Communiqué de presse : Un plan d’appropriation des propriétés des bahá’ís par les dirigeants iraniens est mis au jour

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Paris,  publié le 18 février 2022 – La Communauté internationale bahá’íe, qui représente les bahá’ís du monde auprès des Nations unies, vient de faire part de sa très vive inquiétude après avoir constaté qu’un organisme entièrement contrôlé par le pouvoir central iranien orchestrait lui-même la confiscation des biens immobiliers appartenant aux bahá’ís d’Iran pour ensuite se les approprier. Cet organisme est le très riche établissement semi-public dénommé « l’Exécution de l’Injonction de l’Imam Khomeini » (EIKO).

Selon Mme Hamdam Nadafi, porte-parole des bahá’ís de France, « ce phénomène de confiscation et d’appropriation dont nous observons les prémisses ici et là depuis plus d’un an est sinistre et troublant : sinistre parce que la saisie des biens des bahá’ís s’opère à partir du sommet de l’État, alors que l’Etat a vocation à protéger ses citoyens, non pas à les piller ; troublant, parce qu’il apparaît que le mécanisme juridique pour la saisie des propriétés des bahá’ís est désormais rôdé et prêt à se déployer à une plus grande échelle, comme l’illustrent les saisies de Semnan . »

Photographies de propriétés susceptibles d'être confisquées aux bahá’ís par l’Exécution de l’Injonction de l’Imam Khomeini dans la province iranienne de Semnan
Photographies de propriétés susceptibles d’être confisquées aux bahá’ís par l’Exécution de l’Injonction de l’Imam Khomeini dans la province iranienne de Semnan

En effet, la dernière alerte vient de la province de Semnan où le Tribunal révolutionnaire provincial a ordonné le transfert des propriétés de six bahá’ís à cet organisme central, l’EIKO. Le jugement a été rendu au sein de la « Section spéciale de l’article 49 », présidée par le juge Muhammad Qasim ‘Aynu’l-Kamali. L’article 49 de la Constitution iranienne donne à l’Etat le pouvoir de saisir des biens provenant notamment de l’usurpation, de la corruption, de malversations, de vols, de lieux de dépravation, etc. Et cet article 49 précise qu’avant toute saisie, l’État devra démontrer que la saisie est religieusement justifiée. Cela signifie en clair que l’État fonde sur des motifs religieux la confiscation et l’appropriation par ses dirigeants des propriétés des individus bahá’ís.

En un an, ce même mode opératoire a été pratiqué à divers endroits, par touches relativement discrètes. Le mois dernier, il s’agissait d’un appartement de Mme Sheida Taeed, une bahá’íe de la province du Mazandaran. En décembre, 13 terres agricoles irriguées appartenant à des bahá’ís du village de Kata de la province de Kohgiluyeh et Boyer-Ahmad, ont été saisies en pleine sécheresse. Puis des villageois de Roshankooh dans le Mazandaran, ont été dépossédés de leurs fermes et terres qu’ils cultivaient depuis plus de cent ans. En mars 2021, la privation définitive des paysans bahá’ís d’Ivel de leurs dernières terres avait soulevé un émoi mondial et avait suscité en France de nombreuses réactions de parlementaires à l’Assemblée nationale et au Sénat, ainsi que l’expression du soutien de la France par la voix du Ministre des affaires étrangères, M. Jean-Yves Le Drian : « Dans les enceintes multilatérales, la France met la question des droits de l’Homme en Iran à l’ordre du jour de l’Assemblée générale des Nations unies en portant, avec plusieurs États, la résolution annuelle sur la situation des droits de l’Homme en République islamique d’Iran, qui fait notamment état de notre grave préoccupation face aux discriminations dont sont victimes les personnes de confession bahaïe. »

Pour Mme Nadafi, « dans l’histoire des persécutions des bahá’ís d’Iran, la ville de Semnan est considérée comme un laboratoire d’essai. Car à Semnan, l’intensité des exactions a toujours été renforcée par la mobilisation et la coordination des éléments officiels et non officiels de la région : la police, les tribunaux, les autorités locales et le clergé. Mais on voit bien que la stratégie de confiscation et d’appropriation a des visées nationales sur l’ensemble du territoire. »

Contexte

 Les bahá’ís d’Iran, la plus grande minorité religieuse non musulmane de leur pays, ont été persécutés d’une manière systématique depuis la révolution islamique de 1979.

Plus de 200 bahá’ís ont été exécutés dans les premières années de la révolution islamique.

En 1991, le Guide suprême, l’Ayatollah Ali Khameini signe un Mémorandum visant à enrayer le progrès et le développement des bahá’ís d’Iran et à les priver d’éducation et de moyens de subsistance. Des milliers d’articles de propagande contre les bahá’ís sont publiés par les media officiels chaque année.

Des centaines de propriétés appartenant à des bahá’ís à titre individuel – maisons, terres agricoles, entreprises – ont été confisquées depuis la révolution islamique.

Pour plus d’information :

  • Voir le site bahai.fr– section Situation des bahá’ís en Iran
  • Consulter les archives relatives à la situation à Semnan – en anglais
  • Consulter le dossier spécial Semnan – en anglais

 

Contact presse : Bureau des affaires extérieures des bahá’ís de France – baebf@bahai.fr

Directrice : Hamdam Nadafi _ Tél : 01 45 00 69 58

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