1921-1922 : Dès son arrivée au pouvoir, Reza Khan inaugura une politique de persécution de la communauté bahá’íe toute entière. En 1922 fut votée la loi sur l’embauche des fonctionnaires, loi qui par la suite allait permettre de priver de nombreux bahá’ís de leur retraite. La même année, le centre bahá’í de Sangsar est confisqué puis rasé.
1924 : Des émeutes antigouvernementales éclatent à Jahrom. Elles sont suivies d’un pogrom anti-bahá’í qui fait plusieurs morts et au cours duquel les forces de l’ordre s’abstiennent d’intervenir, scénario qui devait se reproduire fréquemment.
1925 : Reza Chah déclenche la première purge dans l’administration. De nombreux fonctionnaires sont chassés de leur emploi. Il devient obligatoire de déclarer sa religion pour entrer dans la fonction publique, et des consignes sont données pour interdire l’embauche des bahá’ís.
Une loi est promulguée stipulant que seuls peuvent être enregistrés par l’état civil les mariages célébrés selon le rite musulman, juif, chrétien et zoroastrien. Les bahá’ís se voient donc dénier le droit d’être civilement
et légalement mariés.
La loi les condamne au concubinage, fait de leurs enfants des enfants
illégitimes, avec toutes les mesures vexatoires que cela comporte(interdiction par exemple pour les époux de partager une chambre d’hôtel).
1930-1932 : En 1930, les appelés du contingent, bacheliers parvenus au rang de sous-officiers, et qui déclarent être bahá’ís sont dégradés. De nombreux officiers sont chassés de l’armée. Le ministre de l’Education nationale, Ali Asghar Hekmat, interdit l’impression de la littérature bahá’íe et, sous son influence, paraît un décret qui permet d’emprisonner les bahá’ís qui ont déclaré s’être mariés selon le rite de leur religion. A la même époque, le premier cimetière bahá’í de Téhéran est fermé et exproprié.
1934 : Fermeture des écoles bahá’íes dont les deux grandes, l’école de Tarbiyat pour garçons de Téhéran qui compte 1 200 élèves et l’école de jeunes filles qui compte 900 élèves.
1939-1940 : Campagne de presse contre les bahá’ís. Un grand nombre de bahá’ís sont renvoyés de l’armée, certains officiers sont obligés de rembourser au gouvernement leurs frais de formation.
1941 : Mohammed Reza Chah arrive au pouvoir. La législation forgée par son père est maintenue et va être appliquée d’une manière encore plus systématique grâce à la centralisation croissante de l’administration. Les neuf membres de l’Assemblée spirituelle locale de Yazd sont emprisonnés. Des instructions sont données pour réactiver la loi sur le mariage. De nombreux bahá’ís sont poursuivis et emprisonnés pour s’être mariés selon le rite de leur religion.
1943 : Plusieurs centres bahá’ís sont confisqués. Certains sont rasés.
1946 : Des bahá’ís sont emprisonnés à Kashan et à Sharhud pour des motifs fallacieux. Plusieurs bahá’ís sont assassinés dans le pays et les auteurs ne sont jamais poursuivis. Des consignes sont données pour que les enfants bahá’ís ne puissent pas s’inscrire dans certains établissements scolaires.
1951 : Violente campagne nationale accusant les bahá’ís de collusion avec les communistes. Des rumeurs de massacre courent.
1955 : En 1955, commence une grande campagne contre les bahá’ís. Pendant le mois de Ramadan, Shaykh Muhammad Taqi, connu sous le nom de Falsalfi, commença à prêcher tous les jours dans les mosquées. Il dénonce « les fausses religions » dans ses sermons et désigne les bahá’ís à la vindicte populaire. Le gouvernement lui apporte son soutien ; la radio nationale et celle de l’armée de l’air diffusent ses sermons jusque dans les campagnes les plus reculées. Le 21 avril, l’armée encercle le centre bahá’í de Téhéran où se trouvent réunis des délégués venus de toutes les provinces pour procéder à leur convention annuelle.
Le 7 mai, l’armée occupe les bâtiments. Le ministre de l’intérieur prononce un discours au parlement annonçant que le gouvernement a donné des ordres pour l’éradication complète de la « secte bahá’íe ».
Rapidement, des troubles sanglants éclatent : assassinats, rapts et pillages se succèdent. Des femmes sont déshonorées, des jeunes filles sont enlevées et mariées de force à des musulmans ; les enfants sont chassés des écoles ; la maison du Báb à Chiraz, lieu de pèlerinage pour les bahá’ís du monde entier, est profanée et endommagée. On brise les tombes et on exhume les ossements des
cimetières. Les chefs de l’armée accompagnés des représentants du clergé viennent en grande pompe donner les premiers coups de pioche de la démolition du centre national bahá’í de Téhéran.
Les bahá’ís du monde entreprennent alors une campagne. Toutes les assemblées bahá’íes du monde sont invitées à envoyer des télégrammes directement adressés au Chah, au premier ministre et au
parlement.
Devant le danger du massacre, le secrétaire général des Nations-Unies, Monsieur Dag Hammarskjöld, envoie son représentant, le Docteur Geodhart, s’entretenir avec le chef de la délégation iranienne aux
Nations-Unies, Monnsieur Nasrullah Entezam.
Grâce à la réaction internationale, la campagne prend fin et la plupart des propriétés confisquées sont rendues. Mais les persécutions continuent. Les réunions sont interdites ou interrompues par l’armée. Les domiciles sont perquisitionnés, des pressions sont exercées sur ceux qui emploient des bahá’ís dans leurs commerces et leurs industries pour qu’ils les renvoient.
1956 : Malgré les assurances données par le gouvernement, les bahá’ís continuent d’être l’objet de toutes sortes d’exactions. En juillet 1956, les bahá’ís font de nouveau appel aux Nations-Unies dans la crainte d’une nouvelle explosion. Le Docteur José Vincent Trujillo, délégué de l’Equateur et Président du Conseil Economique et Social, porte le cas des bahá’ís devant la sous-commission pour la prévention de la discrimination et la protection des minorités, laquelle parviendra à mettre un terme aux violations les plus criantes de la charte des Droits de l’Homme, dont l’Iran est l’un des signataires.
1957-1962 : Les réunions bahá’íes sont déclarées anticonstitutionnelles par le gouvernement. Durant toutes ces années, les bahá’ís sont contraints à une semi-clandestinité. Officiellement, l’administration, l’armée et l’enseignement restent interdits aux bahá’ís, bien que quelques exceptions soient faites pour des individus dont les talents et les connaissances scientifiques sont jugés indispensables. Les réunions restent officiellement interdites, mais l’application de la loi est laissée à la discrétion des chefs de police si bien que la situation varie d’une province à l’autre. Les mesures administratives sont renforcées. Tous les événements historiques impliquant les bahá’ís sont effacés
des livres d’histoire. Le gouvernement pratique l’épuration culturelle, comme si les bahá’ís n’existaient pas.
1963 : Lors des événements antigouvernementaux, qui faisaient suite à la publication des décrets de la révolution blanche en divers points du territoire, les bahá’ís sont attaqués, leurs biens pillés et leurs maisons incendiées. Les scènes se déroulent avec l’encouragement évident des autorités dans le but de détourner la colère populaire.
1965 : Monsieur Roveida devient premier ministre. Accusé d’être bahá’ís par certains éléments de l’opposition (son père était bahá’í mais avait été expulsé de la communauté pour activités politiques), il mettra beaucoup de zèle à prouver le contraire en persécutant sans relâche les bahá’ís qui sont traqués dans l’administration.
1972 : Le gouvernement décide d’étrangler financièrement les iraniens bahá’ís. Il est décidé à prélever une taxe spéciale sur les biens de la communauté bahá’íe.
Ces biens étaient constitués par les lieux saints, les sites historiques de la Foi bahá’íe et autres biens sociaux ne rapportant aucun revenu, tels que les centres administratifs, les centres de réunions, les hôpitaux, cliniques, orphelinats, maisons de retraite, cimetières. Ce patrimoine avait été constitué au fil des ans par des donations et des legs pieux (bien waqf) ; n’étant pas reconnue, la Foi bahá’íe n’avait donc pas de personnalité juridique pour posséder des biens.
Au temps du Gardien de la Foi, Shoghi Effendi, une partie de ces biens avait été enregistrée à son nom et avait été transférée, à sa mort, à une société anonyme spécialement formée et dont les administrateurs étaient nommés par l’Assemblée Spirituelle Nationale des bahá’ís d’Iran. Le transfert fut effectué selon la loi iranienne et la loi islamique.
En 1972, un premier impôt de 28 millions de toumans fut perçu (2 millions d’euros environ) et il fut décidé de rouvrir le dossier. La Commission d’arbitrage dont le jugement était sans appel et qui avait
l’autorité de la chose jugée débouta le gouvernement.
Celui-ci déposa alors devant le parlement une loi à effet rétroactif, permettant de casser le jugement de cette commission en matière d’impôt. Le représentant du gouvernement déclara que cette loi ne s’appliquerait qu’aux bahá’ís.
Une commission gouvernementale se réunit et décida un impôt supplémentaire sur les biens de la communauté bahá’íe de 50 millions de toumans, portés quelques jours plus tard à 80 millions de toumans (plus de 7,5 millions d’euros actuels environ). Somme sans rapport avec la valeur réelle des biens en question ni avec les possibilités financières des bahá’ís. Seule une partie de cette somme pourra être réunie grâce aux cotisations personnelles et volontaires des croyants dont la grande majorité est d’origine rurale et de condition modeste. Pour le reste, un échéancier fut fixé prévoyant un taux d’intérêt proche de celui du marché noir pour les sommes restantes.
1975 : Refus collectif des bahá’ís d’adhérer au parti unique Rastâkhiz, en raison de leurs convictions religieuses et de leur non-participation à la politique.
1978 : En septembre 1978, la Savak organise une émeute anti-bahá’íe à Shiraz dont le but est de discréditer l’opposition religieuse ; plus de trois cents foyers sont incendiés.
Les persécutions sous l’empire de la République Islamique
Les dossiers :
•Etudiants bahá’ís
concernant la discrimination dont sont victimes les étudiants bahá’ís iraniens : http://www.bahai.fr/iranetudes
•Bahá’ís fichés
concernant la liste des croyants bahá’ís que le Gouvernement iranien est en train d’établir : http://www.bahai.fr/iranfichier
•Epuration culturelle
concernant l’épuration culturelle menée par le Gouvernement iranien : http://www.bahai.fr/iranculture
Les réactions officielles (lien)
Les réactions dans les médias (lien)