ACRE, Israël, publié le 14 novembre 2010 – Après un travail de restauration et de préservation qui a duré plus de trois ans, un lieu saint bahá’í offre un aperçu de l’héritage industriel et spirituel de cette région de la Terre sainte.
À cet endroit, depuis l’époque romaine jusqu’au début du 20e siècle, des moulins situés à environ deux kilomètres au sud-est de l’antique cité d’Acre produisaient la farine qui approvisionnait la population locale.
« L’arrière-pays agricole était très important pour la ville, fait remarquer Albert Lincoln, secrétaire général de la Communauté internationale bahá’íe. Les moulins faisaient partie de ce qui était probablement l’un des plus grands complexes industriels de la région. Ils ont été décrits en 1799 par la délégation française étudiant la région suite aux intentions de conquête de Napoléon. »
« Mais, pour les bahá’ís, cet endroit a une signification spirituelle, ajoute M. Lincoln. C’est un des plus beaux lieux saints associé à la présence de Bahá’u’lláh ici, à la fin du 19e siècle. »
En 1875, huit ans après l’incarcération de Bahá’u’lláh à l’intérieur des murs de la ville-prison d’Acre, son fils, ‘Abdu’l-Bahá, loua une île formée par deux canaux déviés de la rivière Na’mayn dont l’eau était destinée à faire fonctionner les moulins. Sur cette île, ‘Abdu’l-Bahá créa, pour son père, un jardin exquis. À ce moment, Bahá’u’lláh, qui avait connu plus de deux décennies d’emprisonnement et d’exil, appela le jardin « Ridván », ce qui signifie « paradis ».
Dans les années 1930 et 1940, un projet de drainage du marais en vue du contrôle du paludisme et de l’accroissement de la surface des terres arables dépouilla le jardin de sa configuration particulière d’île. Aujourd’hui, grâce à la restauration des canaux, le jardin de Ridván est redevenu une île. Cette semaine, plus de 280 bahá’ís, venant d’aussi loin que la Mongolie, le Rwanda et le Salvador sont, depuis 2007, les premiers pèlerins à visiter cet endroit sacré.
Une île verdoyante
Après l’acquisition de l’île par ‘Abdu’l-Bahá, les pèlerins venus d’Iran et des pays voisins apportèrent des arbustes, des arbres et des fleurs afin d’orner les parterres. Au cours du long voyage par voie de terre, certains voyageurs arrosèrent les plantes au détriment de leurs propres besoins en eau.
Au fur et à mesure de la réduction des restrictions imposées à ses déplacements, Bahá’u’lláh put rendre ses premières visites au jardin. Il y séjournait très souvent, passant parfois la nuit dans la modeste demeure située sur l’île.
Cet endroit devint aussi connu à l’extérieur de la communauté bahá’íe. Laurence Oliphant, écrivain anglais qui le visita en 1883, note : « Lorsqu’on le découvre, on a l’impression de se retrouver dans un conte de fée… la rivière est bordée de saules pleureurs et le site, riche en eau, avec son ombrage et le parfum des fleurs de jasmin et d’oranger, constitue une retraite idéale lors des fortes chaleurs de l’été. »
En utilisant des photographies et des descriptions historiques, une équipe internationale d’architectes et d’ingénieurs a pu restaurer le jardin de Ridván dans son intégrité originelle. Elle a été aidée par l’Israel Antiquity Authority qui lui a fourni un relevé conservatoire du site et a réalisé une partie du travail.
« Notre mission a été de recréer l’île telle qu’elle était au temps de Bahá’u’lláh, précise Khosrow Rezai, représentant de l’équipe de concepteurs qui a supervisé le projet. Notre tâche a été de rechercher et de rassembler le plus grand nombre possible de témoignages historiques quant à l’apparence ancienne, afin de lui rendre vie.
« De chaque côté du jardin, les deux canaux ont retrouvé leur cours originel vers les moulins dont certains ont été restaurés. M. Rezai ajoute :qu’une nappe phréatique a été trouvée à 40 mètres de profondeur et est utilisée pour alimenter les canaux. Ainsi, leur configuration donne l’impression que l’eau sort à nouveau des montagnes et coule vers l’océan ».
La recréation du jardin dans son aménagement originel donne aux pèlerins le sentiment d’aborder un lieu de retraite spirituelle. « Autant que possible, nous avons essayé de traduire la tranquillité du jardin conçu par ‘Abdu’l-Bahá comme lieu de repos pour Bahá’u’lláh, précise M. Rezai. La vue de l’eau transmet un sentiment merveilleux. Vous la traversez, vous la sentez, vous l’entendez. Nous espérons qu’elle communique la félicité et la joie ressenties par Bahá’u’lláh. »
Albert Lincoln reconnaît que la restauration a radicalement transformé l’atmosphère de ce lieu. Il indique qu’il s’agit « d’un territoire intimement lié à une religion née à un moment historique – à distinguer d’une période archéologique – qu’il a été possible de restaurer à l’identique et de recréer, assez précisément, le sentiment qui prévalait alors que Bahá’u’lláh était bel et bien présent. Il s’y réfère comme à « notre île verdoyante » et a écrit des choses merveilleuses dans lesquelles il se décrit lui-même, assis dans ce jardin, alors qu’il était entouré d’eau.
« Dans un passage, Bahá’u’lláh écrit qu’il était là, dans ce jardin, se réjouissant à la vue de « ses rivières ruisselantes, ses arbres luxuriants et la lumière du soleil qui y jouait ». Ce commentaire est une description des éléments extérieurs – soleil, vent, eau », s’enthousiasme M. Lincoln.
Un lieu saint unique
De ce lieu, en portant son regard vers le sud, on peut apercevoir à l’horizon le mont Carmel et le tombeau du Báb et ses magnifiques jardins. Ce dernier avec le tombeau de Bahá’u’lláh et le jardin de Ridván situé au nord de ce sanctuaire ont été inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2008.
« Le jardin de Ridván est un site unique parmi les lieux saints bahá’ís, explique M. Lincoln, car, en général, les jardins entourent les bâtiments et les édifices alors qu’ici il constitue, de manière très explicite, le lieu saint lui-même. Sa sauvegarde et la restauration des moulins nous parlent des origines historiques de la foi bahá’íe dans ce pays ainsi que de ses liens indissociables avec l’histoire de ce pays. »
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