PARIS, le 8 mai 2023 – Au milieu des souffrances que subissent tous les Iraniens, un agent du ministère du Renseignement, Masoud Momeni, continue d’enterrer des baha’is décédés à l’insu de leurs familles et en violation des règles de funérailles baha’ies.
Après deux incidents survenus à la fin du mois de mars, nous avons appris que quatre autres baha’is décédés avaient été enterrés de cette manière. Trois autres corps sont toujours en attente à la morgue, tandis que les familles continuent à faire tous leurs efforts pour que leurs proches soient enterrés dans la dignité.
Nouvelle vilenie : Mansour Amini, Valiollah Ghedamian et Ataollah Zafar, trois personnes qui, depuis de nombreuses années, aident au cimetière leurs compatriotes baha’is, ont été arrêtées par le ministère du Renseignement. En outre, Mme Shadi Shahidzadeh a été arrêtée après avoir demandé aux autorités iraniennes l’autorisation d’enterrer sa grand-mère selon les rites baha’is.
Selon la porte-parole des baha’is de France, Hamdam Nadafi : « Il s’agit d’un harcèlement sans fin. On croit pouvoir sortir la tête de l’horreur et on y replonge. En 1980, le grand cimetière baha’i de Téhéran est détruit ; on le désacralise et le vide de ses 15.000 tombes et on cède aux baha’is des terrains vagues à Khavaran, qui sont entièrement réaménagés par les baha’is, à leurs frais. Puis, en 2021, on commence à interdire aux baha’is d’utiliser leur « nouveau » cimetière et on les invite à enterrer leurs morts par-dessus des milliers de morts dans une fosse commune toujours à Khavaran, un faubourg de Téhéran, ce que les baha’is refusent de faire, au prix de mille tracas. Maintenant, à l’insu des familles, on enterre directement des défunts baha’is dans cette fosse commune, on emprisonne les préposés volontaires du cimetière baha’i et on exige des sommes importantes aux baha’is pour qu’ils puissent enterrer leurs morts dans leur propre cimetière dont ils supportent entièrement la charge financière. »
En effet, M. Momeni exige des sommes exorbitantes pour permettre aux bahá’ís d’enterrer leurs proches dans leur propre cimetière à Téhéran. Les familles refusent ces demandes verbales, aucun document officiel les accompagnant, et les baha’is n’ont aucun moyen de savoir si les sommes sont destinées au ministère du Renseignement, à une autre autorité ou à M. Momeni lui-même.
Au cours des dernières semaines, M. Momeni a enterré six baha’is de cette manière. De plus, il enterre les baha’is décédés dans des tombes étroites et, dans au moins un cas, il a placé deux corps dans une même tombe. Les enterrements ont lieu à Khavaran, sur le site d’une fosse commune historique où sont enterrés des milliers de prisonniers politiques et de prisonniers d’opinion exécutés dans les années 1980. Il y a deux ans, le gouvernement iranien avait déjà tenté de forcer les baha’is à enterrer leurs morts dans cette fosse commune, ce qui avait suscité l’inquiétude de la communauté internationale.
Les baha’is sont confrontés à des problèmes de sépulture depuis plus de quarante ans. Leurs cimetières ont été détruits, leurs tombes profanées et les familles ont même été empêchées de se rendre sur les lieux de sépulture, tout cela dans le cadre de la persécution systématique de la communauté baha’ie par le gouvernement iranien.
Contexte, un rappel
● Au début du mois d’avril 2023, la Communauté internationale baha’ie faisait état d’un acte déplorable : Masoud Momeni, un agent du ministère du Renseignement ayant pris le contrôle du cimetière de Téhéran appartenant aux baha’is, avait enterré la dépouille d’un baha’i dans un autre cimetière, celui de Khavaran, près de Téhéran, sans avertir la famille du défunt et en violant les pratiques funéraires baha’ies.
● L’agent avait exigé de la famille un bakchich exorbitant pour que l’enterrement se fasse dans un terrain pourtant déjà possédé et géré par la communauté baha’ie. Il avait menacé la famille : si elle ne répondait pas à ses exigences, l’enterrement aurait lieu dans un site adjacent au cimetière baha’i et précédemment utilisé par le gouvernement pour enterrer les prisonniers politiques exécutés. L’agent du ministère avait menacé d’enterrer un autre baha’i dans les mêmes circonstance si la famille du défunt refusait également de céder à ses exigences.
● Il y a deux ans, dans le cadre d’une campagne de persécution systématique des baha’is qui dure depuis 43 ans, les autorités iraniennes ont commencé à empêcher la communauté d’utiliser leur partie du cimetière de Khavaran et exigé que les baha’is utilisent un site adjacent qui servait auparavant de fosse commune. Les baha’is ont refusé par respect pour les morts et les familles endeuillées.
● Avant la révolution, la communauté baha’ie de Téhéran possédait un cimetière magnifiquement aménagé d’une superficie d’environ 80 000 mètres carrés. En 1980, ce cimetière central baha’i de Téhéran a été confisqué. Puis le gouvernement a fait raser le terrain qui abritait plus de 15 000 sépultures, enlevant les pierres tombales et vendant celles qui avaient de la valeur. Dans les années 1990, la profanation du terrain s’est poursuivie avec l’exhumation des corps et leur chargement ignominieux dans des camions. Des bulldozers ont ensuite aplani le terrain en vue de la construction du « Centre culturel de Khavaran ».
● Peu après, le directeur exécutif de l’organisation Behesht-e Zahra (l’agence qui gère le grand cimetière de Khavaran, Téhéran) a annoncé qu’une parcelle de terrain stérile de 27 000 mètres carrés sans aucune installation avait été légalement transférée à la communauté baha’ie en remplacement du cimetière détruit. Au prix de grands efforts les baha’is y ont aménagé des espaces verts, une morgue, un mur d’enceinte et des portes d’entrée et de sortie sur la route de Khavaran. D’autres communautés minoritaires disposent également de cimetières séparés au sein d’un même complexe plus vaste. Le nouveau cimetière baha’i se trouve à côté du cimetière arménien, dans le même grand complexe, et à côté d’une fosse commune de victimes politiques.
● C’est dans ce grand cimetière Khavaran de Téhéran que sont enterrés dans une fosse commune les milliers de victimes politiques exécutées dans les années 1980 par la nouvelle République islamique.
● Tenter de faire payer aux baha’is endeuillés des sommes exorbitantes pour utiliser leur propre cimetière à Téhéran, puis enterrer les défunts dans la fosse commune des années 1980 lorsqu’ils refusent de payer par principe, est une tentative d’effacer la mémoire de milliers de victimes politiques tout en infligeant un tort supplémentaire à la communauté baha’ie iranienne déjà tellement persécutée.
● Dès le début de la révolution islamique de 1979, le gouvernement iranien a entravé et même empêché les baha’is d’enterrer leurs morts.
● Les pratiques funéraires baha’ies demandent que le défunt soit traité avec dignité et respect et qu’une prière spécifique soit lue ce qui ne fut pas observé pour l’enterrement de M.Majidi.
● Depuis 1979, les baha’is sont systématiquement persécutés en Iran : détentions arbitraires, peines de prison sur la base d’accusations sans fondement, privation d’éducation et de moyens de subsistance, confiscation et destruction de leurs maisons. Ils font aussi l’objet de discours haineux et leurs tombes sont profanées, dans le cadre d’une campagne visant à les éradiquer de leur pays.
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