient leurs proches ou de leur état de santé, et des jeunes enfants ont été séparés de leurs mères. À Chiraz, le domicile d’une mère, a été fouillé et elle a été arrêtée en présence de son enfant de deux ans. À Tabriz, Une autre mère d’un enfant de quatre ans, a été arrêtée alors que son père est à l’hôpital en soins intensifs. Et un bahá’í, dont le frère est décédé récemment, a été arrêté et détenu bien que sa famille ait demandé que l’arrestation attende au moins jusqu’à la fin des funérailles. Au même moment, deux femmes bahá’íes, l’une à Fardis et l’autre à Urkan, ont été arrêtées par des agents des services de renseignement. Les biens de l’une ont été saisis, l’autre s’est vu refuser la liberté sous caution, et toutes deux restent en prison sans procédure régulière.

● Les propos du Dr Pezeshkian : Il convient de prêter attention aux « droits de citoyenneté » des Iraniens, « et non leurs « différences linguistiques et religieuses ».

○ La réalité : La BIC a noté avec inquiétude, de nouveaux cas où le gouvernement iranien s’efforce de « nettoyer » l’Iran de l’identité bahá’íe : un incendie criminel perpétré par des inconnus dans un cimetière bahá’í à Ahvaz, des tensions à Kashan au sujet de l’enterrement d’un résident bahá’í, le cimetière bahá’í de Téhéran est interdit aux bahá’ís depuis des années par des agents du ministère des renseignements qui sans respecter les rites funéraires bahá’ís et à l’insu de leurs familles, les ont enterrés par-dessus les fosses communes où ont été enterrés dans les années 1980 des milliers de prisonniers politiques.

● Les propos du Dr Pezeshkian : « Le commandement de Dieu dit que vous devez agir de manière à écouter toutes les idées pour suivre la meilleure d’entre elles. Cela est possible dans le dialogue. Cela ne signifie qu’il ne faut pas insister en disant : « Voilà ce que nous disons et vous n’avez pas le droit de parler. »

○ La réalité : Les autorités pénitentiaires de la prison d’Evin à Téhéran ont refusé une bahá’íe reconnue internationalement reconnue, Mme Mahvash Sabet, tout appel téléphonique et toute visite de sa famille. Mme Sabet est l’une des sept anciens responsables bahá’ís, emprisonnés entre 2008 et 2018, et qui sont aujourd’hui en prison.
Mme Sabet est l’un des sept anciens responsables bahá’ís en Iran, emprisonnés entre 2008 et 2018, qui en est à la troisième année d’une nouvelle peine de 10 ans.
L’ancienne enseignante est également une poétesse de renommée internationale qui a remporté le prix PEN International Writer of Courage en 2017 pour son livre Poèmes de prison.

« Le gouvernement iranien devrait honorer les droits de l’homme et faire en sorte que tout le monde soit égal devant la loi, déclare Mme Fahandej. Pour que les actions du président Pezeshkian répondent à cet appel et correspondent à ses paroles, lui et ses collègues doivent respecter les droits des bahá’ís, des autres minorités religieuses et ethniques, des femmes et tous ceux qui sont sous la responsabilité de son gouvernement. »

 

CONTACT PRESSE :
Bureau des affaires extérieures des bahá’ís de France
baebf@bahai.fr
Hiram Bouteillet
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