Paris, le 10 décembre 2021 – Les autorités iraniennes continuent de faire main-basse sur les propriétés des bahá’ís de leur pays en visant en particulier les terres agricoles, et en dernier lieu, celles du village de Kata.
Selon Hamdam Nadafi, porte-parole des bahá’ís de France, « en 2021, le drame des paysans bahá’ís du village d’Ivel au nord de l’Iran, privés de leurs terres, avait suscité d’importantes réactions publiques internationales. En France, huit parlementaires, plusieurs maires et personnalités s’étaient publiquement indignés des confiscations des terres des bahá’ís d’Ivel. La presse en avait donné un écho important. En réponse aux questions posées par les parlementaires, le ministre des Affaires étrangères avait également exprimé sa forte désapprobation devant ces atteintes aux droits humains : ‘La France est préoccupée par les discriminations et mauvais traitements subis par les personnes de confession bahaïe en Iran. Les autorités françaises entretiennent un dialogue régulier avec les représentants des bahá’ís en France et suivent avec attention les situations qui leur sont rapportées.’ Nous constations alors que les autorités iraniennes concentraient leur attention sur les propriétés des bahá’ís surtout dans la province du Mazandaran, au nord du pays. Et nous craignions une extension. Maintenant, ces faits se poursuivent au cœur même de l’Iran. Hélas, on ne voit pas encore de limite ni de fin à cette rapacité. »
C’est cette fois dans le village fertile de Kata, que se joue un énième épisode d’une tragédie qui a touché directement 400 familles de cette localité agricole. Kata se situe au sud- ouest de la ville historique d’Isfahan, durement frappée par une sécheresse : on marche aujourd’hui sur le lit asséché de sa rivière emblématique – le Zayandeh Roud.
Rappelons que peu de temps après la révolution, 400 familles bahá’íes de Kata (environ 2000 personnes) furent chassées de leur village par des bandes armées organisées. Leurs maisons – quelques centaines – furent incendiées. La population déplacée fut hébergée dans des camps de réfugiés rapidement mis sur pied par les bahá’ís de la ville d’Isfahan. Depuis lors, aucun des recours auprès des autorités civiles et religieuses n’a permis de donner droit aux bahá’ís de Kata à une quelconque restitution ou réparation.
Des décennies plus tard, il restait 17 familles bahá’íes à Kata, exploitant de précieuses terres irriguées. Ces terres viennent d’être mises aux enchères publiques par un organisme semi-étatique dénommé « l’Exécutif de l’Ordre de l’Ayatollah Khomeiny », dont la fonction consiste à détenir et vendre des biens saisis entre les mains de groupes et individus proscrits. Le prix de vente de ces 13 parcelles figurant sur le site web de cet organisme depuis la mi-octobre, est estimé à 15% de leur valeur de marché.
Les autorités ont aussi fait savoir que les enchères sur ces terrains ne sont pas accessibles aux bahá’ís ainsi qu’à tout musulman qui entretiendrait des liens avec les bahá’ís, confirmant, s’il en était besoin, que la confiscation et la vente sont une sanction infligée en raison des convictions religieuses de leurs propriétaires.
La confiscation de la propriété individuelle et la suppression des moyens de subsistance contreviennent aux engagements internationaux pris par l’Iran. « Il est de notre devoir, conclut Mme Nadafi, de dénoncer cette atteinte aux droits de l’homme visant les bahá’ís d’Iran, qui s’ajoute à tant d’autres. »